CEUX QUE J’AI RENCONTRES NE M’ONT PEUT-ETRE PAS VU

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 13 au 17 décembre 2016
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National
boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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CEUX QUE J’AI RENCONTRES NE M’ONT PEUT-ETRE PAS VU

A voir dans le cadre du Festival des Libertés : le 29 octobre 2016

Depuis quelques années, le Nimis Groupe ausculte les politiques migratoires européennes et commence à y lire en creux les lois d’un marché de la migration que les victimes payent au prix fort.
Que se passe-t-il aux frontières de l’Union, dans les centres d’accueil, lors d’une audition pour une demande d’asile, avant l’ultime voyage vers l’Europe ?
Le Nimis Groupe, accompagné de demandeurs d’asile, déploie une épopée où l’humour et la légèreté font ressortir la profondeur d’épisodes absurdes de vérité.
A mesure que l’Europe s’enfonce dans la dénégation de ces milliers de morts qui s’amoncellent chaque année davantage sur les côtes italiennes, espagnoles ou grecques, à quel point la gestion et le contrôle européens des “flux migratoires” sont-ils devenus d’importants enjeux économiques ?

« …Un équilibre remarquable, qui évite les pièges faciles de la culpabilisation ou du message moralisateur. Le jeu et la mise en scène possèdent une puissance très forte, qui tire ses ressources du naturel et du vécu des situations présentées… » Scène
« … Le spectacle dissèque avec humour et gravité des scènes absurdes de vérité que vivent les réfugiés au quotidien… Les mots, le théâtre, le jeu et la mise en scène possèdent une puissance plus forte et directe pour toucher le public. » FRANCETVINFO.FR

« **** Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu redonne un visage humain à ces « flux » anonymes en convoquant, sur scène, six demandeurs d’asile (venus de Guinée-Conakry, Mauritanie, Cameroun ou Congo RDC). On plonge avec eux dans la réalité du voyage de tous les dangers, des procédures administratives, des entretiens humiliants, des centres fermés, des impasses qui persistent une fois le titre de séjour obtenu… » Le Soir

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4 Messages

  • Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu

    Le 25 janvier 2016 à 17:07 par amelimel

    Le Nimis Groupe, collectif d’actrices et d’acteurs réunis par la nécessité d’interroger les politiques migratoires de l’Union européenne, joue magistralement la carte de l’humour noir et de la pédagogie pour dénoncer l’inhumanité dont l’Europe fait preuve face au flux de migrants. Et l’absurdité des situations qui en découlent. Renforcée par la présence sur scène de demandeurs d’asile jouant leur propre rôle, la pièce documentaire "Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vus" incarne tout à la fois les fonctions politique et sociale d’un théâtre de haut niveau.

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  • Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu

    Le 31 janvier 2016 à 15:23 par VincentD

    Spectacle exceptionnel à voir absolument. Le collectif NIMIS s’est particulièrement bien documenté sur ce sujet brûlant en allant dans beaucoup d’endroits différents. On sent qu’ils ont pris le temps pour monter ce spectacle qui leur tenait vraiment à coeur. En rencontrant des "sans-papiers", ils ont voulu les associer à leur travail et ils les ont invités sur scène. Je dois dire que je n’ai jamais senti, dans leur interprétation que c’étaient des non professionnelles.
    Mais j’ai surtout aimé leur traitement du sujet. Jamais on ne se sent perdu devant une matière aussi complexe alors qu’il est traité de manière plus que complète. Les comédiens sont fantastiques. Et l’humour souvent présent pour ne pas rendre ce spectacle trop indigeste, mais c’est à chaque fois une touche d’humour intelligent.
    Bref, cette pièce devrait être reconnue d’utilité publique et politique et devrait être vue non seulement par un maximum de jeunes mais aussi et surtout par un maximum de nos représentants politiques pour qu’ils ne prennent pas de mauvaises décisions en matière d’immigration et d’accueil des réfugiés avec certains à-priori actuels !

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  • CEUX QUE J’AI RENCONTRES NE M’ONT PEUT-ETRE PAS VU

    Le 2 mars 2017 à 00:14 par hello

    Excellent spectacle de sensibilisation sur la migration et les procédures d’asile.
    Parmi les acteurs, d’anciens et actuels demandeurs d’asile qui savent de quoi ils parlent...
    Intéressant. Attristant.
    Très pédagogique. Parfois comique.
    Mais il y a peu du rire aux larmes.
    Très longue ovation par un public nombreux bien plus jeune que d’habitude.

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Jeudi 12 février 2015, par Christophe Ménier

Le Nimis Groupe, ou l’émigration en débat

Hier soir fut présentée une première étape de travail du Nimis groupe, une création interrogeant ces « flux migratoires » traversant la Méditerranée depuis le continent africain vers le continent européen. Un spectacle émouvant, entre théâtre documentaire et réflexion politique intransigeante.

