Le monde de la justice est un terreau fertile pour l’univers du divertissement. La criminalité fascine et les tribunaux, de par leur théâtralité intrinsèque, font partie intégrante de notre quotidien. Nous les voyons dans les films, nous les voyons derrière les journalistes qui suivent les procès à sensation. Tous les jours, ces derniers nous content les émotions qui ont submergé la salle, citent des extraits de plaidoirie, les moments chocs des témoignages, essayent d’interviewer les victimes et, si possible, de filmer quelques larmes.
Mais ce ne sont pas ces grands procès qui ont retenu l’attention des metteurs en scène. Les affaires qu’ils portent à la scène sont celles de la cour correctionnelle, celle qui s’occupe des délits mineurs tels que les vols, les amendes impayées, la violence conjugale, le trafic de drogue,…
Le parti pris est celui du théâtre documentaire. On fait pénétrer le public dans une salle d’audience aux bancs en bois, au tableau imposant derrière l’estrade sur laquelle prennent place le juge, le greffier et le procureur. Du fond de la salle ce sont d’ailleurs les seules personnes qu’on parvient à distinguer clairement. Les accusés on les voit à peine, de dos, on n’entend que rarement ce qu’ils disent. Heureusement, les professionnels de la justice armés de micro parlent pour eux… La justice impose, la justice écrase comme le montre la disposition de toute salle de tribunal, reproduite assez fidèlement par la scénographie.
Les affaires se succèdent et avec elles les questions que chacune d’elle soulève. Où est la justice lorsque certains bénéficient de bons avocats alors que d’autres se défendent eux-mêmes ? Quelles sont les chances pour un étranger d’être jugé équitablement alors que son avocat n’a même pas lu son dossier ? A quel point les a priori des uns et des autres déterminent à l’avance l’issue du procès ?
Pour vous faire votre propre avis, Tribuna(a)l est à voir jusqu’au 30 mars au théâtre national. Sinon il vous est également possible de vous rendre au palais de justice pour assister à cette étrange pièce en trois actes qu’est un procès.