Notre peur de n’être

Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 7 au 16 octobre 2014
Horaires
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Notre peur de n’être

Un spectacle complet et visuel placé sous le signe de l’espoir, des utopies et de la transformation du monde. Qui s’appuie, notamment, sur l’essai Petite Poucette de Michel Serres dans lequel le philosophe analyse les effets de trois révolutions successives : le passage de l’écrit à l’oral, de l’oral à l’imprimé et de l’imprimé aux nouvelles technologies.

Texte et mise en scène : Fabrice Murgia
Interprétation : Clara Bonnet, Nicolas Buysse, Anthony Foladore, Cécile Maidon, Magali Pinglaut, Ariane Rousseau
Une création de la Cie Artara et du Théâtre National/Bruxelles
Du 7 au 16 octobre à 20h15, les mercredis 8 et 15 octobre à 19h30, relâche le dimanche et le lundi, au Théâtre National
Prix : 19 € - 15 € - 10 €

Réservation : 02/203.53.03

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3 Messages

  • Notre peur de n’être

    Le 16 octobre 2014 à 08:46 par tania88

    Beaucoup d’aplaudissement à la fin... il faut reconnaître que côté visuel, c’était IMPRESSIONNANT ! Vraiment, une scénographie époustouflante mais je dois bien avouer que j’étais un peu fatiguée et que je n’ai tout compris...Et puis, j’ai trouvé que c’était inégal. Certaines répliques ou scènes étaient très drôles ou captivantes mais d’autres traînaient un peu en longueur.

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  • Notre peur de n’être

    Le 20 octobre 2014 à 03:18 par Joenath

    Très belle mise en scène pour cette pièce sur le monde virtuel qui nous fait réfléchir sur l’absurdité du monde dans lequel nous vivons éloigné des choses essentielles. Quelques très beaux passages, un très beau chant notamment, d’autres parties sont plus obscures, le spectacle vole haut. Bon spectacle dans l’ensemble relevé par la mise en scène, à découvrir.

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  • Notre peur de n’être

    Le 1er février 2015 à 10:44 par yurididion@gmail.com

    Ce spectacle nous offre tout un questionnement autour de la solitude : de la solitude volontaire de celui qui s’enferme pour se protéger du monde, à l’isolement qu’entraîne l’abandon. Mais ce n’est pas seulement un ensemble de solitudes que nous dévoile Fabrice Murgia, auteur et metteur en scène. Car sa vision plus large nous donne à voir aussi ce qui entoure ces phénomènes sociaux : le regard que l’on porte dessus, les échanges qui se créent, les espaces inter-humains encore possibles, les portes de sorties, etc.

    C’est donc une pièce très complète, à l’image de ces tragédies antiques si souvent citées en exemple, et qui ne peut se regarder sans pensée. Loin du simple divertissement, nous assistons à une de ces « situations graves et complètes » (Aristote) où il n’y a ni bien, ni mal, ni jugement… uniquement des humains qui se débattent.

    Et pour cette tragédie moderne, rien de tel qu’une mise en scène riche (parfois un peu trop). L’art de Murgia transcende le texte avec excès : micros, lumières, vidéos et projections en live, changements de décors à répétition. C’est un spectacle vivant qui souvent sonne cinéma. Mélange de genre qui accentue tant les qualités que, malheureusement, les défauts. Cette sur-utilisation technique pose aussi les question du pourquoi ? : est-ce toujours nécessaires ? Est-ce toujours utile ? Qu’est-ce que cela cherche à dire ? On le fait « parce qu’on le peut », parce que ça a un sens ou pour combler un manque et séduire le spectateur avec des effets-paillettes ?

    Mais Fabrice Murgia peut se targuer d’avoir fait un pari difficile : pièce complète, mise en scène complexe et riche, … etde l’avoir réussi. Les tableaux sont d’une grande beauté, l’ensemble est d’une grande lisibilité, on ressort de là avec la tête bourdonnante de questions, avec la sensation d’avoir passé une bonne soirée, d’avoir vu un spectacle de qualité (malgré les longueurs de la première partie). Là-dedans, il faut souligner la merveilleuse performance d’Ariane Rousseau, purement magnifique dans le rôle de la mère.

