Tu te souviendras de moi

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 21 mars au 29 avril 2017
Horaires
Tableau des horaires
Le Public
rue Braemt, 64-70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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Tu te souviendras de moi

De François Archambault
Tempête de cerveaux

Création - Salle des Voûtes
Représentations du mardi au samedi à 20h30 - relâche du 11.04.17 au 15.04.17

Pourquoi un homme se souvient-il des détails de guerres lointaines, mais ne reconnait-il pas une personne rencontrée la veille ? Pourquoi oublie-t-il ce dont il aimerait se rappeler, mais ne parvient-il pas à occulter ce qu’il voudrait oublier ? Edouard, ex-professeur d’université brillant et médiatisé, est atteint d’Alzheimer. Il le sait, en souffre mais s’en amuse aussi, et en joue. Lui qui était un pater familias un peu écrasant, devient peu à peu un petit vieux fragile, drôle mais parfois cruel malgré lui. Un fardeau pour son entourage, peut-être … Qui peut, qui doit s’occuper de lui ? Sa femme, sa fille, son nouveau gendre, des inconnus ?

Comment prend-on soin des gens qu’on aime et qui souffrent ? Un texte étonnamment tendre et puissant à la fois, qui passe de l’émotion au rire. Autour d’Alexandre von Sīvers, les comédiens sont aussi touchants qu’impressionnants.

UNE COPRODUCTION DU THÉATRE LE PUBLIC ET DE L’ATELIER THÉATRE JEAN VILAR. « TU TE SOUVIENDRAS DE MOI » A ÉTÉ CRÉÉ EN FRANÇAIS PAR LE THÉATRE DE LA MANUFACTURE À MONTRÉAL (QUÉBEC). Photo affiche @ Saskia Vanderstichele. Photos spectacle © Véronique Vercheval.

Assistanat à la mise en scène Aurélie Trivillin
Scénographie et costumes Ronald Beurms
Lumière Alain Collet
Création son Laurent Beumier
Création vidéo Sébastien Fernandez
Régie Pierre Hendrickx
Stagiaires régie Martin Celis et Gaël Genette

Distribution

Mise en scène et adaptation Patrice Mincke. Avec Sandrine Bonjean, Laurie Degand, Jo Deseure, Benoît Verhaert et Alexandre von Sivers

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5 Messages

  • Tu te souviendras de moi

    Le 2 avril 2017 à 16:57 par Aurelia

    Et encore une bonne pièce ! Certes, elle a mis un petit temps à vraiment "démarrer" au niveau du jeu de certains comédiens qui étaient "absents-présents". Mais ce ne fût que de courte durée. C’était le seul petit bémol : j’avais l’impression que certains se regardaient jouer et s’éteignaient lorsqu’ils ne parlaient plus. Mais cela s’est estompé rapidement en rentrant dans l’histoire et comédiens et spectateurs se sont immergés dans cet univers authentique. J’avais l’impression de rentrer dans le salon de cette famille.Je trouve important de parler de cette maladie tellement répandue et pourtant si peu connue dans le quotidien.J’ai aimé le naturel du jeu des comédiens et le parti pris du réalisme de ces tranches de vies. Cependant, et ça ne regarde que moi, j’aurais aimé qu’on nous entraîne davantage dans la tête, les émotions ressenties et les pensées morcelées du protagoniste, par plus de subterfuges techniques (musique, jeu de lumière etc), par exemple, bien que cela fût déjà appuyé par certaines vidéos et musiques. Je pinaille mais je n’arrivais plus à me relever de ma chaise en fin de spectacle, clouée par l’émotion et admirative du jeu des comédiens. Bravo ! Allez-y ! :-D

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  • Tu te souviendras de moi

    Le 13 avril 2017 à 16:08 par jiemde

    Une des meilleures pièces à laquelle j’ai assisté ces derniers mois. Excellents comédiens ("Ça sonne juste"). Mise en scène tout en sobriété qui ne dénature nullement le propos (que réclamait justement ce dernier sous peine de tomber dans le piège du pathos). Un moment scénique qui nous pousse à la réflexion. Et pas seulement sur la maladie (Alzheimer), mais aussi sur ce moment, la vieillesse, que nous sommes tous appelés à vivre ou à devoir rencontrer via un de nos proches qui en subit les affres.

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  • Tu te souviendras de moi

    Le 22 avril 2017 à 22:21 par Françoise

    Un vrai petit bijou ! Les comédiens sont excellents, sans exception. Le texte dose avec beaucoup de justesse l’émotion et l’humour, sans jamais tomber dans le sentimentalisme. La mise en scène est excellente.

