Europe connexion

Bruxelles | Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 9 au 26 novembre 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

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Europe connexion

Dans Europe Connexion, Alexandra Badea dépeint le quotidien d’un lobbyiste qui met tout en œuvre pour modifier les textes de lois votés à la Commission Européenne afin de servir les intérêts de l’agro-business. Derrière chacun de ses succès, réside un désastre pour l’humanité. Le G.I.E.C. crie. Le monde est sourd. Notre système économique engloutit le vivant dans une boulimie démesurée. Nous sommes devenus nos propres prédateurs. Les monstres mythologiques étaient censés inspirer au public « terreur et pitié », mais nos monstres modernes ont compris qu’il faut donner des gages, du moins en apparence ; devenus prescripteurs des normes et règles de nos vies, ils remplacent « terreur et pitié », par « fiabilité et admiration », aidés du pouvoir de la rhétorique qui transfigure le réel, et dont Alexandra Badea nous aide à disséquer les mécanismes impitoyables.
Elle nous aide à faire le premier pas. À nous de faire les autres. C’est un texte de résistance. C’est un texte poétique. C’est un texte politique.

Distribution

texte Alexandra Badea • jeu Pierange Buondelmonte, Aline Mahaux • scénographie & costumes Gaëlle Marras • œil extérieur scénographie Cyril Aribaud • lumières Philippe Sireuil • régie générale N.N. • mise en scène Pauline d’Ollone

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Mercredi 16 novembre 2022, par Catherine Sokolowski

Halte à la suprématie financière !

Dans « Europe connexion », Pauline d’Ollone a choisi de disséquer le rôle des lobbyistes au sein de la Commission Européenne. La pièce se base sur un texte de Alexandra Badea qui met en scène un assistant parlementaire ayant pour objectif de devenir lobbyiste. La pièce est éminemment militante. La metteuse en scène est en colère au vu de l’inaction des politiciens face aux catastrophes en devenir. Pas de meilleur moyen pour comprendre les choses que de se mettre dans la peau du personnage. Avec beaucoup de conviction et de dynamisme, Aline Mahaux et Pierange Buondelmonte matérialisent la pensée et la stratégie de ce(tte) lobbyiste dans les méandres des institutions européennes. Une belle réussite.

Les pièces se déroulant dans les couloirs de la Commission ne sont pas légion. Il y a bien eu « Etudes » de Françoise Bloch qui abordait le thème des 20 000 lobbyistes de Bruxelles mais le sujet n’attire pas les foules. Pourtant, il devrait. C’est de l’avenir de la planète dont il s’agit, donc celui de nos enfants et petits-enfants. Ici, le point de vue est volontairement dénonciateur.

Notre assistant parlementaire, devenu lobbyiste du business de l’industrie agro-alimentaire et en particulier des pesticides, est guidé par ses envies de puissance, richesse et succès. Son ambition est donc très autocentrée. Hypermotivé, il est obnubilé par son objectif, arrivant à faire un déni sur les rapports du GIEC, les critiques diverses et même sur l’avis de son grand-père. A chaque obstacle, il trouve une solution utilisant tous les moyens possibles pour les contourner. Son discours est que tout est permis puisque seuls les pesticides peuvent permettre de juguler la faim dans le monde.

Le(la) lobbyiste est interprété(e) tour à tour par les deux acteurs car il (elle) pourrait autant être femme que homme. Il se parle à lui-même, à la seconde personne. Il maîtrise la rhétorique, ce qui lui permet de convaincre. Bien sûr, il ne se présente pas comme lobbyiste. Il est expert ou conseiller. Fin stratège, il arrive à s’imposer alors même qu’il ne fait que défendre les intérêts financiers de l’industrie agro-alimentaire.

En réalité, triste rôle que celui de défendre des intérêts financiers aux dépens de celui des êtres humains. Notre lobbyiste pourra-t-il se nourrir de cette perspective ? Soutenu par sa femme qui lui rappelle qu’il faut payer les factures, dénigré par son papy, pourra-t-il tenir sur le long terme ? Le spectacle monopolise l’attention de bout en bout, seules pauses accordées : deux chorégraphies sur un morceau de CCCP (groupe punk italien), « Lo sto bene ». Le message est vrai même s’il présenté ici de manière subjective. Du théâtre militant, la base, servi par une belle mise en scène et des acteurs au top, n’attendez pas !

Théâtre des Martyrs