    Je ne peux qu’encourager à aller la voir si vous en avez l’occasion, vous n’en ressortirez pas déçu.

    Yuri Didion 

    http://bit.ly/1z1AyIh

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Mardi 14 octobre 2014, par Laura Bejarano Medina

Rêver d’un autre monde

Fraîchement récompensé à la Biennale de Venise par un Lion d’argent, Fabrice Murgia revient aujourd’hui au théâtre National pour présenter sa dernière création, après un passage remarqué cet été au Festival d’Avignon. Avec « Notre peur de n’être », le metteur en scène poursuit avec poésie et audace son exploration des solitudes et des peurs contemporaines à l’ère du virtuel.

Alors même que les spectateurs s’installent dans la grande salle du théâtre National, Fabrice Murgia donne le ton et nous accueille dans un environnement sonore pesant, où les voix presque éteintes et les dialogues de programmes TV se mêlent aux grincements et aux bruits étranges. Dans la pénombre de la scène, à travers le voile de l’écran, des silhouettes et des voix commencent peu à peu à s’animer sous les faibles lumières.

Articulé en trois chapitres, "Notre peur de n’être" trace les portraits croisés de quatre personnages liés par la solitude et prisonniers de cette peur de ne pas exister : le veuf qui vient de perdre sa femme et qui crée un dialogue privilégié avec l’application de son smartphone, Hiki, le jeune adulte qui vit reclus dans sa chambre pour se couper du monde, à la manière de ces "Hikikomori" japonais, la mère de Hiki, une immigrée italienne désespérée face aux choix de vie de son fils unique et Sarah, étudiante en communication qui se parle à elle-même à travers un dictaphone. Sur l’esquisse du chemin qui leur permettra de surmonter le repli sur soi pour s’ouvrir au monde, ces personnalités attachantes sont accompagnées de deux narratrices, qui semblent nouer les fils sur la trame de leurs histoires. Comme une conscience, un ange gardien, elles se révèlent tantôt une présence douce et bienveillante, tantôt un œil critique sur les situations qui se dévoilent.

Avec "Notre peur de n’être", Fabrice Murgia repousse toujours plus loin les frontières entre théâtre et cinéma, en proposant un spectacle déroutant qui place le visuel au cœur de la représentation. Véritable "marque de fabrique" du metteur en scène, la combinaison de la caméra et de l’écran tient souvent le premier rôle et dépasse le simple effet scénographique. Les images des comédiens, filmés sur scène dans des positions qui limitent la vision du spectateur, sont directement retransmises au premier plan, en transparence sur le voile de l’écran ou au-dessus de la scène. De cette confrontation avec le miroir déformant de l’écran naît l’expérience d’un regard inédit sur des points de vue ou des angles différents. Soucieux d’échapper aux codes du théâtre classique, Fabrice Murgia parvient à insuffler au spectacle une esthétique cinématographique. Grâce à des structures amovibles et des plateaux tournants, les personnages apparaissent et disparaissent, passent si rapidement d’un tableau à un autre, d’une scène à une autre, qu’ils évoquent avec fascination les images qu’on zappe à la télévision.

Porté par six talentueux comédiens qui nous plongent dans une atmosphère à la fois envoûtante et dérangeante, "Notre peur de n’être" joue avec les ruptures et les rythmes pour surprendre le spectateur. Parfois, les histoires des protagonistes se superposent, se bousculent à toute vitesse, en cadence avec les interventions des narratrices. À d’autres moments, la profondeur du silence ou de la musique laisse libre cours au langage des symboles pour s’enrichir d’émotions fortes et de sensations furtives.

Sans dénoncer, ni encenser les nouvelles technologies, Fabrice Murgia dépeint d’une part, le mal-être des rapports humains dans une société médiatisée, et d’autre part, l’espoir, l’utopie des jeunes générations face aux changements qu’elles peuvent apporter. Même si, par son caractère innovant et déviant, "Notre peur de n’être" met à mal la représentation classique en brouillant volontairement le contact direct et le rapport au réel, il n’en demeure pas moins un recueil poétique et symbolique où les mots se transforment en images et les émotions en musique.

Laura Bejarano Medina

Théâtre National Wallonie-Bruxelles