Kingdom

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 7 au 14 octobre 2021
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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Kingdom

Deux familles se sont extraites du monde moderne pour vivre en paix avec la nature. Au bout de quelques années passées dans un environnement tout aussi hostile que merveilleux, les méfiances et les ressentiments débordent. Soudain, le partage du territoire est jugé inéquitable et le sort semble s’acharner sur l’une des deux familles. Un jour, une barrière est posée entre les deux clans. La guerre est déclarée. À quelques mètres du champ de bataille, les enfants assistent à ce monde en train de disparaitre. Sous l’œil d’une équipe de réalisation, la tragédie se raconte.

Anne-Cécile Vandalem travaille au développement du dernier volet de sa trilogie dont sont issus les spectacles Tristesses (2016) et Arctique (2018). Cette recherche a pour sujet principal l’échec temporel ou comment le futur ne peut plus résonner avec la promesse d’un monde meilleur. Elle souhaite aborder cette thématique par le biais des enfants, qui seront les adultes de ce futur en question. Au cours de sa réflexion, elle découvre le travail de Clément Cogitore intitulé Braguino ou la Communauté impossible. L’ouvrage, constitué d’un film documentaire et d’une exposition, suit une communauté exilée en Sibérie Orientale. On y découvre Sacha Braguine, patriarche d’une famille, qui témoigne de cette vie au cœur de la nature. La naissance des enfants, l’hostilité douce de cet environnement sauvage et son apprentissage. Puis l’arrivée des Killine (l’autre famille) et les premiers conflits qui émergent. 

Kingdom est une fable épique librement inspirée du travail de Clément Cogitore. Elle questionne par le biais de la fiction théâtrale les problématiques qu’il soulève : la volonté de s’extraire du monde, le rapport dialectique à la nature et à ses ressources, et un schéma vieux comme le monde qui n’a de cesse de se reproduire : l’impossibilité de vivre en paix.

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Mardi 12 octobre 2021, par Palmina Di Meo

Au bout du rêve...

Une forêt de vrais arbres sur la scène. Nichée dans une nature sauvage, au milieu de nulle part, une cabane de pionniers. Un cours d’eau marque la frontière entre la scène et le public, une barque...

Librement inspiré du documentaire de Clément Cogitore, Anne-Cécile Vandalem livre le dernier volet de sa trilogie sur la fin de notre civilisation. Situé au fond de la taïga sibérienne où la famille Braguine vit en autarcie, le film de Cogitore met en scène un conflit, celui d’une famille ayant fait le choix du respect de la nature et en face, leurs cousins venus les rejoindre avec une philosophie très différente puisqu’ils braconnent et troublent la paix avec leurs hélicoptères et leurs fusils. La rivalité s’est définitivement installée et les deux branches de la famille vivent désormais chacune dans leur enclos.

Tout en respectant le canevas du film, Anne-Cécile Vandalem va plus loin en brouillant les pistes.
Comme dans « Braguino », on ne voit pas « le camp ennemi », tout est perçu du point de vue des Braguine, trois générations bercées par une légende inventée par Philippe, le patriarche, sur une fiction animiste et dans un esprit de caste. Mais la jeune génération, celle des petits-enfants est déjà plus rebelle et met en doute les questions de responsabilités. La ligne de démarcation entre les deux clans est franchie, la jeune ado de la famille escalade régulièrement, et à l’insu de tous, la palissade qui sépare les deux propriétés pour rejoindre son amoureux en territoire interdit.

L’esthétique est impeccable : décor de carte postale, éclairage tamisé avec jeux d’ombres, musique tribale (Pierre Kissling et Vincent Cahay), rites dansés et chants aux accents slaves, tout nous plonge dans un monde fantasmagorique. Et puis il y a l’équipe de réalisation... Car l’histoire est racontée à une équipe de cinéma venue à la rencontre de cette famille d’ermites et de leur rêve utopiste. Le film projeté au-dessus de ce décor aux confins du monde nous introduit dans l’intimité du foyer et révèle une part des secrets de chacun. Cette écriture cinématographique en contrepoint, Anne-Cécile Vandalem l’utilise dans sa trilogie pour « donner à voir celui qui écoute plutôt que celui qui parle » alors que « le théâtre force à être attentif à celui qui fait le plus de bruit ». Elle invite ainsi à une double lecture de cette fable entre réel et imaginaire et nous propulse hors du charme d’un cadre idyllique pour pénétrer l’envers plus concret d’un quotidien moins enviable.

Il faut saluer l’extraordinaire présence des comédiens professionnels ou non, le jeu impeccable des enfants... et la discipline sans faille des chiens sur scène.

Un spectacle dépaysant, enchanteur, et qui suscite la méditation.

Palmina Di Meo
Crédit photo : Christophe Engels

Théâtre National Wallonie-Bruxelles