Jeudi 14 mars 2013, par Thomas Dechamps

Suivre son étoile...

« Sachez que ce que nous faisons ici, ce n’est pas du théâtre, n’est pas de la danse, n’est pas un concert, n’est pas de la musique classique, ni de la musique contemporaine, ni du rock n’ roll. Mais un peu de tout cela. » C’est ainsi que Thomas Turine, auteur, compositeur et metteur en scène de 88 Constellations, décrit ce projet innovant qui nous emmène dans un voyage à travers l’espace (interstellaire) et le temps. Une création originale, en musique et en mots, qui s’égare parfois dans le grand vide spatial, mais parvient toujours à reprendre pied et à conserver notre attention durant tout le périple.

La nouvelle création que nous propose La Balsamine, nous fait lever la tête et contempler le ciel étoilé. En regardant au dessus de nous et en voyant des constellations, nous traçons des lignes, dessinons ainsi une carte du ciel et inventons un monde. Thomas Turine l’a bien compris et y a vu un acte hautement créateur. Et c’est à une transposition scénique et musicale de la carte des 88 constellations qu’il nous invite, et par là, à un voyage à travers celles-ci.

Cela commence comme, sans doute, tout voyage dans l’espace : l’obscurité du vide spatial, bientôt parcouru de la lumière des hommes. Et dans cet espace infini : une musique. Ici, l’espace a un son, comme chaque constellation aura sa propre mélodie, son propre rythme. L’astronaute solitaire, explorateur de cet infini, viendra briser cette harmonie musicale mais nous fera découvrir, au gré de ses pensées et de ses réflexions, la carte de l’espace.

Il y a de la poésie dans ce périple intersidéral. Les textes, parfois profonds, parfois plus légers voire absurde, sont portés par une interprétation tout en finesse, tournée en partie vers le public pour mieux nous accompagner, et soutenus par un travail très adroit sur le geste, le mouvement et l’espace (scénique).

L’ensemble souffre cependant de quelques longueurs, où le propos s’épuise un peu et nous laisse sur le côté, à attendre qu’il se passe quelque chose. Ces moments-là manquent de rythme (malgré que ce soit un spectacle en grande partie musical) et de souffle. Heureusement, la pièce parvient chaque fois à nous surprendre, en adoptant un nouveau ton, ou grâce à une nouvelle scène imprévue ou encore une autre musique, chaque fois différente, qui relance la machine.

88 Constellations est une création profondément originale, qui marie brillamment la parole, la musique et le geste dans une belle chorégraphie sur fond d’infini cosmique. Un beau voyage où l’on s’égare parfois un peu mais tous ceux qui aiment voyager savent que c’est ainsi que l’on sort des sentiers battus et que l’on découvre des choses inattendues…