Lundi 18 avril 2016, par Julie Lemaire

Tout va bien, tout va mal… L’illusion est totale

Ils sont trois : potes, collègues, acteurs engagés pour faire une pièce sur l’écologie. Une voix off les présente : l’une est anticapitaliste mais fait de la pub pour une banque (il faut bien gagner sa vie) ; l’autre est fille de fermiers, aime la bonne nourriture, mais fait de la pub pour du fromage industriel ; le troisième, infatigable du vélo pliable et amoureux de la nature, promeut la nouvelle voiture de cette marque aux scandales écologiques. De ces paradoxes humains naît tout le propos, mais aussi l’humour de la pièce, puisque nous sommes tous ces trois comédiens…

En effet, que faire de notre belle conscience écologique, de toutes ces infos anxiogènes que l’on ne peut plus ignorer mais qui font de nous des monstres dès qu’on tend le bras pour consommer ? Que faire de nos belles envies de changer le monde quand tout, mais tout, est à remettre en question ?

Entre les dentifrices au fluor, les produits d’entretien qui rendent stériles, la literie des enfants bourrée de produits toxiques, les OGM, la fin du pétrole, etc. etc., difficile de parler d’écologie sans devenir dinguo ni effrayer le public, qui se voit en miroir sur la scène, projeté jusqu’en 2070, dans une nuit éternelle, hommes préhistoriques du futur dans un bidonville de plastique…

Heureusement, comme Blanche-Neige, après cette vision apocalyptique à laquelle personne ne veut encore croire, on croque la pomme 24 fois génétiquement modifiée, en se disant : « je suis sûre que nous allons trouver des solutions, et que tout finira par s’arranger ». Malgré quelques longueurs, ce spectacle est une magnifique illustration de nos dilemmes mentaux, de ces questionnements impossibles pour tenter d’être dans ce monde en conscience.

Julie Lemaire