Samedi 12 janvier 2019, par Yuri Didion

Un voyage poétique !

Un gars monte sur les planches. Un ? Il se multiplie vite ce type là ! Et ça commence comme un jeu. Suis-moi, je te fuis. Fuis-moi, je te suis. Des clowns qui ne s’annoncent pas, sans nez rouge et en uniforme et ce ballet acrobatique tire rapidement de francs éclat de rire à un public déjà bluffé par la stupéfiante maîtrise technique des artistes. Plus tard, les rires se taisent et laissent la place à l’inquiétude empathique. Magique !

Ce spectacle est une petite merveille qui réussit un tour de force incroyable : emporter le public dans une palette émotionnelle riche, nuancée et profonde, faire vivre un voyage poétique et tout ça, sans le moindre mot. Tout passe par le (ou les ?) corps. Car les danseurs effectuent un travail choral incroyable : pour peu, on parierait qu’ils ont synchronisé jusqu’à leur respiration, tant les mouvements de l’ensemble - et jamais ce nom n’a à ce point pris tout son sens - sont harmonieux et fluides.

Au centre de cette création, un escalier monumental s’impose et sépare la scène en deux espaces, deux plateformes qui dissimulent astucieusement tout un système de trappe et de passages. Mieux encore : de part et d’autre des degrés qui s’élèvent, deux trampolines offrent du ressort aux performeurs. Et de chutes en rebonds, ils créent une dynamique qui va monter jusqu’à la tension, entre l’un et le multiple.

"Scala" allie finalement merveilleusement les forces du théâtre et de la danse : histoire, fil dramatique, propos, poésie, rythme, musicalité du mouvement, tout se rejoint pour offrir un espace dans lequel le public est libre de projeter mille interprétations.