Samedi 15 décembre 2018, par Catherine Sokolowski

Six hommes et une metteuse en scène

Dans « La ville des zizis », Eline Schumacher illustre sa propre vision de l’amitié virile. Après l’enterrement de Michiel, l’un des leurs, une bande de joyeux drilles se défoule joyeusement en pensant au disparu. Une vieille radio diffuse un questionnement sur la solitude. Les mises en scènes loufoques se succèdent, comme cette parodie d’« Il était une fois dans l’Ouest », moment phare de cet hommage aux hommes, à l’amitié et à la vie.

Six acteurs se partagent la scène, pour un enterrement d’abord, pour une épopée burlesque ensuite, le tout en se commémorant le disparu, sans pour autant verser de larmes. En tenue de cow-boys, ils se donnent des airs virils, en maillot de bain, ils perdent de leur superbe, mais il est toujours possible d’adopter la technique d’Adrien : « A force de laisser croire qu’il est beau, les gens finissent par s’en convaincre ».

On l’aura compris, le ton est léger et les répliques sont drôles même si le sujet est grave : « J’aime pas du tout les gens qui meurent, c’est pas juste ». A l’origine, Eline Schumacher s’est inquiétée de savoir s’il y aurait du monde à l’enterrement de son père (en bonne santé !). Ce dernier lui a alors suggéré que c’était peut-être la solitude qui l’angoissait, pas tant pour son enterrement à lui (de toute façon, il serait mort), mais plutôt la solitude qui guette tout un chacun.

La vision féminine et personnelle d’Eline Schumacher de l’amitié virile est plutôt naïve et instinctive. La jeune femme a puisé dans son vécu pour imaginer ce spectacle, ce qui lui confère fraîcheur et légèreté. Il s’agit donc d’un divertissement, qui, à ce titre, est une réussite et aussi un hommage à l’amitié évoquée au travers des relations entre les six protagonistes. Ils se préparent d’ailleurs pour le réveillon de Noël - sans leur famille - pour lequel « chacun amène ses boules ». Joyeux Noël à tous !