Le Festival de Liège propose pour cette édition 2015 une réflexion autour de Lampedusa, cette île au large de la Sicile, symbole terrible de la « forteresse Europe ». Dans sa programmation, on retrouve trois créations théâtrales qui offrent des lectures singulières de l’émigration ; « En attendant les barbares » de Ali et Hèdi Thabet, « Going Home » de Vincent Hennebicq ; « Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu » du Nimis Groupe.

Quelles sont les raisons qui rendent la démarche du Nimis Groupe particulièrement intéressante ? La plus évidente c’est que leur création (une étape de travail, rappelons-le) s’inspire d’éléments de la réalité que les acteurs/actrices ont éprouvé dans leur chair, et qu’une partie d’entre eux sont des personnes en cours de procédure de régularisation. On retrouve donc sur scène des acteurs/actrices qui détiennent la citoyenneté européenne et d’autres qui ne la détiennent pas. D’emblée, le spectateur est averti par une petite voix anglophone dont les paroles sont traduites sur un prompteur. En restant dans la salle assister au spectacle, il se rend complice d’une situation illégale. En effet, le droit belge interdit aux demandeurs d’asile d’exercer une profession sur le sol belge (fut-ce celle d’acteur/actrice) tant que leur situation n’a pas été régularisée. Le spectateur a donc un délai de 40 secondes pour quitter la salle...

Mais est-ce à dire que seules les interventions autobiographiques sont ce qui rend le spectacle singulier ? Non, car à côté de ces récits de vie à la première personne, on retrouve des séquences plus théâtrales où l’effet de distanciation permet aux acteurs de questionner (finement) ce qu’ils sont en train de jouer sur scène.

A titre d’exemple, citons la reconstitution cinématographique filmée en direct en champ/contrechamp et projetée sur un écran en arrière scène. La séquence reprend dans un style documentaire un entretien entre un fonctionnaire (joué par un acteur) et une demandeuse d’asile (qui joue son propre rôle). Un tel dispositif permet plusieurs niveaux de jeu : l’acteur s’interrompt pour adresser « face caméra » les états d’âme de son personnage. Il reprend ensuite le fil de la discussion puis s’interrompt une seconde fois pour demander à sa partenaire s’il ne rend pas son personnage trop détestable. Elle lui répond qu’au contraire le fonctionnaire réel était bien plus toursiveux, bien moins aimable. On peut alors apprécier le changement de ton lorsque l’acteur intègre ces nouvelles données dans son jeu.

Par ailleurs, un autre pan du spectacle, très didactique, cherche à apporter des clés de lecture au spectateur pour lui permettre d’apprécier la politique européenne en matière d’émigration, sans pour autant tomber dans les pièges de la vulgarisation. En outre, un buzzeur rouge en avant scène donnait la possibilité à n’importe quel spectateur d’intervenir pendant le spectacle pour poser une question sur un point nébuleux. La visée pédagogique de certaines parties du spectacle auraient pu alourdir le propos, mais les acteurs ont eu l’intelligence de se donner une dramaturgie étroite comme base de travail.

Leur enquête repose sur un constat paradoxal : les émigrés qui fuient la pauvreté de leur pays d’origine deviennent sources de richesse pour l’Europe. En effet, leur arrivée massive aux frontières européennes entraîne non seulement des investissements conséquents dans certains secteurs, comme les technologies de pointe (drones, radars, etc), mais aussi la création de milliers d’emplois administratifs (l’agence Frontex par exemple). Sans compter qu’ils constituent aussi une réserve de main d’œuvre bon marché... Bref, une vraie industrie européenne de l’émigration, plutôt juteuse.

Le spectacle cherche donc à savoir à quel point ces émigrés sont devenus un rouage économique qui sert les intérêts de puissants lobbyings industriels, alors que la politique européenne s’enfonce dans la dénégation de ces milliers de morts qui s’amoncellent chaque année davantage sur les côtes italiennes, espagnoles ou grecques.

Reprenons enfin un extrait du débat avec toute l’équipe qui suivit la représentation. Un spectateur avisé demanda par quels moyens pouvait-il aider, concrètement, les demandeurs d’asile ? En d’autres termes, quels outils les acteurs pourraient lui donner pour transmuer son sentiment d’impuissance en démarche positive ? Il faut bien admettre qu’à ce stade, il serait difficile pour eux d’y répondre, le spectacle voulant davantage sensibiliser qu’offrir de vrais pistes d’actions citoyennes. Mais on ne pourrait douter que cette première étape puisse ultérieurement déboucher sur un spectacle formidable, tant les acteurs sont portés par ce en quoi ils croient. On se réjouit déjà des suites du projet.

C.M.

Théâtre National Wallonie-Bruxelles