Du béton dans les plumes

Bruxelles | Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 15 au 19 novembre 2016
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre des Martyrs
place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

Moyenne des spectateurs

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Du béton dans les plumes

Quelque part en Belgique, dans une région où les terrils sont des montagnes, un fils né en 1990 hérite de la maison familiale. La maison est en ruine et au milieu de la cuisine en travaux, les souvenirs ressurgissent. Il doit choisir, chef de chantier d’un jour il hésite. Que veut-il à son tour laisser à ses enfants ?

Je suis un auteur. Et je suis jeune. On pourrait dire que je suis un jeune auteur mais cela deviendrait alors une affaire d’étiquette et je n’ai jamais été friand des étiquettes. Je m’intéresse particulièrement à la tragédie. J’aime l’écriture quand elle ne tente pas d’être cynique par peur de l’émotion et quand elle n’use pas du ridicule par peur de la gravité. Ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas le cynisme … ou le ridicule. J’aime que la scène soit un lieu où l’on peut tout convoquer. J’ai décidé qu’il fallait parler de ma faim, la décortiquer pour comprendre d’où elle naissait. Parler de ma génération, de nous. Je dis NOUS pour ma génération et JE pour la vision que j’en ai. Avec la liberté d’une agréable et pleine subjectivité. Je veux parler d’un fils des années 90, comme moi. Et travailler avec des collaborateurs qui ont cet âge, comme nous. En parler dans la ville où j’ai grandi et où nous avons étudié. Je ne dirais pas que c’est un retour aux sources, je ne suis jamais parti. Mais c’est une manière de comprendre ce qui nous a forgés, nous qui allons être en âge de prendre le rôle de nos parents.

Sur le plateau, quatre acteurs, quatre garnements aux mines rieuses vous entraînent à travers une histoire de famille, de génération, de mémoire. De rebond en rebond, d’un personnage à un autre, ils prennent en charge le récit qui par bien des côtés nous rappelle l’histoire d’Icare, entre les cigarillos et les sandwichs mous, le porto et les oiseaux sans tête.

(Axel CORNIL, auteur et metteur en scène)

JEU Allan Bertin, Benoît Janssens, Axel Cornil, Valentin Demarcin, Adrien Drumel
SCÉNOGRAPHIE Thomas Delord
COLLABORATION AUX COSTUMES Charlotte Lippinois
DRAMATURGIE Meryl Moens
ÉCRITURE & MISE EN SCÈNE Axel Cornil

Distribution

Textes et mise en scène Axel Cornil , avec Allan Bertin, Benoît Janssens, Axel Cornil, Valentin Demarcin, Adrien Drumel

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Jeudi 17 novembre 2016, par Yuri Didion

Come as you are

Pétrone hésite sur ce qu’il convient de faire de la maison de son père : la reconstruire, la vendre, l’abattre ? Tandis qu’il se questionne sur le chantier dont il a hérité, les souvenirs resurgissent. Évoluant au milieu d’une scénographie aussi efficace que simple, quatre comédiens incarnent tour à tour Pétrone et ses différents interlocuteurs.

Le spectacle dresse l’état de cette génération née à la charnière du millénaire, entre la chute du mur de Berlin et celle des Tours Jumelles. Une génération élevée dans la nostalgie de ce siècle qui a enchaîné hapax sur hapax, deux guerres mondiales, un scission géopolitique et la réconciliation. Comment peut agir la jeunesse avec ce passé écrasant ? La réponse réside peut-être dans les mythes et symboles convoqués, entre Icare, dont les ailes fragiles entraînent la chute, et Europe, la vieille terre qui pleure ses morts. Sous nos yeux ravis se crée alors une mythologie contemporaine forte autour d’un personnage-symbole : Pétrone. Né dans le "pays de terril", ce jeune homme grandit dans l’étouffement d’une ambiance mortifère. Autour de ce jeune homme, icône d’une génération en perte de repères, tout n’est que désolation.

Le public se questionne avec lui sur cet héritage - qui va au-delà de la maison en ruine - et ce qu’il peut en faire. Autrement dit, avec le patrimoine que nous lèguent nos ancêtres, quelle part de l’Histoire pouvons-nous écrire ? Et c’est là que réside la force du texte : toutes les questions restent ouvertes. L’auteur nous livre donc son questionnement et nous invite à le suivre, mais à nous de trouver nos propres réponses.

Le décor épuré et brut sert pleinement le texte aux fondations solidement ancrées dans le vrai, et d’une grande expressivité. Se construit alors, avec toute la puissance du mythe, une histoire aux thématiques contemporaines. La mise en scène, quant à elle, marque par une esthétique grunge ainsi qu’un jeu avec les codes théâtraux poussé à l’extrême. Si, au premier abord, ce procédé inhabituel peut surprendre, le jeu est limpide, la compréhension est intacte. Au final, cela offre donc une grande liberté aux interprètes qui prennent en charge chacun des rôles tour à tour, et donne un caractère très brechtien à l’ensemble, ce qui renforce l’adresse au public. Tout cela est soutenu par un rythme intense qui assure au spectateur une immersion complète dans cet univers plein d’humour et de sentiments exacerbés.

Un travail d’autant plus remarquable que l’auteur-metteur en scène assume avec brio un rôle de comédien. Et ses trois partenaires le lui rendent bien : leur jeu net et ciselé soutient merveilleusement ce texte intense.

"Du béton dans les plumes" est un spectacle d’une grande force, qui atteint directement le public et l’invite à de nouvelles pistes de réflexion.

Axel Cornil, auteur, metteur en scène et comédien.

Après un parcours en art dramatique au Conservatoire royal de Mons et une spécialisation en écriture théâtrale à l’INSAS, cet artiste montant signe notamment "Crever d’amour", réinterprétation du mythe d’Antigone, ou "Jean Jean", un spectacle jeune public. Une palette large, donc, répondant à une curiosité artistique qui l’est tout autant. Pour ce spectacle, son travail mêlait écriture de plateau et écriture en chambre. Des questionnaires aux comédiens ont servi de base d’inspiration à une période d’écriture. Une fois le texte prêt, tous les quatre ont pu le mettre à l’épreuve du plateau afin d’y appliquer d’ultimes retouches avant de commencer les répétitions.

Il décrit passionnément son travail dans les pas de ceux qui l’ont précédés, citant des influences comme Koltès ou Cliff. Son écriture, qui mêle lyrisme et poésie, résonne comme une expression directe de l’âme. Un artiste qui mérite donc d’être promu, et rencontré si l’occasion se présente.

Théâtre des Martyrs