Partage de Midi

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre de la Vie

Dates
Du 2 au 13 avril 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre de la Vie
Rue Traversière, 45 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatredelavie.be
reservations@theatredelavie.be
+32 2 219 60 06

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Partage de Midi

Quatre êtres saisis au parfait milieu de leur vie. Libres, déballés, décollés de la terre.
Ils sont en route vers l’étranger, n’ayant d’autre choix que de se lancer, terriblement, à la rencontre de l’Autre. L’autre avec qui on voudrait être, l’autre ami, l’autre amant, l’autre Dieu. Leurs destins se déploient sous le regard des astres, leurs échanges à vif venant ébranler nos mythologies enfouies.

Pour sa première mise en scène, Héloïse Jadoul s’empare du Partage de Midi, de Paul Claudel. Elle en explore la langue dans toute son intensité dramatique pour approfondir la question du don de soi, de la place accordée à l’amour et du sens donné à notre propre finitude. Une lecture de l’épreuve amoureuse par le prisme du sacré. Un message d’éveil au féminin de l’être. Une connexion entre un discours d’un autre temps et une sensibilité d’aujourd’hui.

Une coproduction du Théâtre de la Vie et du Théâtre Océan Nord. Avec le soutien du Théâtre La Balsamine, du Bamp et de la compagnie La Servante. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Service du Théâtre, de taxshelter.be, d’ING et du tax shelter du gouvernement fédéral belge.

Ouverture du lieu à 19h
Spectacle à 20h

Distribution

Texte : Paul Claudel / Avec Alessandro de Pascale, Adrien Desbons, Emile Falk-Blin et Sarah Grin / Mise en scène : Héloïse Jadoul / Dramaturgie : Anthony Scott / Création lumières : Iris Julienne / Création son : Marc Doutrepont / Scénographie et costumes : Bertrand Nodet.

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5 Messages

  • Partage de Midi

    Le 7 avril 2019 à 11:27 par Eria

    Je n’ai pas du tout accroché à cette pièce. Ni la mise en scène, ni le texte, ni le jeu des comédiens n’ont réussi à me sauver de l’ennui durant ces deux heures...

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  • Partage de Midi

    Le 11 avril 2019 à 10:32 par Pauline V

    En rejoignant la ’très juste & sensible’ critique de Laure Primerano,
    il est vrai que la passion tendait surtout à la Passion du Christ.
    La m.e.s. très investie, aux tendances parfois sur.minimalistes, et une lumière ’inconfortable’ pour les photosensibles, regorge de sublimes tableaux qu’on en perdait le fil des mots.maux trop textuels. Ces mots.maux surjoués en mode déclamatoire claquaient bien loin du tourbillon de cette passion qui aurait davantage relier les comédien.ne.s au public.
    ...
    Sûrement à revoir, pour en avoir une autre ’lecture’ et davantage apprécier le travail de fond des 4 comédien.ne.s.

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  • Partage de Midi

    Le 13 avril 2019 à 21:50 par LUspirou

    Très beau texte. Pièce en trois actes mise en scène sobre et parfaitement adaptée au texte parfois sous forme de tableau. 4 comédiens excellents. J’ai aimé ce tableau final qui rappelle celui que l’on aurait pu voir dans un musée.

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  • Partage de Midi

    Le 14 avril 2019 à 20:40 par JMPjmp

    La liberté des vers et la beauté du langage de Claudel sont ici éblouissantes. Ce spectacle est l’un de ceux que je n’oublierai pas de sitôt tant les décors, la mise en scène et le jeu des acteurs ont passionnément rendu hommage au texte et à son esprit.

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Lundi 8 avril 2019, par Laure Primerano

Les aléas de la passion

Pour sa première création en tant que metteuse en scène, Héloïse Jadoul choisit de travailler un texte qui l’obsède depuis de nombreuses années : Le Partage de Midi de Paul Claudel. Un projet ambitieux et complexe pour un thème qui l’est tout autant : la passion amoureuse.

