Dimanche 23 septembre 2012, par Catherine Sokolowski

Seul le raton laveur s’en lave les mains

Beep ! Beep ! Orphéon Bilboquet joue à franchir les limites. Un pas de trop et le système d’alarme du muséum se déclenche. Ecrivain, Orphéon cherche l’inspiration. Il trouvera bien plus que ça : contemplant un tableau de Bonnard, il fait la connaissance d’Elmer Etcetera, politicien en devenir. Pietro Pizzuti (Orphéon) et Alexandre Trocki (Elmer) rayonnent dans la petite salle du Public, réservée chaque soir à un dialogue tout en finesse et en humanité entre deux hommes différents aux souhaits convergents.

Une histoire touchante d’homosexualité contrariée, comme on en voit au cinéma et beaucoup moins au théâtre. Un rappel troublant des travers d’une société qui n’arrive pas à accepter certaines différences comme en témoignent des faits divers récents. Les deux acteurs se complètent, Pietra Pizzuti en Orphéon démonstratif, Alexandre Trocki en jeune cadre posé.

Elmer, qui ne pense qu’à « remettre des rêves dans la vie des gens », arrivera-t-il à s’imposer aux élections ? A-t-il raison d’ignorer le « pessimisme anthropophage » de son compagnon qui l’estime bien « trop idéaliste, trop honnête, trop joli et trop poli » pour ce métier-là ? Orphéon trouvera-t-il l’inspiration qu’il recherche ?

Assez prévisible, l’intrigue de Stanislas Cotton (« Orphéon et le raton laveur ») charme pourtant par son idéalisme confondant. Il s’agit de faire de la politique sans mentir, notamment en assumant publiquement une relation homosexuelle. L’amour pur et naïf de ces deux hommes aspirant à un monde meilleur fait rêver. L’écriture poétique et symbolique, avec notamment l’intervention d’un raton laveur dans la dernière partie du texte, donne un relief particulier à cette histoire touchante. La mise en scène sobre de Virginie Thirion permet de se concentrer sur l’essentiel. Un beau moment d’humanité.