Lundi 16 janvier 2017, par Catherine Sokolowski

Un divorce très pesant

S’adressant initialement aux 12-16 ans et après avoir été vu par 40 000 élèves dans les écoles, le spectacle “Le trait d’union” fait son entrée sur la scène d’un théâtre (après le Varia, en 2015). Guillaume Kerbusch y raconte sa propre histoire avec beaucoup de sincérité. Celle d’un ado qui subit les conséquences du divorce de ses parents, “reste” d’un mariage raté dont on ne sait que faire. Le comédien choisit de briser le silence sur les effets d’une séparation en espérant amener d’autres jeunes à s’exprimer, le divorce étant devenu tellement banal qu’on n’y prête plus guère attention. Dynamisme, authenticité, humour, accessibilité, modernité caractérisent ce spectacle touchant qui captera aussi l’attention d’autres publics, parents, grands-parents et de toute autre personne intéressée.

Conçu pour être joué dans les milieux scolaires, le spectacle se déploie sur 9 m2. Pour tout décor : une table, un écran, une chaise. Dans la pièce, Guillaume s’appelle Simon. Il est épaulé par un “régisseur”, Denis.

L’originalité de la mise en scène repose sur la multiplicité des personnages joués par Guillaume Kerbusch (Simon) au travers de l’écran de télévision. Il devient tour à tour sa mère, son père, le directeur de l’école, sa copine Pauline ou le juge et bien d’autres personnages encore en quelques secondes. Bien contrôlé, ce jeu de rôles donne une touche humoristique au récit, plutôt tragique. Car Simon supporte mal les conséquences du divorce et mange, beaucoup, pour compenser. Son embonpoint croissant handicape ses contacts sociaux, renforçant le cercle vicieux de sa solitude.

Sur scène Denis n’est pas vraiment régisseur même s’il est présenté comme tel. Echangeant avec Simon selon les techniques de base du jeu de clown, Denis apporte de la légèreté au récit, parce que leur interaction amène le rire, mais renforce aussi le thème étant donné que Simon maltraite Denis comme lui-même s’est senti maltraité.

Il y a donc matière à réflexion dans cette pièce qui ne dure pourtant que 45 minutes. Le divorce, l’obésité, les relations humaines…. Tous les soirs, le metteur en scène Valentin Demarcin, Denys Desmecht et Guillaume Kerbusch proposent un échange d’une quinzaine de minutes avec le public comme ils le font dans les écoles. Le projet éclaire un problème important mais n’apporte pas de solution. Dans les écoles, les professeurs et les centres P.M.S. doivent prendre le relais. La version réservée aux théâtres aurait pu être complétée : qu’arrive-t-il à Simon par la suite ? Comment retrouve-t-il goût à la vie ? Bien que l’objectif (briser le silence) soit clairement affiché, la pièce finit un peu abruptement puisque Simon commence à comprendre son insatiabilité mais ne semble pas encore en mesure de la résoudre. En tout cas, un très beau projet, tragique et comique qui semble atteindre ses objectifs, et beaucoup de talent sur scène !