Vendredi 14 décembre 2007

Sylvie Perederejew

Dans la pièce de Feydeau où elle joue actuellement, Sylvie Perederejew nous parle de mécanique et de timing. Un exercice périlleux qui demande contrôle de soi et précision.

Dans la pièce de Feydeau où elle joue actuellement, Sylvie Perederejew nous parle de mécanique et de timing. Un exercice périlleux qui demande contrôle de soi et précision. Mais lorsqu’on l’écoute parler de son emploi du temps, on ne peut s’empêcher de voir en Sylvie une grande reine du timing…


Sylvie, quand on lit ton parcours depuis ta sortie du Conservatoire, en juin 2001 on est impressionné par le nombre de pièces où tu as joué (plus de 25, si je compte bien) . Comment réussit-on à se faire emporter dans un pareil torrent de rôles ? Quel est ton secret ?

Mon secret ? C’est une énergie naturelle débordante. Et puis aussi la capacité de faire plein de choses en même temps. J’arrive à ouvrir un tiroir et à en fermer un autre. Par exemple, quand je suis arrivée au Conservatoire, je terminais mon mémoire à l’université en journalisme et à l’époque, je travaillais encore en radio à « Antipode ». Depuis, que je suis petite, j’ai toujours fait plein de trucs différents en même temps.

Effectivement, parfois on voit que sur une saison tu enchaînes vraiment les pièces les unes après les autres…

Mais en fait, c’est le principe de Théâtre en Liberté, la troupe dont je fais partie au Théâtre de la Place des Martyrs. Je fais partie de deux troupes : Théâtre en Liberté et les Ex. Avec les Ex, on a créé le Café-Théâtre de la Toison d’Or et pendant 4 ans, on a géré ce café-théâtre. Je l’ai créé pendant que j’étais encore au Conservatoire avec Alexis Goslain et Olivier Francart. Et puis rapidement on a formé toute une équipe. Et donc, tous les week-ends, je m’occupais du café-théâtre mais j’avais déjà commencé à jouer avec le Théâtre en Liberté.

Et comment a débuté cette aventure avec Théâtre en Liberté ?

En fait, j’ai commencé à faire un stage dans le spectacle « Jules César » et on était 20 figurants. Un des comédiens, Jaoued Deggouj, encadrait les stagiaires. Comme je faisais mon mémoire pour l’université, j’ai commencé mon stage plus tard que les autres. Quand je suis arrivée, les autres figurants en avaient déjà marre parce qu’ils avaient vu les filages des dizaines de fois. Alors, quand ce n’était pas à eux de jouer, ils allaient fumer leur clope dehors. Mais moi, je débarquais. Alors je me mettais dans le fond de la salle et je regardais. C’était intéressant, il y avait tout de même Philippe Résimont, Jean-Henri Compère, des grands rôles… Dans la salle, il y avait le metteur en scène, Daniel Scahaise. Daniel est quelqu’un de très expansif autant dans la colère que dans l’émotion. Et là, il était en plein dans l’émotion. Il voyait ses comédiens et il pleurait en leur disant : « Ah c’est vraiment bien ce que vous faites ». Je le voyais tout près de moi et j’ai tout de suite été touchée par l’équipe et par lui. Et puis, il m’a appelée pour un deuxième spectacle et puis pour un troisième, et pour un quatrième… Et puis, j’ai commencé à travailler dans les bureaux parce que, le principe de Théâtre en Liberté, c’est que tout le monde a deux casquettes. Ensuite, vu ma formation, je suis en fin de compte devenue attachée de presse.

Dirais-tu que la compagnie Théâtre en Liberté a un fonctionnement assez spécifique par rapport aux autres compagnies ?

Oui. On prend des gens qui fonctionnent vraiment en compagnie pour qu’il y ait un travail sur la longueur. Mais fonctionner en compagnie comme nous, il n’y a vraiment que nous pour le faire. Par exemple, dans la compagnie de Michael Delaunoy (faisant également partie du théâtre des Martyrs), il y a lui, l’équipe technique qui est toujours la même, et souvent les mêmes comédiens. Mais d’une fois à l’autre les comédiens changent quand-même.
Nous on est vraiment un noyau de 15 comédiens. On n’est pas payé à l’année comme c’était le cas avant au National ou au Parc, mais on sait qu’on peut avoir deux ou trois spectacles par saison. Et pour un rôle égal, pour un salaire plus ou moins égal, il faut tout de même qu’on préfère Théâtre en Liberté. Maintenant, si on nous offre un super rôle ailleurs, on peut aller ailleurs. Ou si on a des plages libres, par exemple moi je suis libre pendant 4 mois, je peux faire autre chose ailleurs. L’année passée, j’ai joué au 210. J’ai fait pas mal de spectacles d’été aussi : à Villers-La-Ville, à la Citadelle de Namur avec Jacques Neefs de la compagnie Act-Hours. À Namur, j’ai joué dans « La Surprise de l’Amour » de Marivaux. C’était la première fois que j’avais un grand rôle depuis ma sortie du Conservatoire. Et puis, j’ai fait « Mozart assassiné » que Jacques avait écrit et où je faisais Constance Mozart.

