Forêts paisiblesVaudeville mythologique

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 22 au 26 novembre 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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Forêts paisiblesVaudeville mythologique

Martine Wijckaert fait partie de ces rares sensibilités qui, par singularité personnelle autant que par conviction politique, s’ingénient à déborder les frontières de leur discipline artistique en les effritant par les marges. Forêts paisibles, sa dernière création, n’y fait pas exception.

La scénographie vaut avertissement, tout y sera ambigu. Les murs sont tapissés comme à la maison d’un motif suggérant un biotope marécageux en sous-bois. Mais une fontaine à eau et un rideau de douche sur tringle nous suggèrent qu’on est tout aussi bien dans un appartement bas de gamme où va pourtant se déchaîner un monde archaïque, fondamentalement pulsionnel, celui d’un couple de satyres flanqué de sa progéniture adolescente. Médiocres, vulgaires et velus aux sabots fendus, les parents se lamentent d’avoir engendré une enfant « anormale » : rebelle, glabre et en baskets. Terrée dans sa « chambre » – une tente de camping – celle-ci remâche sa résistance à ressembler à ses dégénérés de parents.

Dans cette fable féroce, entre vaudeville et mythologie, la famille nucléaire est l’empire de la transgression du tabou – de l’inceste au meurtre – et de l’hypocrisie absolue. Jubilatoires, les chamailleries de Véronique Dumont, Alexandre Trocki et Héloïse Jadoul dessinent un inframonde entre la vie quotidienne de Pan le satyre et celle des Deschiens. Aussi rustres dans leurs relations que raffiné·es dans leur langage, père, mère et fille font et défont les alliances, envisageant les homicides les plus barbares et se vautrant joyeusement dans leur fange, pour une décapante bacchanale à l’humour corrosif.

Production La Balsamine

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Vendredi 25 juin 2021, par Palmina Di Meo

Forêts paisibles : Objet théâtral non identifié pour les quarante ans de la Balsamine

Cela commence dans un décor de papier peint tout en branchages et feuillages évoquant aussi bien une forêt sauvage qu’une allée royale. Mais voilà que les gazouillis d’oiseaux se transforment en roulements de tambour...

Une ado dirige un couple. Face au public, ils font mine d’interpréter la 4ème entrée de l’opéra de Rameau « Les Indes galantes ». Et cet air de la « Danse du grand calumet de la paix », que peut-il bien inaugurer ?

Le couple tente de faire entrer un brancard par une ouverture trop étroite du décor : manœuvres maladroites, reproches et tentatives d’autodiscipline.
De surprise en surprise, le brancard se transforme en un lit matrimonial, le couple en satyres minables et en guise de source naturelle : une fontaine à eau à moitié pourrie. Les chamailleries reprennent pour la distribution des rôles. L’homme s’obstine à vouloir revêtir le caleçon aux attributs féminins. Il finira à contrecœur par s’affubler d’un énorme sexe en érection.

Rien de paisible ici. De la bombe à la Martine Wijckaert. Ce couple de velus a engendré une enfant glabre qui se terre dans une tente ballon zippée et n’a pas grand-chose à dire à ses géniteurs décadents.

Le couple = un havre de paix ?
La famille = lieu de confinement obligé où couvent les instincts les plus primitifs ?

Seuls font bon ménage dans ce bosquet aux allures de gruyère, le désir d’homicide, d’inceste, un vernis de condescendance sur un langage vert.
Nous laisserons aux spectateurs la découverte du coup de théâtre final et du retour à l’état le plus sauvage.

Chapeau aux comédiens, Alexandre Trocki, Véronique Dumont et Héloïse Jadoul qui plongent à fond dans l’interlope et le cambouis. Car « Forets paisibles » a été écrit pour eux, pour ces acteurs géniaux, transformables à souhait.
Vaudeville, allégorie, satire, le spectacle de la débâcle humaine vous fera franchement rire ou sourire jaune. On aime ou pas mais cela ne laisse pas indifférent.

Palmina DI MEO

Théâtre National Wallonie-Bruxelles