Soissons dans l’Aisne

Bruxelles | Théâtre | Théâtre de Poche

Dates
Du 4 au 22 février 2020
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre de Poche
Chemin du Gymnase, 1 A 1000 Bruxelles
Contact
http://www.poche.be
reservation@poche.be
+32 2 649 17 27

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Soissons dans l’Aisne

« Interdiction de prendre de la drogue, sous n’importe quelle forme et d’en faire venir au château. Interdiction de sortir seul de l’enceinte du château. Interdiction d’écouter de la musique et de rester dans la chambre en dehors des heures prévues. Interdiction d’avoir des paroles ou des gestes violents envers les patients et les thérapeutes. Interdiction d’avoir des rapports sexuels avec d’autres patients… Merde, ça commençait mal »

Le comédien Riton Liebman a 30 ans, et il entame sa première- et dernière- cure de désintoxication. Loin de tout, de Paris, de Bruxelles, du show-biz, de la course à la gloire et au succès, du strass et des paillettes… A Soissons dans l’Aisne. Un de ces lieux de la dernière chance où l’on se sèvre collectivement, à la force du poignet, dans une abstinence monacale.

Soissons, c’est l’histoire d’un mec en manque et de ses « 56 jours d’abstinence totale de tous les produits modifiant le comportement ».

Avec ce nouveau texte, Riton nous livre une galerie de portraits de ces curistes : camés récidivistes, tox en tous genres, alcooliques, mais aussi Monsieur et Madame Tout-le-Monde… qu’un Liebman généreux nous propose en empathie. Ces gueules cassées nous renvoient tant l’image de notre société que celle de Riton lui-même : un type pas si ordinaire, un poil à la marge, un singulier antihéros du quotidien. Un gars qui nous fait rire et qu’on est bien forcé d’aimer, car il nous touche…
Le Poche s’était promis de feuilletonner la vie trépidante de Riton. Après Liebman Renégat et après la Vedette du Quartier, en voici le troisième opus : Soissons dans l’Aisne…

Distribution

Mise en scène Gabor Rassov | Avec Riton Liebman | Scénographie Stéphane Arcas | Lumières Xavier Lauwers
Une coproduction du Théâtre de Poche et L’Ancre-Théâtre Royal

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6 Messages

  • Soissons dans l’Aisne

    Le 3 février 2020 à 22:52 par Afrg

    Seul en scène, Riton Liebman nous livre sa tranche de désintox et sa galerie de personnages sur un plateau. C’est du vécu, non dénué d’humour et d’humanité. On accroche.

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  • Soissons dans l’Aisne

    Le 9 février 2020 à 14:31 par schoumaker

    Un seul en scène sur les addictions ! Au terme du spectacle nous n’oublierons pas le neocodion en vente libre . Si j’avais adoré Liebman renégat, je suis un peu moins enthousiaste pour ce spectacle ! Un peu monocorde dans la description des personnages, décor sobre mais tristounet. Bref si le thème est bien abordé, il y a un petit manque de punch.

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  • Soissons dans l’Aisne

    Le 14 février 2020 à 00:11 par HannaTannaH

    ’Liebman Renégat’ était tellement ’haut’, que là c’est un peu la descente... ’La Vedette du quartier’ était tout en couleur,s en nuances, ici Riton semble s’effacer, le propos est sur-narratif, sous-joué. On embarque dès que Riton ’danse’ et s’éclate sur scène...
    L’écriture est belle, vraiment, et peut-être que la scène l’abime un peu, en l’emprisonnant, en l’étouffant, dommage !
    On aime Riton et son magnifique texte touchant, drôle...

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Samedi 8 février 2020, par Jean Campion

Seul mais épaulé par le groupe

Dans "Liebman renégat" (2015), Riton (Henri) revivait ses rapports tendres mais compliqués avec son père. Pas facile d’être le fils de ce brillant professeur, Juif de gauche qui défendait la cause palestinienne. "La Vedette du quartier" (2016) revenait sur ses rêves de gloire et ses cruelles désillusions. "Soissons dans l’Aisne", troisième volet de cette "thérapie comique", reflète la cure de désintoxication, qui lui a permis d’échapper, il y a vingt ans, à l’enfer de la drogue. D’abord roman (pas édité), ce témoignage est devenu un seul-en-scène, où l’acteur-auteur raconte son combat avec humilité, autodérision et une sincérité impressionnante.

Riton ne cavalait plus derrière les dealers, mais tous les matins, il entrait dans une pharmacie pour acheter une boîte de Néocodion. Un médicament contre la toux, mais également un produit de substitution à l’héroïne. En ventre libre, à moins de trois euros. En vue d’un voyage avec Dominique, dont il était très amoureux, il stocke une bonne trentaine de boîtes. Elle découvre son addiction. Il a beau mentir, sacrifier ses provisions, elle coupe les ponts. Malgré le scepticisme de son pharmacien, il espère redevenir clean et la reconquérir, en entamant une cure de désintoxication au Centre Apte, à Bucy-le-Long. Une vie monacale, dans un bled à six kilomètres de Soissons, pendant cinquante-six jours ! Les premières nuits sont atroces. Incapable de trouver le sommeil, il erre dans les couloirs de ce château des Ruisseaux. Comme un fantôme.

Moments importants de journées bien rythmées : les deux séances de groupe, encadrées par des thérapeutes. On ne se réunit pas pour défendre un avis, mais pour écouter les autres, raconter sa vie et partager des émotions. Riton se livre difficilement. En blaguant, on lui reproche de "faire l’acteur". Parlant d’égal à égal, avec des compagnons de combat, qui souffrent de la même dépendance, il s’en rapproche. C’est avec humour, bienveillance et lucidité qu’il décrit le parcours de plusieurs drogués. Sans nous apitoyer sur leur sort souvent tragique ni masquer leur inconséquence ou leur lâcheté, il laisse apparaître leurs fêlures et regrette l’indifférence de certaines familles.

Lors d’une visite, Riton constate que les thérapeutes, confères de sa mère, l’intéressent davantage que lui-même. Pas de rancoeur : l’argent de son héroïne, il le piquait dans son sac ou dans les poches de ses patients. Devenu le plus ancien du groupe, il freine son impulsivité, pour accueillir les nouveaux curistes, avec le tact de "La Tige". Sa gratitude l’incite à rendre ce qu’on lui a donné. Au bout de cinquante-six jours d’abstinence, la honte a disparu. Il peut reprendre son sac et repartir du bon pied... Sur la place devant la gare, une lumière verte l’attire. S’il résiste à la tentation, c’est à cause du groupe. Cependant la bataille n’est jamais complètement gagnée. Les "Narcotiques Anonymes" restent un bouclier très utile.

Riton Liebman réussit à nous raconter cette cure exigeante et pénible, sans plomber l’atmosphère. En misant sur sa franchise et son goût de la dérision. Il se moque de son arrogance. Alors qu’il s’attendait à fréquenter de brillantes célébrités, il se retrouve au milieu de "vieux débris". Son empathie grandissante pour ces paumés ne bride pas son ironie. On rit des déboires de "Beau Daniel", piégé par son succès auprès des femmes ou du physique ingrat de Céline la "première de classe". Alternant confidences au public et reconstitutions de scènes marquantes, le comédien se glisse parfois dans la peau d’un de ses compagnons. Samir nous touche par son désir d’évasion et son attachement à sa mère. La drogue est un poison mortel. "Il fallait que je le comprenne par moi-même.", affirme Riton Liebman. "Soissons dans l’Aisne" montre que le groupe était indispensable pour atteindre cet objectif.

Jean Campion

Théâtre de Poche