Comment est née l’aventure des Ex dont tu es membre fondatrice ?

Alexis m’a demandé si ça m’intéressait. En fait, on nous a dit : « Voilà, vous avez l’endroit, faites ce que vous voulez ». La première saison, on a essayé de trouver 4 spectacles. On écrivait le titre d’un spectacle, on demandait à des gens de le faire avec nous, mais Nathalie (Uffner) nous a proposé l’aide de Stéphane Custers pour notre premier spectacle. Stéphane Custers était sorti du Conservatoire depuis un certain temps, il avait fait pas mal de trucs, il a été un peu notre parrain… En fait, ça s’est super bien passé avec lui et c’est comme ça qu’il est resté avec nous. Le premier spectacle - « Amour, gloire et Batman »- nous a été écrit par Baptiste Lalieu, qui est Saule en fait. Et Baptiste nous en a écrit un deuxième : « Le prix à payer ». Ce dernier se passait dans un loft et c’était un jeu TV. Alors qu’on en était au tout début de la télé réalité et qu’on n’avait pas encore vu « Le Loft » en Belgique.

Et puis, après 4 ans, je pense qu’on était tous un peu fatigués de monter et de démonter les décors. On faisait aussi venir d’autres comédiens pour jouer avec nous, mais les accueils ne se passaient pas toujours bien parce que les gens venaient là comme s’ils étaient dans une structure normale, alors que nous on avait besoin d’un peu d’aide… Maintenant, il y a une autre équipe qui a repris le café-théâtre. Et Alexis bosse encore pas mal avec eux. Il écrit maintenant, il met en scène.

Et qu’en est-il de l’aventure des Ex, aujourd’hui ?

Les Ex existent toujours mais c’est une autre compagnie qui gère le café-théâtre. Nous avons rejoué « Tortilla de Patatas » l’année passée à l’Atelier 210. En fait, le rythme avec les Ex a un peu diminué et il s’est, par contre, accéléré avec Théâtre en Liberté. Dans l’équipe des Ex on est 6 ou 7, on travaille tous à des endroits différents, et on travaille tous beaucoup. Alors quand il faut trouver une date pour jouer ensemble, pour reprendre « Tortilla de Patatas » par exemple, ce n’est pas simple.

Tu as commencé des études de droit, puis tu as terminé une licence de journalisme et comment t’es venue ensuite l’idée de rentrer au Conservatoire ?

En fait, j’ai commencé à faire du théâtre quand j’avais 18 ans. Ce qui est assez tard… Avant ça, j’avais fait du violon de la danse, du solfège. La musique, c’est pas mon truc donc j’ai rapidement arrêté. Mais j’ai quand même fait 8 ans de danse classique. Et puis, en rétho, il y avait une pièce qui devait se jouer : « Roméo et Juliette ». Et comme toutes mes copines avaient déjà fait du théâtre à l’école et moi pas, car à l’époque, je faisais du sport, je me suis dit que je n’allais sûrement pas avoir de grand rôle. Donc je me suis inscrite à l’Académie parce que j’avais envie de faire du théâtre. Et puis, finalement, j’ai joué Juliette… Quand j’ai terminé ma scolarité, mon papa m’a demandé si je voulais faire du théâtre. Moi, je voulais faire le droit depuis 2 ou 3 ans. Alors je lui ai dit : « Non, pas tout de suite, mais peut-être bien après ».
J’ai fait mon parcours à l’Université et après ma première licence de droit, j’ai essayé de passer l’examen d’entrée au Conservatoire. Je l’ai raté, et c’est comme ça que je me suis inscrite en journalisme. Le journalisme a été une grande rencontre parce que c’était une super fac : les profs étaient chouettes, et j’ai commencé vraiment à trouver quelque chose que j’aimais bien. Quand j’ai fini le journalisme, je n’avais plus le même état d’esprit par rapport au théâtre. Si ça n’allait pas ce n’était vraiment pas un drame. Mais comme je me suis toujours dit que j’essayerais… À l’unif, il y avait une autre amie avec qui j’avais déjà fait l’Académie - Eve Jadot - et qui était intéressée de passer l’examen d’entrée. J’ai demandé à Vincent Dujardin de nous préparer. Lui venait de terminer le Conservatoire, lui aussi avait fait l’Académie avec nous. Finalement, on a été prises toutes les deux et nous sommes entrées dans la classe de Bernard Marbaix.

