Un mardi sur deux

Bruxelles | Théâtre | Les Riches-Claires

Dates
Du 13 au 29 octobre 2016
Horaires
Tableau des horaires
Centre Culturel des Riches-Claires
rue des Riches Claires, 24 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lesrichesclaires.be
accueil@lesrichesclaires.be
+32 2 548 25 80

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Un mardi sur deux

Elle est assise au bord du lit, dans sa résidence « Les Papillons ».
Elle, c’est Madeleine.
Et un mardi sur deux, Evelyne vient lui rendre visite.
L’une oublie sa vie. L’autre tente d’oublier l’homme de sa vie.
Vieillir est difficile, aimer ne l’est pas moins.

Aux Papillons, le temps s’arrête.
Les images du film défilent à l’envers.
Celui de Madeleine ? Celui qu’Evelyne s’invente ?

Christian Dalimier nous entraîne dans les méandres de la mémoire et dresse le portrait délicat de deux femmes qui luttent pour garder leurs repères.

"Une partition phénoménale orchestrée par deux comédiennes de haut rang, un récit feutré, délicat, à l’écriture plaisante remplie de sensibilité. Du tout grand art que ce spectacle de la Compagnie Hêtre Urbain, qui laisse béantes les cicatrices de l’âge ou des sentiments, dans un registre impressionnant de justesse et de réalisme."
L’AVENIR Verviers

"La mise en scène est simple et les comédiennes remarquables. On est captivé par le lien qui les unit. Tout en sobriété et délicatesse, les deux femmes nous font passer de la mélancolie à l’éclat de rire, sans jamais susciter la pitié."
LA LIBRE BELGIQUE

"Ressortir d’un spectacle KO debout, avec une énorme difficulté à émerger de la vague d’émotions qui m’a submergée, à retrouver le fil de mes idées et de mes mots, m’arrive rarement, en tout cas avec la même intensité. Le texte de Christian Dalimier est, derrière la fine observation d’une des conséquences du vieillissement, un petit bijou de sensibilité et de tendresse bourrue. Un spectacle à voir et à ressentir pour, peut-être, mieux comprendre nos proches, nos personnes âgées."
PLAISIR D’OFFRIR

Une production de la Cie Hêtre Urbain - Avec l’aide du festival de Spa, du Centre Culturel de Huy, et du Centre Culturel de la Vénerie.

Distribution

Ecrit et mise en scène par Christian Dalimier. Avec Laetitia Réva et Nicole Valberg. Assistanat à la mise en scène : Valériane de Maerteleire. Création lumière : Jean Lou Van Agt.

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2 Messages

  • Un mardi sur deux

    Le 15 octobre 2016 à 23:32 par schoumaker

    Magnifique,subtil,mélancolique,un texte magnifique sur la perte de mémoire et la douleur d’une mémoire encore trop présente !Pas d’artifices un décor brut ,une barre de lit !Que d’émotions transmises par ces deux actrices maîtresses de leur art !Une diction impeccable.Un vrai choc émotionnel Courrez voir ce spectacle.A Conseiller à tous ceux qui De près ou de loin s’occupent de la mémoire.Franchement je suis rarement déçue par les spectacles des "Riches-Claires"

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  • Un mardi sur deux

    Le 17 octobre 2016 à 18:37 par schoumaker

    Magnifique,subtil,mélancolique,un texte magnifique sur la perte de mémoire et la douleur d’une mémoire encore trop présente !Pas d’artifices un décor brut ,une barre de lit !Que d’émotions transmises par ces deux actrices maîtresses de leur art !Une diction impeccable.Un vrai choc émotionnel Courrez voir ce spectacle.A Conseiller à tous ceux qui De près ou de loin s’occupent de la mémoire.Franchement je suis rarement déçue par les spectacles des "Riches-Claires" ´

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Vendredi 21 octobre 2016, par Jean Campion

La Mémoire du coeur

Comédien depuis vingt-cinq ans, Christian Dalimier est conscient que la mémoire joue un rôle important dans son métier. Fasciné par la fragilité de cet outil essentiel, il a imaginé le désarroi provoqué par une mémoire vacillante. Le travail d’écriture l’a amené à confronter une dame âgée, accrochée à ses souvenirs, à une jeune femme qui cherche désespérément à oublier l’homme de sa vie. Des portraits croisés qui font d’ "Un mardi sur deux" une pièce profonde et chaleureuse.