Midi, sous le soleil tapant, un bateau emmène ses passagers vers une nouvelle vie. Droit devant, la Chine sonne comme autant de promesses de richesses. Arrachés, non sans regrets, à leurs vies, les personnages semblent enfin pouvoir s’ouvrir aux rencontres qui se profilent sur leur chemin. Le Partage de Midi est sans doute la pièce la plus connue de Paul Claudel. Largement autobiographie, elle s’ inspire de la rencontre de Claudel, en 1900 sur un bateau en direction de la Chine, avec Rosalie Scibor-Rylska, déjà mariée . La liaison durera 5 ans, donnera un enfant et ébranlera de manière définitive la vie de l’auteur. Si le texte le plus joué date de 1948, ayant été retravaillé par l’auteur lui-même pour la scène, c’est ici la version originale de 1906 que la jeune metteuse en scène Héloïse Jadoul choisit de monter sur les planches. Pour Claudel, la blessure est encore fraîche et le texte cru, passionné, résonne comme un cri de désespoir. C’est cette brutalité, ces mots écrits à vif, sans censure, qui intéressent la metteuse en scène dans sa création.

Connu pour son langage littéraire poétique et énigmatique, Claudel est également un fervent catholique. La dévotion à Dieu forme une part importante de son œuvre et Le Partage de Midi, dont elle tiraille les personnages principaux, ne fait pas ici figure d’exception. De ce goût du sacré, cette moiteur presque mystique, ce qu’Héloïse Jadoul appelle nos “mythologies enfouies”, la pièce en est imprégnée. À travers des symboles religieux, des jeux de lumière troubles et des ambiance vaporeuses, la metteuse en scène effectue visuellement un intelligent parallèle entre l’expérience amoureuse, accueillir l’autre en soi et religieuse, se donner à l’autre, sans limites. Ce symbolisme assumé, lié à des décors riches mais minimalistes donnent à la parole des vertus prophétiques et à l’ensemble de la pièce des allures de versets bibliques.

L’écriture alambiquée de Claudel reste inchangée et s’il n’est pas question ici de nier la beauté de ce classique de la littérature Française, le choix de la déclamation peut porter à confusion. Cette sur-articulation, si elle laisse la part belle au texte, souffre cependant d’un manque de nuances que l’adaptation théâtrale demande et que le texte seul ne suffit pas à combler. Au fur et à mesure, l’attention se perd et la compréhension se fait laborieuse alors que les personnages peinent à attirer notre sympathie.

Héloïse Jadoul a ici le courage de s’attaquer à un classique dont la complexité en aurait fait fuir plus d’un. Si la mise en scène recèle de bonnes idées et des clés visuelles sublimant joliment le texte, les acteurs semblent parfois se laisser emporter par un texte trop grand pour eux. Il en coûte ainsi au spectacle une chaleur qui aurait été bienvenue dans une pièce qui traite, avant tout, de passion amoureuse.

Vendredi 22 mars 2019, par Palmina Di Meo

Partage de midi, première mise en scène de Héloïse Jadoul

Première mise en scène pour Héloïse Jadoul avec le « Partage de midi », une pièce de Paul Claudel sur la passion amoureuse, pièce restée clandestine pendant près de 40 ans. Un véritable coup de cœur pour ce texte qui a touché la comédienne au plus profond d’elle-même. Création au théâtre de la Vie en collaboration avec l’Océan Nord.

Héloïse, cette pièce n’a pas été beaucoup présentée au public d’autant que Claudel l’a cachée pendant des années, peut-être parce qu’elle est autobiographique. En quoi cette pièce te remue-t-elle à ce point alors qu’elle renferme une certaine violence...

