"Vleck" de Pascal Lemaître, Pastel édition en français et édition en "Brusseleer" (Traduction par Victor-José Géal, "Toone VII"), "L’Ecole des loisirs", collection "Pastel"
Dans les lettres latines ou grecques, l’édition en "juxtaposé" de versions originales et de leurs traductions en français est chose courante. Chez Pastel, il faut disposer côte à côte les deux albums pour apprécier le tonitruant bilinguisme franco-brusseleer du dernier opus en date de Pascal Lemaître. Mais quelle délectation alors, d’autant plus jubilatoire si vous vous livrez à la lecture à haute voix de ce voyage en enfer. Vous y ferez connaissance de Vleck, un garçonnet né de l’imagination de Pascal Lemaître (et des questionnements cosmogoniques de sa fille nous sommes-nous laissé dire...). Vleck n’est pas n’importe qui : il est le fils du Diable. Hélas, il n’est pas de la même eau que son paternel et il s’intéresse fort peu à une (improbable) succession à la tête de l’entreprise paternelle...
Ce qu’il réussit magnifiquement, Vleck, ce sont les poulets rôtis ! Ce qu’il adore faire, c’est lire "dans la plaine silencieuse des morts endormis" ("...leize in de still plain won da de doïe sloepe"). Le jour où il rencontre Skieve, c’est le coup de foudre. La spécialité de Skieve ? "Da leeveke smaït stukskes para in kauked oole" pardon ! J’ai failli oublier de traduire : "La belle jette des bouts de pomme de terre dans de l’huile bouillante"...
Comme les autres ouvrages de Pascal Lemaître, cet album au graphisme épuré et rougeoyant, fait le bonheur des enfants et des adultes, qu’ils le découvrent seuls ou en compagnie l’un de l’autre aux portes de l’Enfer...
Ce "Vleck" se situe en bonne place dans l’oeuvre de Pascal Lemaître, illustrateur pour la presse adulte et enfantine (ce jeune Belge publie dans le New Yorker, le New York Times) et a publié, entre autres, quatre albums écrits par Toni Morrison. C’est tof, non ?
Ecoutez Pascal Lemaître (nous raconter par exemple ses discussions avec le Prix Nobel de littérature dans la cuisine de Toni Morrison...) et précipitez-vous dans l’enfer de Lemaître : c’est que du bonheur !
Edmond Morrel