Quand tu es revenu

Bruxelles | Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 9 au 27 juin 2021
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

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Quand tu es revenu

Quel héritage nous laisse L’Odyssée d’Homère ? L’épouse est-elle née pour supporter, telle Pénélope, l’attente du retour hypothétique de son Ulysse de mari ? L’homme ne peut-il se réaliser qu’en parcourant le monde à la recherche d’on ne sait quelle conquête, assuré de retrouver sa femme protégeant le foyer ? À lui l’attention, le verbe, les histoires de gloire ou de défaite ; à elle, le silence, l’écoute et le poids du quotidien ?
Dans une variation ludique pour deux acteurs, Geneviève Damas questionne, entre réel et fiction, mythologie et récit familial, la façon d’être au monde à deux, plaidant pour une autre union, consciente de sa fragilité mais aussi de cet éperdu besoin de vivre libre des vies simultanées : amoureuse, familiale, professionnelle.
Un dialogue jubilatoire et explosif sur le couple, ses étranges variations et ajustements.

Distribution

TEXTE Geneviève Damas | JEU Geneviève Damas, Jan Hammenecker | ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Sandrine Bonjean | SCÉNOGRAPHIE Christine Grégoire | ASSISTANAT À LA SCÉNOGRAPHIE Laura Ughetto | COSTUMES Claire Farah | LUMIÈRES Amélie Géhin | CRÉATION SONORE Guillaume Istace | RÉGIE GÉNÉRALE Matthieu Kaempfer | PRODUCTION Inès Adjibi | CO-MISE EN SCÈNE Geneviève Damas, Guillemette Laurent

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Vendredi 18 juin 2021, par Palmina Di Meo

Quand tu es revenu... Je ne t’ai pas reconnu

Peut-on revenir comme si de rien n’était quand on s’est absenté pendant 20 ans sous prétexte de sauver le monde en ayant laissé derrière soi femme éplorée et enfants à élever ?
Comme dans le mythe d’Ulysse, Duckling ne reconnait pas Flug lorsqu’il vient revendiquer sa place auprès d’elle dans le tandem que Geneviève Damas imagine pour cette réflexion sur le couple moderne.

Longtemps, les hommes ont quitté le foyer abandonnant l’éducation des enfants aux femmes pour assouvir des rêves de gloire, pour défendre la patrie, plus récemment pour trouver du travail... ou simplement par besoin d’évasion et de liberté.
En partant du mythe, Geneviève Damas, décortique l’image formatrice de la famille traditionnelle, où le héros est toujours décliné au masculin. Elle entend bien examiner à la loupe cette soi-disant liberté dans le couple.

Partant de l’Odyssée ainsi qu’elle l’avait décidé, elle se rend rapidement compte lors d’une résidence aux Tanneurs qu’en se focalisant sur un seul couple, le dialogue ne pouvait rendre la complexité des faits. Elle prend alors le parti de travailler par matériau, multipliant les points de vue, les imbriquant en une mosaïque, où les motivations des uns répondent aux frustrations des autres. Et elle réussit l’exploit de nous présenter un spectacle où la légèreté du ton n’enlève rien à la gravité du sujet.

Avec la complicité de Jan Hammenecker (Magritte du meilleur acteur dans « Tango Libre » de Frédéric Fonteyne), Geneviève Damas nous emmène dans des intimités multiples avec humour, intelligence et sensibilité.
Elle ne se prive pas de « casser » les codes dramaturgiques et interpelle directement le public dans les moments « où ça coince » (Et si c’est la femme qui abandonne tout par ambition ? A-t ’elle le droit de coucher et de dire que cela ne compte pas ?) et le spectacle vire en impro diablement maitrisée pour trouver un nouveau point d’amorce.

Et puis il y a les souvenirs personnels, celui de ce grand-père, scientifique à la fibre aventurière, qui a découvert une couche fossilifère au Congo, le plus ancien reste homo habilis à Ishango, organisé une conférence des Nations Unies en soutien à Moïse Tshombe. Ayant grandi avec cet exemple fort, était-il naturel de vouloir elle-même, Geneviève, soulever des montagnes, être à la hauteur des attentes, faire des études sérieuses, conquérir la scène, laisser des traces... Et en quoi cela rend-il vraiment heureux ? C’est un dialogue de soi à soi qui émerge en surimpression de ce débat sur fond de décor en aménagement d’intérieur.

Et une fois de plus, l’écriture allègre de Geneviève Damas nous réserve une soirée récréative et tout autant interpellante, rehaussée par un exceptionnel jeu d’acteurs.

Palmina Di Meo

Théâtre des Martyrs