Pour dissiper la méfiance de Madeleine, Evelyne lui précise clairement sa situation. Bénévole, elle a suivi une formation, qui l’a préparée à lui rendre visite régulièrement. Elles ont rendez-vous un mardi sur deux. Exilée aux "Papillons", une maison de repos aux couloirs sans fin, Madeleine fulmine contre cet "Hôtel", qui étouffe sa liberté. Pas question de conserver certains meubles ou son chien Blondie. On les estime "ingérables". Le sourire revient, quand elle se revoit élève de monsieur "Toutgris", qui l’amuse, en montrant que les lettres de "chien" se retrouvent dans la "niche". Elle déborde d’énergie, en revivant les alertes, durant la guerre. Collée à sa mère, elle chantait à tue-tête "Malbrough s’en va-t-en guerre". Pour couvrir le bruit des bombes.

Cette mère adorée souffre-t-elle encore de la hanche ? Pourquoi ne lui a-t-elle pas acheté un matelas ? Le passé se dilue dans le présent. Madeleine maîtrise de moins en moins ses pensées. Elle doute de l’exactitude de certains mots, confond les mardis, pique une colère parce qu’on lui a volé ses lunettes, reproche à Evelyne de ne pas l’avoir embrassée. Face à ces sautes d’humeur, celle-ci a parfois du mal à se contenir, mais tient bon. Minée par un chagrin d’amour, elle espère que ces tête-à-tête l’aideront à se réconcilier avec la vie. Madeleine est totalement isolée. Après deux visites, son fils Mathieu a renoncé à la voir. "C’est au-dessus de mes forces.", a-t-il confié à Evelyne. Quand il envoie une carte postale, elle la lit avec entrain, en insistant sur son travail, qui dévore tout son temps. Madeleine s’incline et se réfugie auprès de son cher Henri, "dans la lumière qui débordait de son atelier". Tous les dimanches, elle suivait "Visa pour le monde". Une émission tellement ancrée dans sa mémoire qu’elle ne conçoit pas qu’on puisse l’ignorer. C’est pourtant le cas d’Evelyne, à qui elle demande , avec un petit air supérieur : "Est-ce que vous regardez la télévision ?".

Au fil des rencontres, on voit grandir la complicité entre les deux femmes. Evelyne ne s’enferme pas dans son rôle d’ange gardien. Peu importe que les propos de Madeleine soient désordonnés. Elle la laisse s’exprimer librement et se lâche. Elle ose évoquer cette escapade à Amsterdam et cet amour, plein de promesses, brutalement fracassé. Une confession qui la soulage, même si elle ne trouve pas d’écho. Dans un moment de lucidité, Madeleine oblige Evelyne à répéter trois fois : "Tu n’as pas de fils". Puis elle replonge dans sa jeunesse, critiquant sa soeur Gabrielle, qui aurait dû se marier. Comme le souhaitait maman !

L’alternance de monologues et de dialogues insuffle à la pièce un rythme alerte. Souvent narratrice, Evelyne précise ses rapports avec Madeleine, mais décrit aussi, avec une sobriété poignante, la détresse des autres résidents, à l’affût d’un moment d’attention. Dans son texte sensible, comme dans sa mise en scène dépouillée, Christian Dalimier fuit tout apitoiement. Pas de matériel médical ni de relents pharmaceutiques. Sur le plateau nu, une imposante barre pivotante. Selon les séquences, elle sépare des territoires, offre un appui, fait remonter les souvenirs ou tournoyer les robes. En incarnant Madeleine avec une grande justesse, Nicole Valberg rend cette femme égocentrique très attachante. Sans forcer le trait, elle passe en souplesse d’une résidente frustrée à une gamine rieuse, d’une malade qui sombre dans la confusion à une vieille dame protégée par sa nostalgie. Grâce à son jeu tout en retenue, Laetitia Reva nous fait sentir comment son empathie avec Madeleine la sauve du désespoir. On est subjugués par ce duo de comédiennes, qui éclaire remarquablement le texte subtil de Christian Dalimier.

Jean Campion

Les Riches-Claires