Lundi 3 février 2020, par Laure Primerano

Rendez-vous au sommet

La Montagne, la compagnie Les Vrais Majors part à l’assaut de nouveaux sommets. Chaussez vos crampons, sécurisez vos mousquetons et préparez-vous pour l’ascension !

Pour entamer 2020 en beauté, Les Vrais Majors (re) viennent présenter sur les planches : « Der menschenfresser Berg – Oder die Besteigung, die Bjørg Schaffers Leben kostete » aussi connue sous le nom de « La Montagne ». Pour ce nouveau spectacle, Christophe Andral a choisi de mettre à jour les pépites théâtrales que recèle la création d’une pièce, avec ses centaines d’heures de répétition, de réflexion et ses déceptions. Invités à présenter une étape de travail après plusieurs semaines de résidence, acteurs et metteur en scène divisent les 70 minutes du spectacle entre explication du processus créatif et extraits joués. Remplie cliff-hangers, au propre comme au figuré, la Montagne emmène alors son spectateur dans un voyage au plus profond du théâtre.

Avec un humour désopilant qui frôle l’absurde, La Montagne explore les dessous de la création artistique. Sous le regard tantôt enflammé tantôt atterré du metteur en scène s’étalent sans fausse pudeur les ambitions revues à la baisse, les tensions entre comédiens, le manque de moyens et de subventions. À travers la difficulté du metteur en scène à communiquer sa vision artistique plus grande que nature à ses comédiens comme à son public, le spectacle fait sourire et souligne la fragilité inhérente à toute création théâtrale.

Intelligemment construit, La Montagne joue sur le pacte de crédulité que signe officieusement tout spectateur lorsqu’il franchit les portes d’une salle de théâtre. Mené par le bout du nez par un spectacle passé maître de la mise en abime, le spectateur se laisse volontairement tromper par cette fausse présentation d’étape de travail. C’est avec un plaisir non feint que nous assistons alors aux prises de bec entre comédiens et autres accidents que nous savons pertinemment être mis en scène. Dans les passages de fiction également, La Montagne a vite fait de nous faire oublier les décors de fortune et le jeu sur-expressif inspiré du cinéma allemand des années 30 et on se surprend à vouloir connaître la suite.

Au-delà de l’impressionnant exercice d’introspection qu’il réalise avec brio, La Montagne est un spectacle qui joue avec les codes du théâtre durant 70 minutes qui font autant rire que travailler l’imagination.