SERPENTS A SORNETTES

Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 10 janvier au 2 février 2013
Horaires
Tableau des horaires

Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

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SERPENTS A SORNETTES

Marché de la foi ou foi du marché.

Le Tailleur, L’intendant de Dieu, La gamine du tailleur, Mamie Huguette, la mère du tailleur : à la lecture de la liste des personnages de la pièce, nous voilà prévenus, on risque bien de voir Jean-Marie Piemme, au travers de cet improbable quartette, tailler un costard à nos petits arrangements avec l’ici-bas et l’au-delà. Entreprise en déroute, facture impayée, avantage en nature, la pièce conduira nos héros d’une sacristie poussiéreuse à Jérusalem, mais aussi, dans un engrenage aussi inexorable qu’imprévu, Gamine (qui ne jure que par Kurt Cobain) aux mirages de la foi, Mamie Huguette (qui déplore la religion spectacle) à la demande de canonisation, le tailleur (qui a baptisé son dernier fils Noël) aux simonies en tout genre et l’intendant de Dieu (qui voudrait promouvoir l’hostie bio) à la colère céleste. Dans une langue tonique et joyeuse, Serpents à sornettes est le troisième opus de la vis comica de Jean-Marie Piemme que j’aurai le plaisir de porter à la scène, après Toréadors et Dialogue d’un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis : même goût du paradoxe, même férocité opportune, même joie d’un théâtre pugnace, même irrévérence, même espièglerie salvatrice devant « la part de bêtise que les actes d’allégeance exigent de nous, » ainsi que l’écrit l’auteur. Le Pape s’oppose à l’éclipse de Dieu, ai-je pu lire récemment dans un journal ; Jean-Marie Piemme s’oppose, lui, à l’éclipse de notre libre arbitre et aux couleuvres qu’on ne cesse de vouloir nous faire avaler sur le marché de la foi et dans la foi du marché.
Philippe Sireuil.

De Jean-Marie Piemme
LA SERVANTE

Distribution : Edwige Baily, Yoann Blanc, Anne Sylvain, Alexandre Trocki
Costumes : Catherine Somers
Décor et mise en scène : Philippe Sireuil
Production : Théâtre de Namur, Compagnie des Petites Heures, La Servante
(en coproduction avec le Théâtre de la place des Martyrs)

Du 10.01 au 02.02.2013
les mardis à 19h, du mercredi au samedi à 20h15, les dimanches 20 et 27.01 à 16h
Infos & réservation : 02 223 32 08 – loc@theatredesmartyrs.be

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10 Messages

  • SERPENTS A SORNETTES

    Le 21 janvier 2013 à 11:03 par loulou

    J’avoue que je ne suis pas une grande fan des oeuvres de J.M Piemme mais ici j’ai été agréablement surprise.
    Le texte est drôle (un humour bon enfant),truffé de citations bibliques décalées.
    L’interprétation impeccable de A.Trocki nous fait oublier les petites imperfections (par exemple une fin un peu longuette ).
    Dans l’ensemble une soirée agréable.

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  • SERPENTS A SORNETTES

    Le 26 janvier 2013 à 02:36 par chrisdut

    Première pour moi concernant un texte de Jean-Marie Piemme. J’ai globalement bien aimé cette pièce irrévérencieuse à souhaits. Comme on aime ça, normal qu’on y ai pris notre pied. Nous avons particulièrement apprécié l’interprétation de Alexandre Trocki en intendant de Dieu. Le personnage de Mamie Huguette ne m’a pas enthousiasmé et je trouve même qu’on pourrait s’en passer dans une version plus courte car moins frappant que les 3 autres personnages. (quitte à en insérer un autre plus piquant. une version 2.0 peut-être ?). Mais au final, une très bonne soirée à conseiller aux fans du genre. Cathos coincés, s’abstenir !

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  • SERPENTS A SORNETTES

    Le 1er février 2013 à 12:22 par olivco

    Dans le genre critique "convenue" et pas trop dérangeante, c’était très réussi j’ai trouvé... Le jeu et la mise en scène très bons, je regrette simplement cette complaisance dans la critique entendue. Je n’ai pas pu retrouver dans ce spectacle la touche personnelle de Philippe Sireuil, cette couleur bien à lui.

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  • SERPENTS A SORNETTES

    Le 2 février 2013 à 08:01 par LUspirou

    Dans ce spectacle , on pointe la nature humaine et ses travers . Tout cela sous le couvert de " l’entreprise divine " qui est en faillite virtuelle . Ces quatre personnages sont un condensé de petits profits au quotidien . C’est drôle ,espiègle ... Un spectacle A VOIR ! 

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  • SERPENTS A SORNETTES

    Le 2 février 2013 à 12:20 par CORNELIS

    Ne connaissant pas J-M Piemme ce fut pour moi un première et je dois dire que j’ai été agréablement surprise. Certaines répliques ne sont pas piquées des vers et m’ont bien fait rire. Bravo aux comédiens ! A voir absolument !

