Vendredi 24 mai 2019, par Didier Béclard

Traversée houleuse et acrobatique

Le Valhalla est le lieu où les valeureux guerriers défunts se rejoignent dans la mythologie nordique. Ce pourrait être également le cimetière des dieux. Théâtre, cirque, danse et chant donne vie à un navire et son équipage pris dans les glaces de l’hiver.

Une voile, des cordages, la vigie occupe le nid-de-pie. Une sorte d’amiral en livrée fume la pipe assis à une table. On entend le vent qui souffle. Des boîtes de conserve jonchent le sol, tout un stock trône derrière le capitaine. Deux femmes et trois hommes sortent de derrière des planches, se meuvent sur le sol, se rassemblent et prennent position pour singer les personnages du radeau de la Méduse. Tout n’est qu’ambiance.

Le vieux capitaine amer et tyrannique peste sur son navire figé dans les glaces. Il mène son équipage au son de la cornemuse et les échanges entre protagonistes se font dans différentes langues, à se demander si les uns comprennent les autres. Le pouvoir semble émaner d’un gant mystérieux dont vont s’emparer, à tour de rôle, des membres de l’équipage, affirmant, à chaque fois, son autorité sur le reste de l’équipe. La tempête secoue les esprits et les marins avant de retrouver le calme et les cris d’oiseaux qui annoncent la proximité de la terre ferme.

« Valhalla ou le crépuscule des dieux » évoque le pouvoir, celui qu’on exerce, celui que l’on tente de s’approprier, que l’on refuse, que l’on combat. Mais, si la grille de lecture n’est pas tout à fait, et tout le temps, claire, la situation est surtout prétexte à mélanger théâtre, cirque, mât chinois, danse et chant lyrique. Et même le musical (comédie musicale). La compagnie (belge mais souvent à l’étranger) Petri Dish joue sur l’accumulation créative d’objets et de genres, comme cette boîte qui semble soudée au sol. Les six moussaillons s’en donnent à cœur joie et excellent dans un spectacle virevoltant, qui ne laisse personne indifférent. Escalades, acrobaties, pas de danse, chants, ils déversent sur scènes un concentré de leurs talents et partagent largement leur enthousiasme et leur énergie. Le spectacle est annoncé comme accessible à partir de 8 ans, une sortie idéale à partager avec ses enfants.

Didier Béclard

« Valhalla ou le crépuscule des dieux » de Anna Nilsson et Sara Lemaire, par la Compagnie Petri Dish, du 24 au 29 mai au Théâtre de Poche à Bruxelles, 02/649.17.27, www.poche.be.