Bruxelles, printemps noir

Bruxelles | Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 9 au 31 mars 2018
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

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Bruxelles, printemps noir

FICTIONS DU RÉEL
Une ville. Des hommes et des femmes. Et soudain des bombes qui explosent, fracassant des vies, meurtrissant les habitudes et les certitudes, esquintant les constructions personnelles et les édifices sociaux, mettant à nu les contradictions cachées, révélant des faiblesses là où on attendait la force et des forces là où on ne les supposait pas, mettant en doute et en débat. En dix-huit séquences mettant en scène plus de quatre-vingt personnages confiés à une vingtaine d’actrices et d’acteurs, Bruxelles, printemps noir, s’intéresse à l’après de la bombe, aux éclats fragmentés qu’elle dépose au creux de nos intimités, de nos émotions, de nos comportements et de nos convictions. Aux antipodes de la pièce d’actualité et dans une écriture où comique et tragique font bon ménage, Bruxelles, printemps noir, interroge les bruits de notre temps, avec pour boussole l’inventivité poétique du théâtre.
Jean-Marie PIEMME & Philippe SIREUIL

Distribution

JEU Frank Arnaudon, France Bastoen, Jean-Pierre Baudson, Isabelle De Beir, Dolorès Delahaut, Sophie Delogne, Patrick Donnay, Itsik Elbaz, Soufian El Boubsi, Maude Fillon, Janine Godinas, Ben Hamidou, Agathe Hauser, Antoine Herbulot, Daniel Jeanloz, Charlotte Leblé, Stéphane Ledune, Fabrice Rodriguez, Laurent Tisseyre. SCÉNOGRAPHIE Vincent Lemaire
VIDÉO Stefano Serra
LUMIÈRES Benoît Théron
DÉCOR SONORE Geoffrey Sorgius
COACHING VOCAL Daphné D’Heur
COSTUMES Catherine Somers
ASSISTANAT COSTUMES Pauline Miguet
HABILLAGE Anicia Echevarria
CRÉATION MAQUILLAGES Zaza Da Fonseca
MAQUILLAGES Djennifer Merdjan assistée de Lara Correia, Ambre Machtelinckx CRÉATION ACCESSOIRES Ségolène Denis, Anne Marcq
RÉGIE GÉNÉRALE Antoine Halsberghe
RÉGIE Nicola Pavoni
RÉGIE PLATEAU Justine Hautenauve, Ralf Nonn
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Delphine Peraya
MISE EN SCÈNE Philippe Sireuil

COPRODUCTION La Servante / Théâtre en Liberté / Théâtre National Wallonie-Bruxelles / Compagnie Biloxi 48 / La Coop / Les teintureries - Ecole de Théâtre.
Avec l’aide du Centre des Arts Scéniques.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’Askéné, Shelterprod, taxshelter.be, ING et du Tax-Shelter du Gouvernement fédéral belge.

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4 Messages

  • Bruxelles, printemps noir

    Le 11 mars 2018 à 14:28 par loulou

    Je n’ai pas vu le temps passé (2h10) ;18 séquences se sont succédé,chacune traitant d’une facette différente des attentats.
    Certaines m’ont touchée plus que d’autres ;cela dépend essentiellement du vécu de chacun.
    Il ne s’agit en aucun cas d’un spectacle "plombant" bien au contraire.

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  • Bruxelles, printemps noir

    Le 14 mars 2018 à 08:43 par alec

    La mise en scène est remarquable, un bel effort a été réalisé pour mettre en valeur les costumes, les situations et les personnages dans leurs scènes respectives, mais la structure complète de la pièce est assez décousue, le texte, qui semble se vanter d’entrer dans un sujet de fond, l’aborde sans vraiment aller jusqu’au bout. Le résultat n’est pas fort convaincant, même si quatre ou cinq des scènes sont vraiment superbes. On a l’impression d’assister à un spectacle d’école de fin d’année avec des moyens de mise en scène démesurés.

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  • Bruxelles, printemps noir

    Le 16 mars 2018 à 01:09 par Aurelia

    Je l’avais déjà vu (et joué), sous le nom de "Métro 4", et j’appréciais déjà beaucoup la "patte" de Jean-Marie Piemme qui relate des tranches de vies s’entrecroisant, s’entrechoquant, se loupant ou se percutant, au gré du "hasard", dans un style épuré, simple et brut, hyper réaliste mais qui laisse néanmoins la place à toutes les fantasmagories humaines. J’ai beaucoup aimé cette version améliorée et remise au goût (amer) du jour, si j’ose m’exprimer ainsi, et dans un contexte, hélas, plus en adéquation avec une actualité géographiquement proche de nous : "Bruxelles, printemps noir" est enrichie de textes et pistes de réflexions qui fait une mise au point sur le fait poignant des attentats du 22 mars, tout en dézoomant son œil perçant et en portant un regard plus global, international et complet sur ces dérèglements humains. Merci à tous ces talentueux artistes pour ce compte-rendu important <3 Allez-y sans hésiter !

