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Bruxelles | Spectacle | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 12 au 22 janvier 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

Moyenne des spectateurs

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Une table, trois chaises, une radio, un fauteuil, un piano. Une salle commune : un espace pour être ensemble, un espace où l’on est seul. Un lieu aseptisé et calme, où l’on écoute le temps passer, où l’on attend. De temps en temps, une voix surgit du silence, celle d’une résidente fredonnant une chanson ou d’un autre racontant un souvenir. Comment faire entrer 90 ans d’existence dans une chambre de quinze mètres carrés ? Et que voit-on du monde depuis ces lieux-là ? 

À la frontière entre fiction et documentaire, Home s’inspire de scènes observées par l’équipe au sein d’une maison de retraite médicalisée à Ixelles et des rencontres faites sur place. Les trois jeunes actrices et acteur habitent ces corps vieillissants, les incarnent, et, affrontant les joies et les tragédies du quotidien, nous restituent l’inquiétante étrangeté propre à ces lieux. Que faire quand les plantes vertes se transforment en forêt de sapins, que la tempête arrache les murs et qu’il n’y a personne pour servir le prochain repas ?

Plongeant dans cette atmosphère et cette temporalité particulière, Home permet à chacun de (re)découvrir quelque chose de sa propre expérience de la vieillesse.

 

Avec le soutien d’Amnesty International dans le cadre de la campagne Droits des ainés

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Mardi 25 janvier 2022, par Palmina Di Meo

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Performances d’acteurs au National

3 acteurs sur scène dans un décor de réfectoire minimaliste de maison de retraite.
3 acteurs non grimés. Ils sont jeunes mais leurs corps sont habités du maintien et des rictus de vieillards. C’est hallucinant, un rien dérangeant...
Des tics et des succions aux crispations et aux tremblements de leurs membres, ils sont asservis à leur rôle de pensionnaires en fin de vie.

Tout obéit à une temporalité suspendue. La vie s’écoule au rythme de la progression de ces corps fatigués, voûtés, dans un ralenti souligné par l’immense horloge donnant l’heure en temps réel.
Un temps qui s’étire entre la gestion des déplacements et l’attente des rituels quotidiens, les repas, les visites régulièrement annulées.
Une attente perceptible dès le début qui fait écho à celle des spectateurs, pressentis comme des visiteurs. Une observation réciproque où le moindre mouvement, le moindre bruit devient événement et suscite des réactions non pas verbales mais des pincements de lèvres, des haussements interrogatifs de sourcils, obligeant l’assistance à une concentration sur ces mouvements imperceptibles.
Paradoxalement, les accidents majeurs, les chutes, la dégradation de l’environnement sont dédramatisés, dilués dans l’indifférence générale, ce qui introduit une forme d’humour défensif.

Pour obtenir un tel résultat, les acteurs ont côtoyés des personnes âgées dans une maison de retraite d’Ixelles et ont créé avec eux des liens par une véritable rencontre. Imprégnés de l’atmosphère de lente décrépitude de ces lieux d’assistance pour personnes à mobilité réduite qui ne sont autre que des mouroirs, ils ont parfait la maîtrise de leurs mouvements au moyen de la méthode Feldenkreis. Sans copier quiconque, sans caricaturer, ils ont créé des personnages originaux avec les résistances de leur propre corps, nous renvoyant à une lecture documentariste.

Diplômée de l’Insas, Magrit Coulon, la metteuse en scène, s’intéresse à la gestion du temps comme outil d’architecture scénique depuis son mémoire de fin d’études. « Home - morceaux de nature en ruine » a été récompensé du prix Maeterlinck de la meilleure Découverte. Sur une dramaturgie de Bogdan Kikena avec qui elle a fondé sa compagnie Wozu ?, elle capte avec une maestra incontestable les infimes soubresauts de ces vies en suspension et nous aspire lentement, le temps d’une représentation, dans des espaces temporels que l’on a instinctivement tendance à éviter.

Chapeaux bas à ces artistes, Carol Adolff, Alice Borgers, Anaïs Aouat et Tom Geels qui ont physiquement disparus dans l’incarnation de ces personnages qui nous attendrissent malgré eux, empruntant, par des moyens techniques, les voix des pensionnaires du Home Malibran.

Palmina Di Meo

Théâtre National Wallonie-Bruxelles