Héloïse : Oui surtout que je monte la première version, celle de 1906 qu’il a refusé de montrer pendant 40 ans. J’ai découvert Claudel lors d’un travail au plateau par des acteurs à Paris il y 10 ans et c’est de là qu’est venu mon amour pour ce texte. Je pense qu’à la lecture elle ne m’aurait pas fait le même effet car c’est une langue qui demande à s’incarner et que je trouve belle quand qu’elle est prise en charge et qu’elle devient charnelle. Après, j’ai lu d’autres textes de Claudel que j’aime aussi mais cette pièce me touche en particulier car Claudel l’a écrite de façon autobiographique, en plein drame amoureux. On y plonge dans l’endroit de la fracture et de la douleur. Et là où on peut parfois reprocher à Claudel sa religion trop présente, dans cette pièce, son amour pour cette femme est venu chambouler toutes ses croyances.

Ce fut une histoire tragique entre eux deux…

Héloïse : Paul Claudel a rencontré une femme sur un bateau, Rosie Vetch, une polonaise, mariée. Il venait de rentrer en France. Il était consul à l’époque avec la volonté de rentrer dans les ordres. Mais il a été refusé. On lui a dit qu’il serait plus intéressant en tant que consul en Chine. Et sur le bateau pour la Chine, il rencontre cette femme. C’est une découverte absolue du désir charnel et de l’autre pour Claudel.

Il l’a retrouvée seulement des années plus tard. Elle avait été enceinte de lui…

Héloïse : Ils ont vécu une passion amoureuse. Le mari était occupé à ses affaires en Chine. Elle est tombée enceinte. Il l’a renvoyée en Europe le temps de gérer la situation mais elle a disparu dans la nature et Paul l’a cherchée. Il a fini par la retrouver mais elle a refusé de répondre à ses lettres pendant 13 ans. Un ouvrage est paru chez Gallimard « Lettres à Ysé », le nom du personnage de la pièce « Partage de midi ». Il s’agit de la correspondance entre Claudel et l’héroïne de la pièce, le déchirement des années où elle n’a pas répondu et pendant lesquelles il a écrit « Partage de midi ». 

On parle d’une langue propre à Claudel. Quelle est difficulté de cette langue pour la scène ?

Héloïse : Il y a dans l’écriture de Claudel des retours à la ligne qui sont des souffles. Il faut donc respirer à cet endroit. Nous avons énormément travaillé pour que cette langue qui est organique puisse se digérer. Il y a aussi un jeu sur les sonorités. C’est hallucinant à quel point tout est pensé et tout devient physique et charnel au point que Claudel décide quand on doit respirer. L’acteur doit chercher en lui ce que cela signifie. Par exemple si chaque mot appelle une respiration, c’est qu’il y a un état émotionnel intense et nous avons cherché ces émotions dans un vrai corps à corps avec le texte.

Tu qualifies ce texte de féminin. En quoi l’est-il ?

Héloïse : On reproche à Claudel d’être misogyne. En lisant ce texte, ce qui est flagrant c’est que Claudel a été totalement dépassé par cette femme, et même s’il voulait le nier et même s’il vient d’une éducation très catholique chrétienne, on sent qu’il a été fasciné à un point tel qu’elle lui a appris quelque chose sur lui-même. Et c’est ce qui m’intéresse dans cette pièce où oui, il y a du racisme comme c’était le cas à l’époque (et comme c’est encore le cas aujourd’hui) et oui, il y a de la misogynie, mais finalement ce n’est que de la peur de l’autre. C’est pourquoi je dis que c’est une pièce sur l’altérité. L’Autre, la femme et l’Autre, l’étranger, les Chinois, font peur (tout comme ils font peur encore aujourd’hui), mais l’Autre, c’est aussi l’endroit où on peut vraiment prendre sur soi et se découvrir. Dans la pièce il y a un mouvement où Mesa, le personnage de Claudel, va à la rencontre de son féminin où il faut entendre par féminin l’ouverture à l’Autre. Et c’est très beau.

Propos recueillis par Palmina Di Meo

Théâtre de la Vie