Un couple. Lui (Gabor/Fabrice Murgia), met au point une pilule révolutionnaire qui va permettre de rester éveillé 24h/24 avec la même énergie. Elle (Lou/Nancy Nkusi), madonne apaisante, sussure son désarroi dans une mélodie jazzy envoûtante, les yeux mi-clos, les lèvres au plus près du micro.
Chacun dans leur bulle, ils ne communiquent pas. Le malaise transparait... lui est toujours en mouvement, dans une euphorie nerveuse, à promouvoir son projet d’une humanité en éveil constant, elle, incarnation du rêve et de la créativité, finira par disparaître de son lit d’hôpital.
Un décor sidéral pour lui avec un sol jonché d’une substance ouateuse et grisâtre, une box aux couleurs aussi chaudes que sa voix pour elle, des univers néanmoins clos, frigides, autistes.
En toile de fond, un gigantesque écran, lieu de débat public où les voix se mêlent et s’enchaînent sans apporter de réelle réponse. Peut-on valider une telle invention sans altérer l’équilibre de l’homme, une humanité H24 est-elle simplement envisageable ? Gabor finira par être lui-même englouti dans l’enquête ouverte après la disparition de sa femme.
Laurent Gaudé, auteur du spectacle, a été inspiré par "24/7" une réflexion de Jonathan Crary, un auteur esthète qui constate une diminution significative de la moyenne du temps de sommeil au cours du XXIème siècle. Pour lui, la valorisation de l’individu en perpétuel mouvement et en permanence connecté aux réseaux numériques ne peut conduire qu’à une société malade et à un perpétuel cauchemar.
Une problématique qui ne pouvait que rencontrer l’intérêt de Fabrice Murgia, metteur en scène dont l’axe de travail traverse les questions les plus futuristes sur le devenir de l’humanité.
Un spectacle à voir pour les interrogations qu’il soulève quant à l’intégration des avancées technologiques dans le corps humain.
Palmina Di Meo