Le Dîner

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 14 au 18 décembre 2021
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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Le Dîner

Mi-Festen, mi-Orange Mécanique, le dîner de famille ne se déroulera pas comme prévu. Deux frères et leurs épouses se réunissent dans un restaurant chic. Serge, homme politique promis à un poste élevé, et Paul, ancien professeur d’histoire et très critique quant à la soif de succès de son frère. Ce qui les réunit pourtant : un acte innommable commis par leurs fils respectifs de 16 ans.

Jusqu’où peut-on aller pour protéger ses enfants ? C’est la question clé du roman Le Dîner de l’auteur hollandais Herman Koch que Jean-Michel Frère a choisi d’adapter. La pièce examine les caractères, au-delà des apparences, fouille les consciences, convoque les racines de la violence, avec un dispositif particulièrement théâtral : un huis clos découpé en cinq actes, à la structure progressive et à la narration déconstruite. Pas de scène classique au restaurant mais une implication du public pour l’amener à se questionner, à découvrir, par cercles concentriques, l’ampleur du drame. Dans une langue virtuose, et des dialogues acérés, Le Dîner nous tend un miroir dans lequel reconnaître nos irritations quotidiennes et nos dilemmes les plus cruels.

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Lundi 20 décembre 2021, par Catherine Sokolowski

Des délices à la nausée, une soirée caustique et fascinante

Claire et Paul, un couple comme un autre. Ce soir, ils iront manger avec Serge et Babette, le frère de Paul et son épouse. Ils n’en ont pas envie ! Juste avant, ils iront boire une bière dans « leur » café, un petit café qui ne paie pas de mine mais dans lequel ils se sentent chez eux. En début de soirée, Paul est monté dans la chambre de leur fils, Michel (16 ans), et a regardé une vidéo sur son GSM. Paul se demande comment se serait déroulé cette soirée s’il n’était pas allé dans cette chambre. Lara Persain et Nicolas Buysse invite les spectateurs à partager « Le dîner », un repas rempli de surprises pas très agréables, dans lequel ils jouent une multitude de rôles tout en tenant le public en haleine. Captivant.

Une grande table trapézoïdale spectaculaire accueille le public. Claire et Paul sont là, prêts à partager une bouteille de vin blanc. Une kyrielle de petites lampes couvrent le plafond. L’ambiance feutrée de restaurant haut de gamme est prometteuse, la mine de Babette qui vient d’arriver l’est moins.

Lara Persain et Nicolas Buysse interprètent magistralement les différents rôles de ce best-seller de Herman Koch, paru en 2009. Sans vouloir dévoiler l’intrigue, la question qui est abordée est celle de l’attitude des parents d’enfants ayant commis des actes inacceptables. Peut-on faire fi des valeurs morales au nom de la protection de sa progéniture ?

Au fur et à mesure du dîner, dont le récit balance entre comédie, drame, polar et satire sociale, les personnages se dévoilent. Serge, politicien en pleine ascension, espère être élu premier ministre dans peu de temps. Serge et Babette ont deux enfants, l’un d’entre eux, Beau a été adopté. Paul était prof mais il a été mis en disponibilité. Il déteste ce frère qui évolue dans un mieux bourgeois que Paul exècre. Claire, quant à elle, semble très proche de son fils Michel, au centre du récit. Le but de cette rencontre est de parler des enfants mais ils tardent à aborder le sujet.

Au-delà du suspense, l’histoire est intéressante par l’étude des personnages qu’elle met en scène. Elle s’inspire de faits réels ayant eu lieu à Barcelone en 2005. Les changements de rôles, de même que le cynisme de Paul et les commentaires de Claire, donnent un côté léger à ce mélodrame, dont les ambiances se reflètent dans la couleur des lumières sur la scène mais aussi au-dessus des gradins (Gwen Laroche). Une mise en scène soignée de Jean-Michel Frère, d’excellents acteurs, un sujet qui capte l’attention, le tout dans un restaurant chic, autant d’ingrédients qui permettent de passer une excellente soirée sans perdre de vue le côté dramatique des faits. A ne pas manquer.

Catherine Sokolowski

Photo © Gaëtan Libertiaux

Théâtre National Wallonie-Bruxelles