Tes choix de parcours reflètent une grande fidélité à des lieux (Théâtre des Martyrs, ...) et à des metteurs en scène alors qu’aujourd’hui, comme dans toutes choses, cette constance est plus rare et plus difficile. Comment t’expliques-tu cela ?

En fait, j’ai toujours aimé les collectivités. Je suis fidèle à des amitiés. Chaque fois que je fais des nouvelles rencontres dans un groupe, j’emmène une ou deux personnes avec moi pour le restant de mon parcours. Mais bien sûr, je pense qu’on a aussi besoin d’autres choses pour se nourrir. Je pense que c’est bien d’aller un peu de temps en temps faire autre chose ailleurs. Ne fut-ce que parce que, chaque fois que je reviens dans Théâtre en Liberté, je suis super contente. Je me sens un peu plus forte, et parfois, en fonction de l’expérience, je me dis que j’ai vraiment de la chance d’être là. Donc, peu importe ton expérience, tu reviens plus fort dans ta « maison ». Je ne suis pas encore dans la lassitude parce que je n’ai pas encore eu beaucoup de grands rôles, j’ai fait beaucoup de figuration. Je suis encore dans la découverte.

Pas de lassitude… peut-être parce que les comédiens et metteurs en scène avec lesquels tu travailles évoluent eux aussi ?

Ils font tous quelque chose ailleurs : cinéma, etc.
Daniel a toujours une vision globale dans sa manière de travailler. Parce qu’en plus d’être metteur en scène, il a été scénographe, il s’est occupé des lumières,… Et donc, il voit son spectacle. Avec Daniel, j’ai vraiment l’impression que le but c’est de parvenir à ce qu’il voit. J’aime bien avoir un metteur en scène qui a une envie précise. Parfois, on n’est pas d’accord, mais ce n’est pas grave, on le fait quand-même. J’ai plus de mal à travailler avec un metteur en scène qui ne sait pas ce qu’il veut. Il y a parfois des metteurs en scènes qui sont dans la recherche collective. Pour le Feydeau, par exemple, on a travaillé plus comme ça. Le metteur en scène avait sa ligne mais en dehors de ça, il y a beaucoup de choses qu’on a trouvé ensemble. Et ça j’aime bien aussi de temps en temps. Parfois, oui, j’aurais envie de faire des choses ailleurs, mais pas au prix de ne plus faire partie de Théâtre en Liberté.

Les répertoires de Théâtre en Liberté et des Ex sont très différents. Que t’apportent ces différences ?

À l’époque où je faisais les deux en parallèle, avec les Ex je jouais des grands rôles. Tandis que de l’autre côté, je faisais de la figuration. À la base, les Ex m’ont appris beaucoup de choses. J’ai appris aussi avec la figuration, bien sûr, mais l’apprentissage n’était pas le même. Avec les Ex, comme c’était souvent de la comédie, j’ai appris à me connaître par rapport à un public. Avec les Ex, je faisais souvent les rôles de la pauvre fille. Une fois j’ai fait la méchante. Aux Martyrs, j’ai fait plus de choses différentes (du Labiche, du Feydeau, du Shakespeare). En fait, la différence réside surtout dans la manière de travailler. D’un côté, on doit beaucoup plus proposer des choses, partir de nous, et de l’autre, on essaye plus de trouver la vision qu’a le metteur en scène. Mais finalement, ça revient au même. Car Daniel, quand il nous met dans un certain rôle, il le choisit en fonction de nous. Donc, ce qu’il attend a quand-même un rapport direct avec nous.

Maintenant, je suis contente de la manière dont les choses se sont passées. J’ai fait beaucoup de petits rôles, mais j’ai eu l’occasion de jouer beaucoup et donc de maintenir une constance dans le travail. C’est précieux, je trouve.

