La Ville des zizis

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 20 au 25 septembre 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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La Ville des zizis

Avec une émotion étrange, moitié d’horreur et moitié de tendresse, Eline Schumacher décide de réunir la bande des six meilleurs amis de son père à l’occasion de son enterrement fictif. 

D’abord affligés par le deuil et le vide laissé par leur alter ego, les six ne tardent pas à renverser la vapeur pour répondre à l’appel de la vie, au fil des souvenirs égrenés ou des secrets révélés. En costume puis en tenues de foot, en treillis ou en sous-vêtements, les acolytes d’âges et de profils différents mouillent – et tombent – la chemise, se déchaînent, se catapultent, lèvent haut la jambe, accompagnés par un explosif jeu de lumières colorées. 

Complices, souvent recadrés par Eline Schumacher, les comédiens Léonard Cornevin, Adrien Drumel, Thierry Hellin, Lucas Meister, Jean-Baptiste Polge, Michel Villée entament une épopée désopilante. Truffée de références cultes, du western à la pop culture en passant par les plus grands films de guerre, La Ville des zizis propose une contre-plongée dans un fondu enchaîné d’univers plus cinématographiques les uns que les autres.

Les « copains d’abord » se jouent des clichés sur les hommes entre eux dans une ambiance de cour de récréation. La peur du vide côtoie la pudeur pour torpiller les stéréotypes de genre. Leur humour potache sans être vulgaire sonde la masculinité, en démontre les fragilités et fait jaillir l’émotion. Le rire aux éclats ! Il ressemble aux grands moments de l’existence. 

Production Mars-Mons arts de la scène

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Mercredi 28 septembre 2022, par Chloé Clemens

La Ville des zizis

Sur scène, une vieille radio et un groupe de potes en costards.
Que des gars.

Ils sont sur leur trente-et-un. Ils reviennent de quelque part. Ou peut-être ne sont-ils pas encore partis. Les dialogues sont directs, l’écriture se fait sur le plateau. Les logorrhées s’enchainent sur un fond vert irisé. Nous n’avons pas encore accès à ce qu’il se passe derrière, ça va commencer.

Les garçons nous racontent d’abord comment ils sont arrivés là, pragmatiquement. Tous sont la manifestation de copains archétypes : le petit et le sensible, le beau gosse et le mec sage. Ils sont alignés en bord de scène.
Tous irréels, vraiment.

Apparemment, c’est Éline qui a organisé tout ça. C’est ce qu’ils disent et ici, on peut tout faire, même (surtout) si c’est pour de faux.
La scène s’ouvre et tout implose. Le jeu est rythmé, crescendo, foisonnant, les comédiens enchainent les anecdotes qui parlent de tout et souvent de pas grand-chose tant qu’il n’y a pas de place pour le silence. Et s’il y a du silence, on met du Bruce Springsteen ou on peut toujours se mettre à danser.
Dans sa Ville des Zizis, Éline Schumacher rêve la bande de potes de son père dans une nostalgie amère aux reflets pops. Un univers dans lequel les cercueils servent à faire des bras de fer, où on se rend aux enterrements en maillot de foot, éclairés par une boule à facettes. Ici, on crée de l’existence : les vrais mecs font des barbecues avec l’accent américain et les adultes sont des enfants qui jouent à faire la guerre… Et à faire les copains.

Dans un décor qui éclate au fil des goûts et des souvenirs de son père, Éline et sa bande donnent la voix à tous les possibles, ceux qui vont chercher loin. Nous sommes dans un espace intime, de l’imaginaire pur, jubilatoire et cruel. La scénographie se rend flexible et malléable à cette explosion. Tantôt bar karaoké ou allée de palmiers en Floride, elle peut se faire Empire State Building ou autoroute des vacances, au service de tous ces mecs qui ne demandent qu’à sortir d’eux-mêmes.

Par l’excès, ils viennent déjouer la solitude qui se loge dans la voix rauque qui murmure en arrière-plan venant structurer le récit en le ramenant à une réalité moins douce.

La pièce vient questionner le rapport au père, tout ce que nous pouvons y projeter et cette masculinité qui part en vrille, cliché d’elle-même, se tordant dans tous les sens à la fois. Il y a quelque chose de triste derrière ce concours de qui pisse le plus loin.

Finalement une histoire de cowboy pas si solitaire qui touche autant qu’elle divertit.

Théâtre National Wallonie-Bruxelles