RIEN NE SERT DE COURIR...

Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 6 novembre au 7 décembre 2013
Horaires
Tableau des horaires

Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

Moyenne des spectateurs

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RIEN NE SERT DE COURIR...

Jean de la Fontaine est un auteur sans âge, certainement un des plus populaires de la littérature française. Une soirée en sa compagnie est la promesse d’un spectacle gai et intelligent, tant ses fables nous incitent à réfléchir. Une soirée de pur délice !
On connaît Le Corbeau et le Renard, La Cigale et la Fourmi, Le Loup et l’agneau, Le Chêne et le Roseau... On croit connaître Les Animaux malades de la peste, Les Deux pigeons, Le Pot de terre et le pot de fer, Le Lion amoureux.... On ne connaît pas Le Paon se plaignant à Junon, le Singe et Le Dauphin, L’Aigle, la Laie et la Chatte, La Perdrix et les Coqs... Les fables de Jean de La Fontaine sont, depuis trois cents ans, un motif récurrent d’inspiration. Elles revêtent les aspects divers que leur prête chaque sensibilité et traversent avec élégance les époques et les lieux. L’œuvre paraît toujours nouvelle, toujours vivante.
Aujourd’hui, cinq comédiens de Théâtre en Liberté ont envie de mettre leur sensibilité, leur cocasserie et leur imaginaire au service d’un tricotage frais, incongru et varié de fables. "Rien ne sert de courir" entrainera le spectateur dans un labyrinthe de fables connues, moins connues et pas connues du tout sur fond de poésie, d’illusions et d’humour. Un spectacle réjouissant que nous vous offrons comme on offre un bouquet fraîchement coupé ! Avec Jaoued Deggouj, Dolorès Delahaut, Bernard Gahide, Bernard Marbaix, et Hélène Theunissen. Mise en scène : Bernard Gahide et Hélène Theunissen

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4 Messages

  • RIEN NE SERT DE COURIR...

    Le 12 novembre 2013 à 04:13 par deashelle

    Les fables s’enchaînent souplement comme par magie, les voix virevoltent et se répondent, les timbres imitent la nature entière, l’humour brille, les gestes et le corps soutiennent le propos de manière presque enfantine, libre et osée et tout se transforme, comme une libre pensée et une pittoresque imagination. Mais rien de puéril. Le jeu du corps est une dimension indispensable à l’art de la narration. Malgré leurs habits de cérémonie, la liberté de jeu est totale. La diction est parfaite. Tous ont le sens aigu de la chose contée et passionnent par une foule de détails que l’on ne vous contera point, ce serait les desservir ! Sachez cependant que vous n’aurez jamais eu devant les yeux une présentation de Jean de la Fontaine aussi perlée et aussi joyeusement dynamique et passionnante. L’énergie des textes porte l’énergie des gestes et vice-versa. Tout semble se faire dans une justesse totalement maitrisée tout en restant vivant et spontané. La magie de la parole et la grande humanité de la pensée font le reste. Rien ne lasse. On se berce, on se rêve, on se récrée, on se recrée. On médite sur le genre humain : « Tout bien considéré, je te soutiens en somme, Que scélérat pour scélérat, Il vaut mieux être un Loup qu’un Homme : Je ne veux point changer d’état. »

    Au lieu de la quarantaine de fables choisies on en voudrait 1001, et cela pourrait continuer jusqu’à l’aube si on était en Orient.

    « Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant, Il le faut amuser encor comme un enfant. »

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  • RIEN NE SERT DE COURIR...

    Le 24 novembre 2013 à 01:10 par chrisdut

    Encore une très belle réussite du théâtre en liberté. Le spectacle proposé est d’une originalité et d’une inventivité qui en surprendra plus d’un positivement. J’avoue que parfois, la signification de certains mots de la langue française plus utilisés depuis des années m’ont perturbé quelques peu mais c’est cette richesse de la langue qui rend aussi ce spectacle magnifique. Parfois, je n’ai pas bien perçu le passage d’une fable à l’autre mais globalement, c’est un travail remarquable que le théâtre des martyrs nous propose avec cette pièce. Les morales de toutes ces fables sont indémodables et toujours bien d’actualité. Elles ont le mérite de nous rappeler le bon sens et aussi d’aller relire ce génie qu’est Jean de la Fontaine. Qu’il est loin le temps de nos bancs de l’école primaire. Une relecture plus adulte me semble maintenant plus que nécessaire. Merci aux acteurs pour ce délicieux moment.