Parlons encore un peu de ton Boulevard Feydeau. Tu es mise en scène par Jean-Henri Compère. Quel regard as-tu sur sa manière de traiter l’œuvre de ce grand auteur de Vaudeville ?


Au début, Daniel devait mettre en scène ce spectacle. Et donc, il avait des idées assez précises de ce qu’il voulait faire du spectacle. Il ne voulait pas du Feydeau classique. Et quand, pour des raisons x, il n’a pas monté le spectacle, et qu’il a demandé à Hélène Theunissen et Jean-Henri de le faire, il a souhaité qu’on suive certaines de ses idées. Donc par exemple, on a situé le spectacle dans les années 70. Ensuite, il voulait que ce soit un peu déjanté. Et pour Jean-Henri, ici, sa manière d’être déjanté c’est d’apporter un côté BD. Il y a un côté BD par rapport aux décors, aux personnages, et par rapport à des éléments de mise en scène. On respecte Feydeau et certaines techniques du rythme, mais il y a des moments où on casse ce rythme. Par exemple, on dit souvent que Feydeau doit se jouer vite. Dans la première partie, qu’Hélène a mise en scène, c’est plutôt respecté. Mais chez nous, comme l’histoire de « Feu la mère de Madame » s’y prête bien, on commence dans la lenteur. Le spectacle dure 40 min et va en s’accélérant, au fur et à mesure que des autres événements surviennent.
On a également un pianiste sur la scène. Il est de dos. Il agrémente ce qu’on est en train de faire. Il intervient aussi.

Et toi, quel plaisir prends-tu dans l’interprétation de ton rôle ?

C’est le plaisir qu’on prend quand on joue dans une comédie. Feydeau, c’est une comédie construite. Il y a une mécanique. La jouissance de cela, en tant que comédien, c’est d’arriver à maîtriser cette mécanique pour que ça marche, pour qu’au bon moment, les gens rient. D’un soir à l’autre, ça peut être très différent : ou à cause du public, ou à cause de nous. Et puis, il y aussi le danger du rapport au public. Hier, au début, le public était très froid. J’avais 5 amis dans le public et à partir du moment où je suis entrée sur scène avec mon partenaire, tout le monde a commencé à se marrer (ce qui n’est pas tous les jours le cas). Le danger c’est de se laisser emporter par la réaction du public et d’en faire trop. Et donc, c’est aussi une maîtrise de soi. Par exemple, je déteste rire en scène ou voir mon partenaire rire (ça peut arriver bien évidemment). Mais ça m’énerve parce que cela veut dire qu’on sort de ce qu’on est en train de faire. Or c’est ça la maîtrise de cette mécanique : ne pas se laisser emporter. Mon personnage est un peu sur un fil… Pour ne pas en faire une mégère, le metteur en scène a voulu que je fasse cela dans la rondeur, dans un rire assez large. Mon danger, c’est passer le fil, et d’aller vers la méchante : que mon rire rond, se transforme en rire de sorcière… Je trouve qu’hier, je ne suis pas arrivée à tenir le côté rond. Les gens ont bien aimé, vu leur réaction, mais peut-être que moi, je me suis fait un peu avoir.

Tu as interprété beaucoup de rôles, tu as voyagé dans de nombreux styles théâtraux et visité nombreux auteurs de théâtre… Y a-t-il néanmoins des expériences qui ont été plus transcendantes que d’autres ?

Oui bien sûr… Par exemple, « Tortilla de Patatas » ayant été écrit pour nous, le jouer était du pur bonheur.
L’année dernière, pour « Jacques le fataliste », je me suis bien amusée dans le travail, j’ai appris beaucoup de choses. On était 4 comédiens : Jean-Henri Compère, Jaoued Deggouj, Christophe Destexhe et moi. Je jouais beaucoup de personnages différents.
Et « Prométhée enchaîné » en début de saison, a été aussi une expérience très intéressante. C’était la première fois qu’on faisait un chœur.
Il y a eu aussi, « La surprise de l’amour » parce que c’était la première fois que j’avais un rôle avec un personnage central et puis parce qu’il y a eu la rencontre avec Jacques Neefs et Nicolas Pirson. Nicolas est belge, il a fait le Conservatoire mais il a beaucoup bossé à Paris. J’ai vraiment eu l’impression d’être portée par ce comédien, qui m’a appris beaucoup de choses, à me centrer, … C’était très gai de jouer ce spectacle en plein air.
Et puis, dans « La nuit des assassins » que j’ai joué au Conservatoire, mis en scène par Vincent Dujardin avec Marc De Roy et Murielle Hobe

Y a-t-il des univers d’auteurs ou des rôles que tu n’as pas encore « expérimentés » et qui te tiendraient vraiment à cœur ?

