Lundi 17 juin 2013, par Karolina Svobodova

Wanted

"Qui cherche trouve" dit la maxime de celui qui poste une petite annonce. Mais qui sont ces anonymes qui n’hésitent pas à se livrer au moyen de ces petits encarts dans la presse ? C’est chacun de nous, répond le collectif bruxellois Tristero dans son spectacle The Search Project.

Le journal traîne sur la table, presque sans y penser, on s’en saisit. On l’ouvre à la page des petites annonces. Y cherche-t-on quelque chose ? Non. Enfin...pas tout à fait quelque chose. Un possible, un peu de la vie de l’autre, un peu de misère, un peu de rêve. Les petites annonces sont comme une fenêtre dans laquelle l’autre se donne à voir, pas entièrement bien sûr, un aspect seulement. A partir de celui-ci nous nous laissons aller à imaginer le reste. Si on y trouve de tout, on y cherche encore plus. De l’amour, bien sûr, du sexe souvent, un chapeau, une maison à louer, un adversaire pour le tennis, un objet de notre enfance. Ces quêtes sont l’objet du spectacle "The Search Project" de Tristero, repris à l’occasion de la clôture de la saison du Kaaitheater et des 20 ans du collectif. En version XL et avec les membres de l’équipe du Kaai, le spectacle présenté ce 15 juin au Kaai est annoncé comme une exclusivité : il ne sera joué qu’une fois.

Sur l’écran du fond de la scène, une petite annonce apparaît, pleine d’abréviations, on essaye de deviner ce que cela peut bien vouloir dire. Autour, des gens rient, ah ! eux ont compris. Lorsqu’enfin ça fait tilt, on rajoute notre rire aux leurs. Les annonces se succèdent et on n’en finit pas de se marrer. Par le sujet, et oui, le sexe ça fait toujours bien rigoler, mais surtout par leur naïveté, leur maladresse, leur autodérision ou, au contraire, leur trop grand sérieux. Enchaînement ensuite à la Jérôme Bel : arrivée silencieuse, pose en milieu de scène, regard face public. La demande s’affiche sur l’écran et on associe un corps à une demande. Par la suite, les acteurs formuleront oralement leur annonce, tantôt en néerlandais, tantôt en français. La scène se remplira peu à peu de ces représentants de l’humanité dans lesquels nous ne pouvons que nous reconnaître. Leur disposition sur le plateau, leurs déplacements, le jeu des regards et des postures donnent lieu à une chorégraphie colorée. La solitude révélée à travers tous ces messages est par moments surmontée : une demande a reçu une réponse : une danse individuelle et silencieuse prend vie lorsque la musique se fait entendre et que d’autres viennent s’y joindre. Jolie note d’espoir.

En choisissant de reprendre ce spectacle pour ses 20 ans, Tristero affirme son intérêt pour le quotidien et le monde environnant. Sa démarche, que je qualifierais ici d’impressionniste, nous fait partager leurs questionnements. Engagés dans la société, ils en interrogent les modes de fonctionnement et en livrent, avec beaucoup d’humour et de lucidité une vision complexe qui rend leurs spectacles si intéressants.

Karolina Svobodova.