Mardi 20 novembre 2012, par Julie Lambert

Un paradoxe de qualité !

Pour le plus grand bonheur du spectateur, Denis Podalydès réussit là où Monsieur Jourdain a échoué : en véritable chef d’orchestre, il parvient à faire danser le sobre et le burlesque, le classique et le contemporain, le ridicule et la tendresse, la simplicité et l’extravagance, pour créer un univers enchanté où rires et folies tiennent les rôles principaux.

Le premier tableau, d’une trompeuse simplicité, annonce très vite la couleur : c’est à une fête flamboyante que le spectateur est convié. D’une part, les arts de tous styles se disputent et s’entremêlent, sous des lumières d’ocre et de cuivre, au rythme d’airs élégants ; d’autre part, les personnages, sérieux et loufoques à la fois, défilent dans des étoffes féériques et somptueuses, le tout ficelé avec beaucoup d’humour.

Et puis il y a ce fameux Monsieur Jourdain, si justement interprété ! Cet homme, investi dans sa mission de culture, est ridicule et tellement drôle qu’il en devient attachant. Il l’est d’autant plus qu’il n’hésite pas à interagir avec le public, faisant de lui, du coup, son allié.

Avec la deuxième partie, le ton monte et la folie aussi. Elle est à son apogée avec l’arrivée désopilante des turques. A partir de là, les artifices explosent dans tous les sens sans que le sens, par contre, ne se perde.

Après une telle œuvre qui ravit tous les cœurs, on ne peut s’empêcher d’avoir une petite pensée pour ce pauvre Monsieur Jourdain : s’il avait eu l’aubaine de naître quelques siècles plus tard, Podalydès gentilhomme aurait très probablement réussi à lui faire entendre la culture !

Julie Lambert