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Samedi 16 novembre 2013, par Jean Campion

Plaisirs de la fable

Dans son "Histoire de la littérature française", Paul Guth fustige certains critiques qui, horripilés par le succès persistant de La Fontaine, voient en lui "un monsieur de La Palice bêtifiant, dont les fables ennuient les enfants, sans intéresser les parents." On ne peut que partager son indignation. Si les récitations scolaires ont souvent transformé les fables en pensums, beaucoup d’adaptations scéniques ont mis en valeur la liberté d’expression d’un maître du style. C’est le cas de "Rien ne sert de courir". Un spectacle vif, pétillant, qui nous charme par son élégance.

Accueillis par quatre acteurs ... affables, les spectateurs s’installent de part et d’autre d’un promenoir herbeux, qui conduit au portrait de La Fontaine. Comme dans un salon, ils communieront à ce spectacle convivial. Le démarrage est un peu froid. Mais très vite le dynamisme des comédiens lui insuffle un rythme soutenu. Les fables s’enchaînent souplement, le décor s’anime et La Fontaine devient le complice de ses interprètes.

Les animaux qu’il met en scène dénoncent les travers et les vices humains. C’est pourquoi, portant des costumes élégants, les comédiens misent sur la sobriété pour les évoquer. Pas de masques ni d’oripeaux mais une gestuelle et des mimiques bien maîtrisées. Tour à tour narrateur et personnages, ils se passent le relais pour rendre cette "comédie à cent actes divers" alerte et mordante. Ils exploitent avec efficacité la structure dramatique fortement marquée de bon nombre de textes. Témoin le relief que prend le procès monstrueux des "Animaux malades de la peste". Ces séquences collectives font un peu d’ombre à certaines fables dites en solo. Des changements de rythme, des silences leur donneraient plus d’impact.

Le "Théâtre en liberté" a eu la bonne idée de mêler, dans un joyeux désordre, "tubes" et fables méconnues. Un patchwork qui souligne la diversité des styles de La Fontaine. Pour cet écrivain classique, "qui veut plaire, tout en instruisant", la fable n’est pas la sèche démonstration d’une morale, mais un récit à l’intrigue rapide et vive, peuplé de personnages hardiment croqués. Souvent on flaire d’emblée le drame : Légère et court vêtue, Perrette PRETENDAIT arriver sans encombre à la ville...

Il serait injuste de s’appuyer sur la banalité de conseils comme : "Garde-toi, tant que tu vivras, de juger les gens sur leur mine." (Le cochet, le chat et le souriceau) pour accuser La Fontaine de prôner une morale de la médiocrité, à la portée de l’homme moyen. En nous entraînant dans cette farandole poétique, "Rien ne sert de courir" nous fait écouter l’ironie cruelle d’un moraliste, observateur des moeurs de son époque. Et son bestiaire est plus subtil qu’il n’y paraît. C’est au nom de la raison du plus fort que le loup dévore l’agneau. Transformé en loup, un compagnon d’Ulysse tient à le rester : "Scélérat pour scélérat, il vaut mieux être un loup qu’un homme." Le loup qui "n’avait que les os et la peau" rejette violemment la vie confortable du chien domestiqué. Au nom de sa liberté. Manifestement l’auteur admire la dignité de sa réaction. S’il se moque des rêves de Perrette, il avoue que lui aussi bâtit des châteaux en Espagne. Sans illusions sur la nature humaine, il se sert d’une langue souple et légère pour nous inciter à la lucidité et à la mesure. La Fontaine n’est pas un donneur de leçons. C’est un "honnête homme" que les comédiens ont bien raison d’applaudir.

Théâtre des Martyrs