Histoire de la violence

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 22 au 26 janvier 2020
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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Histoire de la violence

Noël 2012, Édouard rencontre Reda, jeune et beau kabyle. Il l’invite chez lui et ensemble, ils passent une nuit passionnée. Ça c’est avant que l’histoire ne vire au cauchemar. Reda bascule dans la violence, s’en prend à Édouard, le viole et tente de l’étrangler.

Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne de Berlin, s’est saisi du deuxième roman autobiographique d’Édouard Louis et a collaboré avec son auteur pour adapter le texte au projet théâtral. Il en a notamment conservé les mécanismes littéraires, enrichis d’une mise en abyme au moyen d’images capturées par les GSM des acteurs. Ces projections complètent un plateau presque nu, figurant tout à la fois l’appartement, l’hôpital, le commissariat, la rue, l’appartement de la sœur d’Édouard. Ainsi, le metteur en scène traduit visuellement les sujets essentiels du livre : le déferlement de rage et de souffrance ; la violence et l’homophobie sociale ; le racisme subi par Reda ; les racines du mal.

Avec le soutien du Goethe-Institut Brüssel

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Dimanche 26 janvier 2020, par Catherine Sokolowski

Autopsie d’un fait divers

Cette « histoire de la violence », basée sur le roman autobiographique d’Edouard Louis, raconte la tentative d’homicide, le vol et le viol que l’écrivain a subis pendant une nuit de Noël. Comme le roman, la pièce de théâtre est complexe, les flashbacks et le présent s’entremêlent dans une tension ininterrompue. L’histoire se passe à Paris, l’auteur du roman est français mais la pièce se déroule en allemand (surtitré en français). La violence est également abordée à travers d’autres prismes, notamment celui du racisme des policiers ou du rejet que lui témoigne sa famille. Spectacle coup-de-poing dont on ne sort pas indemne, l’analyse impitoyable de cette agression est réglée comme du papier à musique par Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne de Berlin.

La police scientifique en combinaison blanche inspecte la scène du crime, en l’occurrence l’appartement d’Edouard. C’est effectivement là que les crimes ont eu lieu puisque le jeune homme a délibérément invité Reda à monter chez lui le soir de Noël. Ils marchaient seuls dans Paris et Reda, jeune homme kabyle beau à couper le souffle, lui a fait des avances. La soirée, qui se passait merveilleusement bien, a dégénéré.

Dans un premier temps, Edouard n’a pas voulu porter plainte. Il s’y est décidé bien plus tard et a alors été confronté à une autre forme de violence, celle de policiers racistes qui ne le ménagent pas : « Vous avez fait monter un inconnu chez vous en pleine nuit ? ».

Edouard a quitté sa famille avec qui il avait des liens plus que conflictuels (racontés dans son premier roman : « En finir avec Eddy Bellegueule »). Il est issu d’un milieu pauvre qui n’a jamais accepté son homosexualité. Cependant, il raconte l’histoire à sa sœur Clara qui s’empresse de relater les faits à son mari en leur donnant sa propre interprétation. Comme les plans s’entremêlent, Edouard commente le récit de Clara (pour le public). Bien vite, il regrette de l’avoir contactée, elle lui reproche ses postures d’intellectuel bourgeois.

Cette histoire de violences aborde également les examens médicaux qu’Edouard doit subir après l’agression. Dans cet univers froid et aseptisé, Edouard tente de trouver un peu d’humanité, prenant le docteur dans ses bras pour le remercier.

Edouard Louis a contribué significativement à l’adaptation théâtrale de son roman par Thomas Ostermeier. La pièce ressemble à un puzzle mais l’histoire reste fluide de bout en bout. Pendant qu’un batteur ponctue certaines séquences de quelques notes dramatiques, les scènes filmées en direct au moyen de smartphones sont restituées sur un écran géant. Laurenz Laufenberg est époustouflant dans le rôle d’Edouard et Renato Schuch n’est pas en reste dans son interprétation de Reda. En conclusion, une très belle réussite qui aborde la violence sous toutes ses formes, tant physique que morale, avec beaucoup de justesse et parfois même, avec une note d’humour.

Théâtre National Wallonie-Bruxelles