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Lundi 19 mars 2018, par Jean Campion

Dans le sillage de Maelbeek et Zaventem

Les attentats de Madrid (2004) et de Londres (2005) avaient inspiré à Jean-Marie Piemme "Métro 4", une pièce où une bombe explosait Porte de Namur. Philippe Sireuil travaillait ce texte avec ses élèves. En 2016, les bombes de Zaventem et de Maelbeek font résonner tout autrement les mots de "Métro 4". Aussi Piemme repense un certain nombre de séquences. Comme il aurait pu être dans le métro maudit, il devient même un personnage de "Bruxelles, printemps noir". La nouvelle mouture garde le même objectif : suivre les répercussions d’un attentat sur un corps social traumatisé par la violence. Pas de reconstitutions historiques ni de leçons morales ou politiques, mais le droit à l’humour : "Le théâtre ne doit pas être une punition, parce que le monde va mal."

Sans intrigue ni personnages récurrents, "Bruxelles, printemps noir" est un spectacle éclaté. Chacune des dix-huit séquences indépendantes éclaire, à sa façon, l’impact des attentats et notre fragilisation. Au coeur du volcan. Nous écoutons successivement 32 conversations, interrompues par le bruit sourd d’une bombe. Nous lisons consciencieusement ces paroles, pourtant banales, qui défilent sur l’écran. Par respect pour la vie, dont on mesure la précarité. L’imprévisible se rappelle à nous. Juste après l’explosion, les réactions s’opposent violemment. Egoïsme écoeurant d’une dame à peine touchée, qui exige avec fureur d’être soignée la première. Générosité et délicatesse d’une fille rescapée qui, par de pieux mensonges, apaise la mère d’une victime.

Les attentats révèlent des fissures, chez des protagonistes issus de milieux différents. Dans une famille, on se querelle à propos de la baby-sitter voilée. Peut-elle encore aller chercher les enfants à l’école ? Plus déterminée que son père, immigré marocain, Alia refuse d’abdiquer. Horrifié par les images sanglantes, un jeune homme renonce à sa passion du cinéma et se coupe de ses amis du samedi soir. Dans une interview filmée, un djihadiste justifie calmement ses crimes et se montre sûr de la victoire : lui n’a pas peur de la mort ! Discussion houleuse entre l’intervieweuse et ses collègues. La télévision peut-elle diffuser de tels propos ? En rentrant chez lui, un journaliste de l’équipe se fait agresser par sa belle-mère : "Vous et votre télévision, vous êtes des tonneaux vides, vous salissez les morts, c’est tout." Sa contre-attaque est virulente : "Les gens aiment l’horreur. Ce sont des anthropophages, qui mangent la mort avec les yeux."

Nerveuses, percutantes, ces séquences font de l’ombre à d’autres peu développées ou trop attendues. Comme cet interrogatoire brutal mené par des flics odieux, qui s’acharnent sur une suspecte à leur merci. On retrouve la même inégalité dans les scènes amusantes, qui nous détachent du réel. Les répliques grinçantes et désabusées de la Mort, faisant l’appel des 32 victimes, déclenchent plus de rires que les minauderies des Parques. Pour ridiculiser la vanité des discours politiques, Piemme utilise le burlesque. Caricaturés en héros de carnaval, Bart, Charles et Joëlle se chamaillent et martèlent leurs slogans bêtifiants. L’auteur vise la même cible, avec un humour plus subtil, à travers la conférence de presse ratée d’un premier ministre. Quand un Arabe, mort dans un des attentats, lui demande de citer son nom, le politicien refuse d’échapper aux paroles de circonstances et aux mots banalisés comme "victime". Il tentera quand même de prononcer son nom, pour lui rendre son identité. Un essai qui le déstabilise complètement. Le ministre de l’intérieur doit sauver la situation, par un discours musclé, aux accents mussoliniens.

La mise en scène de Philippe Sireuil encadre rigoureusement ce patchwork imposant. Un rideau de lanières translucides et des panneaux amovibles assurent aux multiples changements de décors, une grande souplesse. L’opposition des styles, les lumières souvent froides, les titres affichés, le décor sonore nous tiennent à distance. On prend du recul, pour observer cette série d’ondes de choc. Ces réactions contrastées, qu’une vingtaine de comédiens vivent avec conviction dans des scènes chorales, des affrontements intimes et des vidéos efficaces. Le spectacle s’ouvre sur une nouvelle version de "Bruxelles, ma belle", chantée par une troupe solidaire et s’achève dans l’impasse d’une discussion stérile. Jean-Marie Piemme ne cherche ni à nous consoler ni à nous plonger dans la morosité : "Achever "Bruxelles, printemps noir" a été pour moi un acte d’autodéfense contre le trop plein brutal des événements." Faisant appel à son imagination et à son talent de dramaturge, il confronte différentes retombées des attentats. A nous d’exploiter ce tremplin de réflexion.

Jean Campion

Théâtre des Martyrs