Les Reines

Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 7 au 31 mars 2012
Horaires
Tableau des horaires

Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

Moyenne des spectateurs

star-offstar-offstar-offstar-offstar-off

Nombre de votes: 0

Les Reines

Les Reines
Normand Chaurette – La Servante
Au Théâtre de la place des Martyrs - Grande salle.

La scène est à Londres. La neige s’abat sur la Tamise, manteau tempétueux et glacial étouffant les rumeurs des humbles et les manigances des puissants. Un homme agonise au palais, un deuxième s’enlise dans les égouts, un troisième terrorise dans les coulisses. Edouard, Georges, Richard. Entre cette trinité machiste qui restera d’un bout à l’autre de la pièce invisible à nos yeux -, piétinant la scène entre les salons où se mire le pouvoir et les entrepôts où s’égarent les progénitures chéries, six reines : Anne Warwick, Isabelle Warwick, Anne Dexter, la Reine Elisabeth, la Duchesse d’York, la Reine Marguerite, soit quatre femmes échappées de Shakespeare et de la généalogie des monarchies britanniques, et deux nées de l’imagination fertile et narquoise de Normand Chaurette.

Philippe Sireuil, Novembre 2010.
Texte Normand Chaurette. Interprétation Valérie Bauchau, Anna Cervinka, Anne Claire, Janine Godinas, Cécile Leburton, Estelle Petit. Mise en scène Philippe Sireuil. INFOS ET RESERVATIONS : Du 02/03 au 31/03/2012 - Mardi à 19h – mercredi au samedi à 20h15 – dimanche 11 et 25/03 à 16h. Théâtre de la place des Martyrs – 22, place des Martyrs - 1000 Bruxelles Tel :02/223.32.08 (du mardi au vendredi : 11 à 18h – samedi : 14 à 18h) loc@theatredesmartyrs.be - Info : www.theatredesmartyrs.be

Laissez nous un avis !

5 Messages

  • Les Reines

    Le 14 mars 2012 à 08:41 par Lou Salome

    sans doute le texte est magnifique, sans doute le sujet l’est tout autant, très certainement les comédiennes sont parmi les meilleures et chacune à sa place exacte, mais pourquoi le spectacle reste -t-il "coincé" sur le plateau, "loin", murmuré, les comédiennes jouent entre elles, ont intériorisé sans doute le texte, et sans doute elles le "jouent" bien, mais "là bas", loin des spectateurs, inaudibles à plusieurs moment, texte au bord des lèvres, dit pour soi... Et l’un des seuls moments magiques est celui "sans texte". La vieille mère s’avance à pas lents vers sa fille, peut-être est-ce la première fois qu’elle va vers sa fille, pas de texte, les corps !, le corps claudicant de la mère, alors éclate un chant d’opéra, un lamento poignant, et sur cette bande son superbe, alors la mère lentement "se casse", se penche, devient fragile, enfin une émotion se noue ! Enfin...

    Répondre à ce message
  • Les Reines

    Le 26 mars 2012 à 01:36 par foxnatura

    Mise en scène déconcertante et déstabilisante à la première vue,
    décor simple et surprenant, et du talent à multiplier par 6… Un beau voyage au
    pays de Chaurette. 

    Merci pour cette belle soirée théâtrale.

    Répondre à ce message
  • Les Reines

    Le 31 mars 2012 à 09:34 par faucer

    Très belle performance de jeu pour les comédiennes. Mise à part ça, on s’ennuie dès le départ. Je n’ai pas du tout aimé la mise en scène. Les comédiennes sont habillées et coiffées de la même manière, on ne les reconnaît presque pas. Les monologues se succèdent et noient le spectateur dans une incroyable incompréhension de mots (de maux !) La pièce dure 1h40’, cela m’a semblé des heures...Bref, les Reines...j’aurais sans doute préféré lire le texte.

    Répondre à ce message

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
    Se connecter
Votre message

Mardi 20 mars 2012, par Jean Campion

Dans l’antichambre du pouvoir

Depuis plus de vingt-cinq ans, Normand Chaurette écrit "avec et contre Shakespeare". Cette collaboration musclée, qu’il a décrite dans "Comment tuer Shakespeare" (2011), a produit une douzaine d’adaptations. C’est en cherchant à traduire "Richard III" qu’il a été attiré par les personnages féminins de cette tragédie. En leur donnant la parole, il nous introduit dans les coulisses du pouvoir. Ces "Reines" s’épient, se jalousent, se déchirent. Avec la férocité des hommes, dont elles dépendent. Touffu, parfois obscur, le texte de l’auteur québecois explore remarquablement la noirceur de l’âme humaine.

Chuchotements confus et envahissants... Comme un pantin sortant de sa boîte, une femme-enfant bondit sur le plateau. C’est Anne Warwick. Fiancée à Richard III, elle espère que celui-ci succédera à son frère, le roi Edouard IV, qui agonise en ce 20 janvier 1483. Isabelle Warwick, épouse de George, l’autre frère du roi mourant, rêve aussi de la couronne. C’est pourquoi elle invente un subterfuge, pour sauver son mari emprisonné et menacé de mort. La reine Elisabeth, elle, doit protéger ses tout jeunes enfants contre la perfidie de Richard III. Dans cette nuit cauchemardesque, trois femmes au cœur d’une impitoyable et vaine lutte de pouvoir.

Il n’est pas facile de maîtriser cette généalogie anglaise, ni de situer clairement chaque rivale. En outre, une femme triste, en scène depuis le début, nous intrigue par son silence et Marguerite, ex-reine d’Angleterre nous déconcerte, en annonçant prématurément la mort d’Edouard IV. Au micro, elle décrit ce roi partant en morceaux, avec un cynisme qui rend cocasse la fausse nouvelle. Comme dans le théâtre de Shakespeare, nous assistons à un chassé-croisé entre le tragique et le comique, le grotesque et le grave.

Ces ruptures de tons font sentir l’absurdité de cette quête du pouvoir. Celui-ci appartient aux hommes et ces "Reines" sont condamnées à parler du passé et de l’avenir, sans infléchir le cours de l’histoire. Leurs cris d’angoisse, leurs espoirs alternent avec leurs bavardages de petites filles se disputant une couronne. En la posant un moment sur sa tête, le duchesse d’York, mère d’Edouard IV, apaise sa frustration : "J’ai régné dix secondes et j’ai vu ce que je voulais voir." Anne Dexter, sa fille, est le seul personnage qui échappe à la perversion du pouvoir. Elle incarne l’amour. C’est pour la punir de trop aimer son frère George, que sa mère inhumaine l’a fait amputer des deux mains. Muette, elle hante "cette maison qui n’est plus qu’un entonnoir, où tout se mélange et s’écoule, dans la bouche pourrie de la mort."

La langue singulière, hybride de Normand Chaurette a dû poser pas mal de problèmes aux six comédiennes. Sous la direction de Philippe Sireuil, metteur en scène rigoureux et opiniâtre, elles sont parvenues à l’exploiter dans une interprétation homogène. Ces femmes font partie de l’univers de "Richard III", mais n’en sont pas prisonnières. Par conséquent, pas de reconstitution historique, mais la mise en valeur du monde déroutant imaginé par Chaurette. Un monde où se mêlent burlesque et pathétique. Les Reines sont à la fois des gamines en tutu, arborant des écharpes de miss et des femmes dont la cruauté est à la mesure de leurs souffrances.

Théâtre des Martyrs