Playback

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 26 mars au 5 avril 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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Playback

« Passez notre amour à la machine. Faites le bouillir. Pour voir si les couleurs d’origine peuvent revenir » (A.Souchon). Pour sa première mise en scène, Delphine Bibet plonge dans le répertoire de la chanson française des années 60 à nos jours. A cette matière universelle et familière, elle associe des textes non moins universels des extraits des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes.

Au plateau, jouant sur la résonance entre les mots et la musique, Delphine Bibet, Thierry Hellin, Catherine Mestoussis et Alexandre Trocki proposent un playback comme un remède aux bleus à l’âme et au cœur. Car comme le dit si justement Barthes : « Le langage est une peau, je frotte mon langage contre l’autre. C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout des mots. Mon langage tremble de désir, j’enroule l’autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, je me dépense à faire durer ce moment pour qu’il ne s’arrête jamais ».

 

Programme de salle

 

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Mercredi 3 avril 2019, par Palmina Di Meo

AMOUR EN PLAYBACK

Une piste de danse, le personnel de service s’affaire, bruits amplifiés de torchons frottant sur les tables, on installe les chaises autour de la piste. Une réminiscence du « Bal » d’Ettore Scola ? Cliquetis cadencés de talons aiguille. Les premières silhouettes chaloupées apparaissent. Ambiance comic strip ! Surplombant la scène, le micro, dans un écrin de paillettes, magnétique, artifice des passions exaltées, appendice désuet de la mise en scène des sentiments.
Voix off : « Le langage est une peau, je frotte mon langage contre l’autre ». « Les fragments du discours amoureux » de Roland Barthes comme fil d’Ariane pour une plongée au cœur de la rencontre avec l’autre…

Tout a commencé à l’occasion du travail en playback d’une chanson d’Alain Barrière « Elle était si jolie », lors d’un atelier de Joël Pommerat où Delphine Bibet jouait à se glisser dans la peau d’un homme, et de la fascination éprouvée à s’approprier une voix étrangère.
Entourée de trois complices, Catherine Mestoussis, Alexandre Trocki et Thierry Hellin, elle décide d’aller plus loin et d’explorer les comportements codifiés des rencontres amoureuses, les jeux corporels de séduction dans une ronde humoristique empreinte de nostalgie. Ὰ quatre, ils réalisent le pari d’incarner une foule, avec une agilité abracadabrante à changer de personnage en se retournant simplement dans un sofa. Résultat d’un travail collectif d’explorations au plateau, « Playback d’histoires d’amour » décode les chansons françaises populaires des années 70, ces refrains qui font partie de l’imaginaire collectif, décors sonores d’idylles romantiques, d’amours de vacances et de ruptures douloureuses, « ces chansons si belles car elles sont si sincères ». Joe Dassin, Dalida, Françoise Hardy, Nino Ferrer, Adamo, Nicole Croisille, Mike Brant, Hervé Villard, Jane Manson, dans leurs succès les plus surannés, prêtent ici leur voix à des interprètes de fortune. Ces refrains emmiellés, ces mélodies douces amères filoutées par des corps ordinaires prennent de manière insolite une dimension de vérité quasi tragique.
« L’amour est l’espace où le vrai peut basculer dans le jeu semblant, se confondre à lui et constituer en dernière instance sa vérité ». Partant de cette réflexion de Barthes, Delphine Bibet s’intéresse au corps transformé par l’expérience de l’amour, par le voyage du temps qui passe. Ces corps dans leur face à l’autre, dans leur « show » au détour d’une rencontre improvisée, prennent des allures de personnages de BD dans une scénographie ciselée que Delphine Bibet a voulue proche du « Café Müller » de Pina Bausch. A la façon d’une chanson, le spectacle alterne refrains et couplets, réapparitions et de retournements de situation. Brides de conversations, chuchotements, stratégies d’approche, déclarations, les figures et les couples se croisent, se rencontrent, se frottent, se quittent sur les paroles souvent déchirantes et suggestives des chansons de variété.

Pour sa première mise en scène, Delphine Bibet réussit une fusion entre comédie, tragédie, réflexion, le tout dans un emballage « vintage » qui curieusement aussi bien par la forme que le fond restitue à ces succès démodés une légitimité toute actuelle.
Et le public de tout âge adore !

Palmina Di Meo

Théâtre National Wallonie-Bruxelles