Ce n’est pas encore pour tout de suite, car je suis encore jeune… J’aimerais bien interpréter Lechy Elbernon dans « L’échange ». Au Conservatoire, on avait travaillé le « Songe d’une nuit d’été », et j’aimerais un jour faire Titania Et… Tchekov ! Je n’ai jamais joué de Tchekov et c’est un univers que j’adore. Dans « Ce fou de Platonov », j’aimerais jouer la Générale.

Et faire toi-même de la mise en scène ça te tente ?

Pas du tout, je me sens incapable de faire ça parce que j’envisage toujours les choses en fonction de mon point de vue de personnage. Je n’arrive pas à avoir une vision globale des choses. Bien sûr je comprends l’histoire, là n’est pas la question. Peut-être, il faudrait que je m’essaye, parce que j’ai remplacé des amis à l’Académie et j’aimais bien diriger… Cela étant, avec les Ex, gérer un spectacle, on le fait de bout en bout. Mais moi, je ne m’occupe jamais de la mise en scène. Le comédien doit répondre au désir de quelqu’un et je pense qu’à la longue, ça doit être un peu frustrant. Peut-être qu’un jour, ça ne me suffira plus. C’est peut-être aussi pour cela que je fais d’autres choses… Mais « autres choses », c’est par exemple, faire du boulot dans la production, …

Tu fais déjà de la création de spectacle en collectivité , te verrais-tu écrire quelque chose toute seule ?

Non. Pourtant, chose bizarre, en tant que journaliste je n’ai aucun problème à faire ça. Mais dans le journalisme, tu construis en fonction d’un sujet, ce n’est pas vraiment pareil. C’est assez étrange, parce que, toute petite, j’adorais raconter des histoires, j’adorais les contes. Mon institutrice de 2ème primaire parle encore de l’époque où à la fin des cours, j’allais devant la classe et je racontais une histoire que j’inventais. Le lendemain, j’achevais mon histoire. Et d’ailleurs, au niveau des spectacles que j’aime bien, au niveau des chansons même, il faut qu’on me raconte quelque chose. J’ai du mal avec les spectacles qui sont plus corporels ou vocaux, ce n’est pas mon univers. Il y a des gens à qui ça parle. Moi, j’ai besoin des mots. J’ai besoin d’une construction narrative.

Mais tu as certainement déjà fait partie de ces spectacles un peu multidisciplinaires : le mélange des genres devient de plus en plus fréquent aujourd’hui…

Ça ne me dérange pas que ce soit pluridisciplinaire, si cela raconte quelque chose. Par exemple, j’ai adoré le spectacle « Franck, le garçon de boucher ». Ce spectacle m’a raconté plein de choses. Pourtant la narration est un peu déconstruite…

Justement la question suivante concernait les spectacles que tu as vus dernièrement et qui t’ont vraiment plu…

Ah ben voilà… Sinon, l’année dernière j’avais vraiment adoré « La Forêt », mise en scène par Philippe Sireuil

On te revoit donc encore cette année, après le Feydeau…

Oui, ce sera dans « Six personnages en quête d’auteur » aux Martyrs en février. Et puis normalement début mai aux Riches Claires. C’est un ami sculpteur - Xavier Rijs - qui va créer un spectacle, "Les Sentinelles nues", pour lequel il y aura une centaine de sculptures placées un peu partout dans les Riches Claires. Quelqu’un a écrit de la musique contemporaine pour 6 voix, un chœur donc. Quant à moi, je serai la parole, la comédienne de l’expérience. Ce spectacle aura lieu en mai. Xavier Rijs travaille avec Vincent Dujardin, celui qui m’a préparée au Conservatoire. On avait déjà fait ensemble « La nuit des assassins » il y a 10 ans mais c’est la première fois qu’on retravaille à 3.

En attendant, on te souhaite une bonne continuation, beaucoup de succès et de plaisir dans la pièce « Boulevard Feydeau » qui se joue du 21 novembre au 5 janvier 2008 au théâtre des Martyrs.

photo 1) du site des Ex
photos 2), 3), 4) par Sara Tant

Propos recueillis par Nathalie Lecocq