Lundi 4 février 2019, par Palmina Di Meo

VOYAGE AU SON DE L’IMAGINAIRE

Issu de l’Insas, Pietro Marullo travaille depuis de nombreuses années sur les matières et les volumes. Avec une formation parallèle de plasticien, c’est ce qui bouge sur un plateau qui le motive bien plus les mots.
Le son, matière centrale du projet, suggère des signifiés aux tableaux mouvants qu’il crée sur la scène. Pour lui, notre oreille est « Créatrice d’altérité ». Le son, les bruits sont un langage en soi, capables de générer les émotions les plus fortes.

Le noir, puis dans la pénombre, une voile ondule, gonflée par le vent d’une tempête, se transforme en étendard, aigle nazi ou appel de détresse. Et toujours un vacarme, un sorte de grondement, un déchaînement des forces de la nature.

Soudain une clarté presque aveuglante, un paysage d’une netteté clinique. Apparition d’une femme tout oreille qui vient coller avec soin des dessins d’enfants sur un container, seul résultat tangible de cette institutrice presque exsangue qui tente d’enseigner le grec aux enfants des migrants. Nous sommes sur les rivages de la Grèce d’aujourd’hui où les champs sont contaminés et où le miel a désormais la couleur du pétrole…

Dès sa création, la compagnie Insiemi irreali, s’est intéressée aux camps de réfugiés et aux effets de la politique européenne en matière de migrations ouvrant le questionnement sous un angle onirique. Des hotspots en Méditerranée, Marullo et ses artistes du voyage, nous invitent à suivre le fil d’Ariane au centre de la Crète dans le labyrinthe du Minotaure. Cette créature monstrueuse de Poséidon est née des amours de Pasiphaé, la femme du roi Minos et d’un taureau blanc que Poséidon avait demandé en sacrifice, animal fabuleux mi-homme mi- bête dominé par ses instincts.

Tout l’art de Pietro Marullo consiste à faire travailler les corps en fonction des matières pour créer de véritables fresques vivantes. De ces scénographies sophistiquées naissent des synchronicités inattendues et pertinentes.

Un spectacle pour les yeux et les oreilles, au goût amer teinté d’admiration pour l’impact qu’il réussit à avoir et les résonnances auxquelles il donne lieu. Objet théâtral à voir !

Palmina Di Meo