Mardi 5 novembre 2013, par Julie Lambert

Un divorce émotionnel

Cette pièce de Alan Ayckbourn, mise en scène au Théâtre Royal des Galeries par Martine Willequet, rassemble 6 bourgeois moyens, autour de thèmes aussi joyeux que les frasques du couple ou mort. Le temps d’un après-midi, le spectateur est plongé à brûle-pourpoint dans le vide de leur vie. Le manque se fait en effet ressentir à différents niveaux : « Mariage et conséquences », un vaudeville qui respecte sa définition par son absence d’intentions psychologiques ou morales, mais qui s’en écarte par son manque de grivois rebondissements et de dénouements impressionnants.

Un thème actuel sur les rapports hommes-femmes, un appartement contemporain, une réunion entre amis : le décor est planté et semble annoncer un moment de pur divertissement, frappé d’une intrigue, de coups de théâtre et d’éclats de rire. Mais la réalité risque de tromper les attentes du spectateur.

Effectivement, le sujet est lancé d’emblée, sans user de subtilité, de sournoiserie, ou de quiproquos, autant d’éléments qui font le charme d’une comédie de mœurs. Le public est directement averti des problèmes qui occupent les personnages : adultère et trahisons. Ceux-ci sont interprétés d’une façon caricaturale et stéréotypée, ce qui enlève à l’histoire une part de réalisme et de profondeur. En effet, l’épouse crie ouvertement ses soupçons à l’égard de son mari. Ce dernier ne dissimule pas son indifférence et son mépris vis-à-vis de sa femme. La maîtresse clame sans gène ses infidélités. Bref, pas d’harmonie de façade ni de comique de situation pour faire passer le message des conflits conjugaux.

Bien entendu, quelques blagues, souvent prévisibles et parfois redondantes, font sourire, mais jamais la porte ne s’ouvre sur la comédie burlesque. Par conséquent, ce manque d’authenticité et de finesse rend difficile l’identification et l’attachement aux personnages. De plus, les quelques longs monologues placent le spectateur, un peu ennuyé, dans l’attente d’un d’un rebondissement qui n’arrive malheureusement pas. Il reste malgré tout en haleine, espérant (mais ce n’est qu’une illusion) une morale à la tombée du rideau.
À tout cela s’ajoute une mise en scène plutôt statique pour une histoire se prêtant pourtant aux claquements de portes, cris et autres des croisements en folie.

Là où nous pouvons quand même parler d’identification réussie est à la sortie du théâtre : à l’image des personnages, le spectateur a passé un moment à la fois de détente, de langueur, de rire, de confusion, mais n’en ressort pas transformé ni profondément touché.

Julie Lambert