Pueblo

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 18 au 22 janvier 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

Moyenne des spectateurs

star-offstar-offstar-offstar-offstar-off

Nombre de votes: 0

Pueblo

Comment récolte-t-on et raconte-t-on les histoires ? Comment dépeint-on l’essence d’un personnage ? Après Discours à la nation et Laïka, Ascanio Celestini et David Murgia poursuivent leur collaboration pour creuser le sillon d’un nouveau récit théâtral autour de cette grande tribu des invisibles. Fidèle au goût de l’auteur romain pour la narration et l’oralité, Pueblo conte les légendes urbaines de ses personnages flamboyants, parfois récurrents d’un spectacle à l’autre. 

Une clocharde, un gitan, une tenancière de bar, un manutentionnaire, une caissière de supermarché… Autant de personnages que l’on croise sans leur prêter attention, dans une sorte de dimension parallèle de la vie et de l’Histoire. Autant de silhouettes truculentes, finement dessinées à travers les rouages implacables de leur vie quotidienne, le plus souvent misérable. Les destins brisés, les récits des plus délaissés de notre société dans leur dimension la plus politique, à la fois crue et poétique, humaine et magique. 

Laissez nous un avis !

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
    Se connecter
Votre message

Lundi 24 janvier 2022, par Palmina Di Meo

Ascanio Celestini & David Murgia, une fabuleuse symbiose

Pueblo, dans la lignée de Discours à la nation et Laïka, chante l’authenticité de ces vies oubliées, les perdants, ceux que l’on s’obstine à ne pas voir.

Cela donne des portraits attachants, nourris de rêves, de leurs légendes propres, reconnaissants à la vie de ses moindres cadeaux. Dans la bouche de David Murgia qui raconte encore et encore, ils font foule, se croisent, se répondent. On les découvre dans le quotidien avec leur dignité, leur code de l’honneur, les affabulations qui les nourrissent, leur candeur parfois ou leur résignation.

C’est enlevé, plein de grâce en dépit du contexte sordide. Ce sont les petites gens à qui on jette des miettes, des restes périmés de nourriture, un coin au bout d’un parking pour y planter une tente. Ils exercent des activités éphémères, ils vivent dans la rue. Il y a Léonore, la caissière, qui joue à la reine derrière son banc au supermarché et retrouve le soir le fantôme de son père sublimé, Saïd, le manutentionnaire sans-papiers, la tenancière de bar incollable sur les machines à sous, le gamin de huit ans - caché parmi les spectateurs - un petit gitan livré à lui-même depuis la mort de son père, Dominique la clocharde qui n’a pas son pareil pour concocter des festins avec des produits destinés au rebut et qui vit une histoire d’amour avec Saïd.
Tout un peuple silencieux, non revendicateur, qui vit à deux pas de nos maisons et appartements et que l’on peut voir de nos fenêtres pour autant que l’on aille à leur rencontre et que l’on délaisse la télé.

Plaidoyer politique, la trilogie de Celestini est une véritable prouesse théâtrale. David Murgia nous guide dans ce peuple aux ramifications infinies avec un bagou à vous filer le tournis. Empruntant le débit des bonimenteurs, il s’infiltre parmi ce peuple, les observe, se fond en eux, commente, digresse, camarade avec le public qui le suit dans ce souffle de 90 minutes presque sans respiration. Son rythme rejoint l’accompagnement sonore assuré par Philippe Orivel, lui-même sur scène avec son accordéon ou son clavier. Ensemble, ils nous transportent dans cette chevauchée fantastique au pays des écorchés, là où l’humour pallie la misère mais où la tragédie et la séparation ne sont jamais loin. Rapatriement ou noyade, l’actualité rattrape la fable.

Ascanio Celestini, rappelons-le, est le meilleur représentant de cette veine artistique appelée théâtre-récit, née à la fin des années 80 dans le prolongement de l’art de la narration de Dario Fo. On retrouve chez Celestini la même virtuosité à traiter des sujets graves sur le ton de la farce.
À voir sans modération.

Palmina Di Meo

Théâtre National Wallonie-Bruxelles