Jeudi 20 septembre 2012, par Karolina Svobodova

There are ways to make certain things pay

“It’s my life and I do what I want”, certains auront sans doute reconnu les paroles du hit de The Animals… mais lesquels d’entre eux savent que leur auteur est Willem Kroon ?
Willem qui ? Rien de mieux que la conférence décalée de Guy Dermul et Pierre Sartenaer pour le découvrir. Avec intelligence et humour, les deux artistes nous font voyager à travers l’Europe et le XXème siècle.

C’est à la découverte de l’artiste/traducteur/performeur Willem Kroon, personnage aujourd’hui oublié, que nous invitent Guy Dermul et Pierre Sartenaer. Sous forme de conférence, les deux artistes nous racontent la vie de cet homme du XXème siècle, retraçant à travers elle l’histoire européenne de l’après-guerre, avec ses questionnements et révolutions artistiques. Car bien qu’inconnu aujourd’hui, Willem Kroon a joué un rôle important dans le développement des nouvelles formes et pratiques de l’art. Artiste radical, il n’a cessé de remettre son art en question, démarche dans laquelle se retrouvent sans doute les concepteurs du spectacle et qui explique en partie leur intérêt pour lui…
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A l’avant de la scène, une table, un ordinateur, un projecteur, un verre d’eau. Derrière elle, les deux conférenciers présentent un exposé sur Willem Kroon, se servant de vidéos et de photos pour illustrer leurs propos. Théâtre documentaire ? Pas tout à fait...
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Dans le fond, un décors est constitué d’éléments disparates : un arbre, un chapeau, un panneau - photo à moustaches, deux lances balles de tennis… autant de matériaux qui seront utilisés lorsque des extraits des pièces de Kroon seront interprétés par les deux comparses.
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La ‘conférence’ est ainsi scandée par des intermèdes de jeu, démonstrations des différents styles et questionnements liés à l’époque et à l’histoire. En suivant Kroon, on parcourt l’Europe : de Rotterdam en Pologne, Italie, Angleterre et France. L’intérêt de Kroon pour les langues semble être partagé par les artistes lesquels, bien que s’exprimant ici principalement en français, jouent néanmoins quelques passages en néerlandais, anglais et italien. C’est donc à un voyage à travers le temps, les pays et l’art que nous convie le récit de vie de Kroon, nous permettant d’interroger les traces dont l’Histoire veut bien se souvenir, la possibilité d’une schizophrénie langagière, le succès imprévisible et incontrôlable, le théâtre auquel on veut échapper et qui nous rattrape malgré tout.
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On l’aura compris, cette « brève histoire d’un artiste européen du XXème siècle » est un spectacle intelligemment décalé, portés par deux acteurs que l’on est toujours content de retrouver.

Karolina Svobodova