Lundi 18 octobre 2010, par Samuël Bury

Un dialogue approché entre rythme et verbe

Pas si évident à situer, cette interprétation d’un des poèmes les plus connus de Blaise Cendrars. Le travail collectif entre le comédien Paul Van Mulder et le musicien Pierre Quiriny est réussi, pas de doute. Par contre, c’est au niveau de leur dialogue sur scène qu’on aurait tendance à se perdre. Chacun y offre un art affirmé, singulier et de qualité mais la rencontre semble difficile.

La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France est une œuvre dédiée aux musiciens. Les percussions prennent d’ailleurs une place centrale dans la pièce, physiquement et musicalement. Pierre Quiriny est un peu comme son propre chef d’orchestre qui, de ses pinceaux et baguettes, agence des phrases rythmiques tantôt délicates, tantôt puissantes. Avec une dextérité presque chorégraphiée.

De son côté, Paul Van Mulder porte un texte fort, récit de voyage, impressions de jeunesse et même voyage à lui seul. Il en fait une interprétation parfois trop subjective, s’écartant par là d’une certaine effervescence adolescente qui ne peut se dégager honnêtement d’un homme mûr. Néanmoins, il vit ces mots d’une façon enjouée, leur joignant la danse, la course ou parfois un sentimentalisme fébrile pour les exprimer.

On remarquera aussi une scénographie efficace. Une rampe d’accès, symbolisant peut-être les rails du Transsibérien et permettant au comédien comme au train, d’arriver, de passer ou de repartir ; les percussions elles-mêmes qui par leurs cadres ronds figurent l’horloge des gares ou encore cette « ronde enivrante » du voyage de Paris à Moscou et de Moscou à Paris.

On se rendra davantage à ce spectacle par amour de la poésie de Cendrars ou des percussions pures que par envie de découverte théâtrale en tant que telle.

Samuël Bury