Lundi 15 janvier 2018, par Didier Béclard

Une fable écologique

Théâtre en Liberté et Pascal Crochet s’inspirent d’un poème d’Ovide pour susciter une réflexion, indispensable, sur le rapport entre l’homme et son environnement vivant.

Une table sur laquelle repose un livre. Un homme ouvre le grimoire précautionneusement et lit : « Avant la mer, avant la terre et le ciel qui couvre tout, la nature dans l’univers entier, offrait un seul et même aspect ; on l’a appelé le chaos ; ce n’était qu’une masse informe et confuse, rien qu’un bloc inerte, un entassement d’éléments mal unis et discordants. » Après sa lecture, il plonge l’ouvrage dans un aquarium.
Trois hommes sortent d’une cabane et déposent huit plantes vertes en pot, derniers vestiges du monde végétal. Ce qui ressemble à une forêt, en fond de scène, n’est qu’un assemblage de planches et de poutres. Ils scrutent le ciel cherchant des oiseaux qui ne viennent jamais. Ils sortent les feuilles de l’aquarium pour les mettre à sécher et tour à tour lisent le texte qui les recouvre.

« Métamorphoses » est né à l’initiative de la compagnie Théâtre en Liberté qui a proposé à Pscal Crochet d’assurer la mise en scène.Il s’est inspiré d’un poème d’Ovide qui conte deux cent trente et une histoires de métamorphoses qu’il a croisé avec des extraits de textes contemporains au sujet de l’écologie, du monde animal, du monde végétal. Plutôt que de s’attacher à un texte théâtral, Pascal Crochet travaille sur des matières, des thématiques, des images. Cela donne une fable écologique dont nous sommes à la fois les patients et les médecins. Dans ce monde en perpétuel changement tout se transforme, « tout bouge, rien ne périt ».

Et Pascal Crochet pousse la métamorphose jusque dans le jeu des neuf comédiens, les corps se mouvent, parfois nus, comme le dernier territoire naturel dans un décor apocalyptique. La métamorphose se retrouve encore dans la création du texte basée sur l’écriture de plateau, un texte qui s’est élaboré au cours des répétitions, chaque comédien devenant ainsi créateur. Ce qui provoque par moment une certaine confusion de par la juxtaposition de monologues qui ne répondent pas nécessairement. Reste que l’ensemble s’interroge fort à propos sur le rapport de l’homme avec son environnement. Pascal Crochet conclut : « S’il y a bien une question centrale aujourd’hui, c’est comment l’homme se positionne par rapport au monde vivant qui l’entoure. Si l’on n’aborde pas cette question-là, c’est la fin de l’humanité, tout simplement. »

« Métamorphoses » d’après Ovide, mise en scène de Pascal Crochet, jusqu’au 10 février au Théâtre des Martyrs à Bruxelles, 02/223.32.08, theatre-martyrs.be.