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  • SERPENTS A SORNETTES

    Le 3 février 2013 à 02:30 par Asaya

    Une pièce piquante et irrévérencieuse à souhait. J’avoue
    cependant avoir eu quelques difficultés à m’imprégner de l’atmosphère de la
    pièce à partir de l’entrée en scène de Juliette dont le jeu me semblait trop en
    décalage par rapport aux personnages du Tailleur et de l’Intendant de Dieu.
    Passé ce moment de perplexité, j’ai globalement apprécié la pièce aussi bien du
    point de vue de son contenu que de sa
    mise en scène. Jean-Marie Piemme revisite à sa manière les poncifs de la religion
    catholique et on s’en délecte. Le personnage de Mamie Huguette m’a par ailleurs
    tendrement rappelée Zidani.

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  • SERPENTS A SORNETTES

    Le 27 février 2013 à 01:45 par Tylman

    Une satire irrévérencieuse mais pas trop, qui réjouit par ses bons mots et ses situations cocasses. Le texte de Jean-Maries Piemme n’est pas exempt de facilités mais l’humour est souvent au rendez-vous. A.Trocki est excellent dans ce quatuor de personnages frôlant constamment le grotesque (dont on pourra néanmoins apporter un bémol au personnage de Juliette, pas toujours très intéressant). La mise en scène, minimaliste se suffit à elle même afin que l’attention se concentre sur le jeu et le texte.

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Mardi 22 janvier 2013, par Jean Campion

Marchands du temple

Des catholiques intégristes perturbent les représentations d’une pièce de Roméo Castellucci, qu’ils jugent blasphématoire. Un film grotesque sur l’islam suscite des manifestations stupidement vengeresses. Selon un député américain, une femme violée ne peut pas tomber enceinte, car son corps le refuserait... En se mêlant, religion et politique dérapent et justifient le rire irrévérencieux de Jean-Marie Piemme. Comme le bouffon du roi, il nous propose une farce salutaire, qui ne s’attaque pas à la foi mais à sa marchandisation.

Dieu a commandé un costume trois pièces. Quand le tailleur vient présenter la facture, le majordome de Dieu l’accueille avec une froideur hautaine : "Malheur à qui impose son arrogance à l’intendant de Dieu, jamais il ne franchira les portes du paradis." Et puis la glace fond doucement. Le tailleur appâte l’intendant en lui offrant de succulentes côtelettes, une Vierge scintillante (qui clignote !) et fait miroiter des affaires juteuses : un de ses fils travaille dans la restauration, un autre dans la construction... Entre gens de bonne compagnie, on peut toujours s’arranger.

Question magouilles, sa fille n’a rien à lui envier. En manipulant habilement l’intendant elle obtient la mobylette, que son père lui refusait et un job d’assistante. Rêvant de devenir la nouvelle sainte Huguette, la mère du tailleur fait aussi pression sur le majordome, qui lui promet d’être canonisée de son vivant. Mis en confiance, celui-ci se lamente sur la situation de la firme céleste. Il est passé le temps où l’on transformait les petits Noirs en êtres humains par le baptême et où les problèmes de pédophiles se réglaient en interne. Les églises se vident, les fidèles deviennent radins. On délocalise la fabrication des hosties en Chine ! Une occasion de rebondir : le congrès des religions monothéistes. Relooké, Dieu y participe, entraînant le quatuor à Jérusalem.

L’écriture de Jean-Marie Piemme brille par son élégance et son humour caustique. On savoure le parfum biblique de citations revisitées et la verve insolente de certaines répliques nous fait éclater de rire. Interpellé à propos d’un négationniste, trouvé dans un paquet d’intégristes, le Saint-Père s’exclame : " Evidemment qu’il y a un facho chez les intégristes, il n’y a même que ça, mais qu’est-ce que ça peut me foutre, moi, tant qu’ils ne sont pas pédés !" En mêlant Dieu à l’intrigue, l’auteur échappe au réalisme. Décalage renforcé par les costumes, les maquillages et les prothèses qui déforment les acteurs. Comme le clown blanc et l’Auguste, l’intendant et le tailleur interpellent directement le public. Leurs échanges tournent en dérision une Eglise qui se bat pour conserver ses parts de marché et redorer son image. Comme une multinationale en péril.

Dirigés avec précision par Philippe Sireuil, les comédiens rendent cette farce pugnace et tonique. C’est avec une grande maîtrise qu’ Alexandre Trocki révèle que, sous le masque sévère du majordome soumis, se cache un homme sournois et revanchard. Yoann Blanc souligne l’opportunisme du tailleur, tout fier d’importer de Chine des tee-shirts "Je kiffe Jésus". Interprétés avec conviction par Edwige Baily et Anne Sylvain, les rôles de la gamine infernale et de Mamie Huguette apparaissent comme de simples satellites du duo majeur. "Serpents à sornettes" est une pièce moins réussie que "Dialogue d’un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis". Elle manque de rebondissements et ne glisse pas dans la satire, de la fragilité humaine. Cependant ces faiblesses ne l’empêchent pas de faire mouche. Comme l’observe son complice Philippe Sireuil, l’écriture de Piemme "témoigne du monde, pourtant pas réjouissant, sans morosité mélancolique."

Théâtre des Martyrs