Lundi 21 novembre 2011, par Catherine Sokolowski

Sexe sans plus si affinités

Nouvelle adaptation du merveilleux texte de Philippe Blasband, à la fois audacieux et pudique, au Egg, tout récemment inauguré. On s’interroge, Jasmina Douieb et Georges Lini pourront-ils succéder à Nathalie Baye et Sergi Lopez, le film de Frédéric Fontaine ayant eu le succès que l’on sait ? La réponse est positive, le dialogue singulier auquel se prêtent les deux protagonistes est percutant, répliques et pensées s’entremêlent sans s’entrechoquer, et même si l’on connaît l’histoire de ce couple qui souhaite assouvir un fantasme avant d’entrer, on se plaît à participer à ce partage d’intimité, ces 55 minutes d’authenticité, ce texte si particulier.

C’est dans le Studio du Egg que le spectacle est présenté, un très grand canapé brun pour seul décor, ce dernier faisant office de chaise de café, de banquette de restaurant, parfois de lit et toujours de support de réflexion. Cette sobriété convient à la pièce et met en valeur le jeu des acteurs, doucement mais sûrement, le public perçoit l’évolution d’une relation, celle de deux êtres qui se sont rencontrés grâce à une petite annonce et qui n’étaient pas prêts à s’aimer.

Cette adaptation théâtrale de Daniel Hanssens met l’accent sur la naissance d’une émotion au détriment de l’analyse d’une rupture, partie plus noire et plus ésotérique de la relation. La représentation, assez courte, se veut explicite : on se rencontre, on finit par s’aimer, on se quitte. Pour ceux qui connaissaient l’histoire avant d’entrer, elle constitue un agréable rappel mais les non avertis percevront-ils l’angoisse de cette séparation ? Cet énorme quiproquo qui n’en est peut-être pas un et toute la difficulté de communiquer et d’aimer, travers de la société moderne, qui se cache derrière ? Quoi qu’il en soit, un moment particulier, une ambiance intimiste, deux acteurs charismatiques, tous les ingrédients sont présents pour une belle soirée : une pièce à conseiller.