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Lundi 3 avril 2017, par Jean Campion

Lutter contre la déchéance annoncée

François Archambault avait envie de raconter une histoire inspirée par sa relation avec son beau-père, atteint de la maladie d’Alzheimer. Par pudeur, il ne voulait pas s’appesantir sur les souffrances d’une victime. "Ce qui m’intéresse, c’est le rapport à la mémoire, au temps présent, à la valeur des choses, à la trace qu’on laisse chez les autres." Des thèmes qu’il a pu développer, en faisant de son personnage principal un historien qui perd la mémoire. Affaibli mais combatif, "il ne veut pas disparaître, il veut transcender sa petite existence."

Madeleine n’en peut plus. La vie auprès d’un mari, dont la mémoire décroche du quotidien, devient trop pénible. Pour souffler un moment, elle veut confier Edouard à leur fille Isabelle. Ca tombe mal. Journaliste, celle-ci doit partir interviewer les sinistrés d’une inondation. Plein de bonne volonté, Patrick, son nouveau compagnon, propose de garder son père. Réticences de Madeleine. Isabelle clôt sèchement la discussion : "C’est ça, ou tu repars avec..." Même si Edouard le confond constamment avec Michel, l’ex d’Isabelle, Patrick se montre bienveillant et s’intéresse aux commentaires du vieux prof, durant leur promenade en forêt... Tout à coup, une jeune fille aux cheveux rouges a pris sa place. Tenté par une partie de poker, Patrick a demandé à sa fille Bérénice de faire du papy-sitting. Premiers échanges tendus. Un fossé sépare la punk, en "année sabbatique" à 19 ans, et le pourfendeur d’une société décadente. Ils le franchiront au fil de leurs rencontres.

Ballotté comme un fardeau qu’on se repasse, Edouard sait qu’il est malade. Dans une émission de télévision, il dédramatise les méfaits de sa mémoire, en se raccrochant au passé. Professeur d’université apprécié par ses étudiantes, il a enseigné l’histoire pendant 29 ans. Il pourrait encore disserter sur les réformes d’Akhénaton, les chants d’Homère ou la conquête du Mexique par Cortès. Son désir de briller le pousse à soigner son image et à couper la parole à sa femme. Allergique aux nouvelles technologies, il critique vertement un monde obsédé par le moment présent : on ne réfléchit plus, on préfère tweeter, liker... Cependant, pour délivrer un message essentiel, Edouard Beauchemin acceptera, avec l’aide de Bérénice, de passer par Internet. Alexandre von Sivers dévoile avec sobriété les contradictions de cet homme fragilisé, dominateur, agaçant et idéaliste. En s’appuyant efficacement sur son autodérision, il nous permet de rire face à un naufrage.

François Archambault fait vivre autour de lui des personnages tiraillés entre leur attachement au malade et leur désir d’exister. Sans détour ni manichéisme. En quittant son mari, Madeleine (Jo Deseure) veut prendre un nouveau départ. Comment lui imposer cette rupture ? Edouard la soulage, en reconnaissant qu’à sa place, il n’aurait sans doute pas eu sa patience. En revanche, Isabelle ( Sandrine Bonjean) se rebiffe. Elle ne souhaite pas assumer seule la responsabilité de son père. Pourtant, elle s’en rapproche. En faisant griller des guimauves, ils réchauffent des souvenirs et relativisent la rigueur de son éducation. Une soirée au restaurant, bien arrosée, les rend euphoriques. Sensible à la détresse d’Edouard, Patrick (Benoît Verhaert) justifie délicatement le droit d’Isabelle à vivre plus librement. Enervée d’abord par ce vieux râleur, Bérénice (Laurie Degand) éprouve de l’empathie à son égard et le garde gratuitement. En entrant dans son jeu, elle l’aide à affronter un épisode tragique de sa vie, qu’il voudrait oublier. C’est par elle qu’il exprime ses derniers désirs, avant de sombrer dans le brouillard.

Le décor ne représente pas une pièce précise. Entrées et sorties sont floues. Quelques meubles utiles, des projections pour raviver un passé heureux ou évoquer une nature exubérante. A l’arrière-plan, des roseaux phragmites. Plantes dont l’invasion destructrice hante le cerveau d’Edouard. Chantée par Serge Reggiani, "Le Temps qui reste" rend terriblement poignante l’installation du malade dans sa dernière chambre. Mais on évite tout mélo. Patrice Mincke, le metteur en scène, a obtenu de ses comédiens beaucoup de pudeur et de retenue. Humour et émotion s’équilibrent. Les personnages nous amusent en subissant des situations cocasses et nous touchent par leur honnêteté. En se démenant avec leurs failles et leurs qualités, ils nous tendent un miroir et suscitent notre réflexion. Impossible de ne pas se sentir concerné par les questions que pose "Tu te souviendras de moi".

Jean Campion

Théâtre Le Public