La Course de l’Amok

Bruxelles | Théâtre | Les Riches-Claires

Dates
Du 10 au 26 mars 2016
Horaires
Tableau des horaires
Centre Culturel des Riches-Claires
rue des Riches Claires, 24 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lesrichesclaires.be
accueil@lesrichesclaires.be
+32 2 548 25 80

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La Course de l’Amok

"La course de l’Amok" raconte la confession hallucinée d’un médecin reclus au fond de la jungle de Malaisie qui, suite à la rencontre avec une femme pour laquelle il éprouve une passion foudroyante, se trouve pris de folie meurtrière et se lance dans une course effrénée pour retrouver cette femme.

Récit spectral et envoûtant, plongée abyssale dans le gouffre de la passion, "La course de l’Amok" est une variation libre sur le chef-d’œuvre de Stefan Zweig.

- > "La course de l’Amok"
Petite salle
Du 10/03 au 26/03
Le mercredi à 19h
Du jeudi au samedi à 20h30
Lundi-Théâtre : 14/03 à 20h30

Distribution

D’après Stefan Zweig, librement adapté par Claude Enuset et Bernard Sens Avec Bernard Sens Mise en scène : Claude Enuset Assistanat : Magda Dimitriadis Lumières : Alain Collet Décor sonore : Laurent Beumier Une coproduction de la Compagnie Contregriffe et du Festival de Spa

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3 Messages

  • La Course de l’Amok

    Le 12 mars 2016 à 16:17 par Charlotte V.

    Même si le jeu ’seul en scène du comédien’ est irréprochable,
    la mise en scène (son, lumière > côté dépouillé) de très bon goût,
    l’angle narratif nous entraîne dans un rythme qui manque de rythme.
    Je me réjouissais d’entendre du S. Zweig par un comédien de talent,
    mais la pointe de folie ’manquait’ celle qui nous sangle la gorge, paralyse nos pupilles...

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  • La Course de l’Amok

    Le 15 mars 2016 à 12:48 par cleandre

    Un seul en scène superbement joué, un jeu de son et lumière que appuie le rythme de la pièce tout concourt à un beau spectacle.
    Comme les flots de la mer, comme la succession du jour et de la nuit, comme les fièvres tropicales qui s’emparent des corps puis leur laissent un instant de répit avant de reprendre de plus belle, la folie qui s’empare du médecin suit cet enchaînement de moments d’exaltation et de brefs retours à une lucidité plus calme.
    Une très bonne soirée

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Vendredi 18 mars 2016, par Jean Campion

Piégés par l’orgueil

Stefan Zweig n’a écrit que quelques pièces de théâtre. Tombées dans les oubliettes. En revanche, les diverses adaptations théâtrales de certaines nouvelles ne quittent guère l’affiche. Témoins les succès remportés par "Lettre d’une inconnue", "La Confusion des sentiments", "Vingt-quatre heures de la vie d’une femme","Le Joueur d’échecs" etc... "La Course de l’Amok". En portant à la scène ce texte (publié en 1922), Claude Enuset et Bernard Sens nous entraînent dans les méandres de l’âme humaine, jusqu’aux confins de la folie.

On avait repêché dans le port de Naples, le corps d’un homme âgé d’environ quarante ans. Les journaux n’avaient pas mis en relation ce fait divers avec le récit romanesque d’un prétendu accident, arrivé à proximité de l’"Océania". Un lien évident aux yeux du narrateur. Pour nous en convaincre, celui-ci se glisse dans la peau du passager, qui s’était confié à lui et revit son drame. Médecin dans une clinique de Leipzig, il voit sa carrière brisée par une femme "qui le plia si bas que ses os en craquaient". Pour elle, il prend de l’argent dans la caisse de l’hôpital. Déshonoré, sans illusions, il tourne le dos à l’Europe. Pendant sept ans, en Malaisie, parmi les indigènes et les animaux, il s’enfonce dans une diabolique solitude. Dévoré par la fièvre, abruti par l’alcool, il devient "une poule mouillée, un véritable mollusque". Un jour, une femme blanche, au visage voilé, l’attend dans son vestibule. Elle le flatte, enrobe sa visite de mensonges et à demi-mot reconnaît qu’elle est enceinte. Avec un sang-froid hautain, elle lui propose 12.000 florins. Pour... supprimer la cause de ses nausées. Stupéfié par l’esprit calculateur de cette femme arrogante, le médecin refuse le marché : il n’est pas un épicier, mais un être humain désireux d’en aider un autre. Des protestations balayées par le rire méprisant de la dame, qui claque la porte.

Cette rupture brutale déclenche chez le héros "l’amok" (terme malais), un accès de rage meurtrière. Se bousculent dans son esprit torturé des sentiments contradictoires. Fasciné par l’emprise des femmes orgueilleuses et froides, il se sentait frustré par la docilité des filles asiatiques. Leur servilité gâte le plaisir. Aussi l’insolence de cette lady, vibrante de mystère, avait réveillé la bête humaine. En la possédant, il aurait humilié cette "âme glacée". Le désir inassouvi se mêle à la crise de conscience du médecin : où s’arrête son devoir ? Hanté par sa culpabilité, il se lance dans une course effrénée, pour tenter de se racheter. Une fois encore, c’est avec un regard acéré que Zweig explore les déchirements du cœur humain.

Une palette (radeau ? ponton ?), quelques bouteilles d’alcool... Claude Enuset, le metteur en scène, s’appuie sur un décor minimaliste, qui concentre notre attention sur la puissance dramatique du texte. En se déplaçant sur ce plateau dégagé, le comédien le découpe en séquences contrastées. Soulignés par les lumières très efficaces d’Alain Collet, ces changements d’angles de vue et de rythme musclent la confession.

Bernard Sens se bat contre le destin avec une intensité impressionnante. Tremblements de ses mains, manipulations nerveuses de ses lunettes, goulées d’alcool bues rageusement traduisent l’égarement d’un homme à la dérive. Défié par une femme dominatrice, il relève la tête. Un sursaut qu’il ne se pardonne pas. Sauver cette patiente en danger, réparer sa faute devient une obsession. Alternant colère et fatalisme, le comédien accélère ou retient son débit. Par son jeu nuancé, il nous implique dans cette course folle contre la mort. La qualité de ce spectacle justifie pleinement l’engouement suscité par les nouvelles de Stefan Zweig.

Jean Campion

Les Riches-Claires