Scheisseimer

Théâtre | Théâtre Les Tanneurs

Dates
Du 20 au 23 février 2013
Horaires
Tableau des horaires

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http://www.lestanneurs.be
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+32 2 512 17 84

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Scheisseimer

KoenraadTinel a aujourd’hui 78 ans. Il avait à peine six ans quand sa chère professeur de piano Betty Galinsky a disparu de sa vie. Elle était juive ; pendant la guerre, son père était sympathisant nazi. Elle a un jour subitement disparu.
L’histoire est poignante, fascinante : elle est vraie. Longtemps enfouis dans sa mémoire, les souvenirs de cette période agitée et macabre se fixent alors sur le papier sous la forme de dessins au brou de noix et à l’encre de Chine, à l’état brut de sa conscience.
Et Koenraad nous raconte. Ne juge pas, mais raconte l’innommable – et l’innommé par ses yeux d’enfant. Avec l’innocence de son âge d’alors.
Le récit sincère qu’en fait aujourd’hui cet homme au cœur pur est une mine de récits de l’Histoire qui s’incarnent enfin, de la Belgique occupée à l’Allemagne en déroute.Témoignage inhabituel sur la monstruosité de l’idéologie nazie, l’artiste recrée ainsi ses propres archives et fait acte de l’urgence à dire – à nous dire.

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2 Messages

  • Scheisseimer

    Le 7 février 2013 à 03:28 par pit111

    Vu à l’époque au national. Specatcle très fort et bouleversant. Ces dessins sont de toutes beauté et donne une rythmique et un certain retrait face à l’horreur qui se dévoile sous nos yeux. Il faut beaucoup de courage à Koenraad pour venir raconter cette histoire avec ce qu’il a vécu et ses souvenirs de son père sympathisant nazi . Le récit est fort, sans retenu, mais sans jugeret en se limitat aux faits. Un spectacle avec beaucoup de profondeur.

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  • Scheisseimer

    Le 15 mars 2013 à 03:07 par Marc

    Une histoire authentique absolument hors norme qui suscite immédiatement l’intérêt. J’ai été captivé par le récit extrêmement fort et poignant de Koenraad Tinel et souvent séduit par ses oeuvres plastiques projetées durant le spectacle.
    Cependant, le fin très abrupte m’a un peu désarçonné et visiblement l’absence de réel point de vue a paru déplaire au public. Faut-il pourtant répéter encore le même jugement moral sur ces évènements ?

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Lundi 25 février 2013, par Emmanuelle Conte

Souvenirs guerriers

Koenraad Tinel avait six ans, en 1940. Il a vécu la guerre, oui, mais dans le « mauvais camp » : avec un père flamingant et sympathisant nazi, et deux grands frères concrètement collaborateurs, le débarquement de Normandie n’a pas été perçu comme une bouffée d’espoir, mais comme le début d’une épopée dangereuse, en fuite vers l’Allemagne. Il raconte ses souvenirs, heureux comme douloureux, avec une franchise étonnante et une certaine maladresse plutôt attendrissante.

Koenraad Tinel est aujourd’hui artiste plasticien. Ses œuvres sculpturales évoquent principalement des mondes mythiques (à découvrir sur son site officiel). Mais ses dessins proposent une toute autre facette de l’artiste : ils sont une plongée dans son passé et donnent forme à des souvenirs complexes. Après avoir terminé le cycle « Scheisseimer » en 2006, composé de plus de 240 dessins au brou de noix et à l’encre de Chine, Tinel a pu, grâce à la complicité de son ami et écrivain David Van Reybrouck, mettre des mots sur ses œuvres, dans un livre paru en néerlandais en 2009 et rapidement porté à la scène à Anvers. C’est au théâtre Les Tanneurs qu’il raconte de nouveau son histoire, en français cette fois.

Sur scène, rien d’autre que des copies de ces centaines de dessins, un sublime piano à queue, et Koenraad Tinel, l’homme qui a vécu la guerre alors qu’il n’était encore qu’un enfant. En guise d’introduction, ses doigts noueux jouent une pièce de Bach qu’il avait apprise avec sa professeur juive, Betty Galinsky, à qui il dédie ce spectacle.

C’est avec des mots hésitants que Tinel parle. Il débite ses idées, ses souvenirs à une vitesse incroyable, comme si ses secrets étaient restés trop longtemps enfouis dans sa mémoire, ne demandant qu’à s’en échapper au plus vite. Rien n’est appris par cœur : il tente simplement de retranscrire avec des mots maladroits son histoire poignante et fascinante. Rien n’est joué, non plus : l’émotion est réelle, et sa voix tremblante n’en est que plus touchante. Il ne juge pas, mais raconte l’innommable, la monstruosité de l’idéologie nazie, avec l’innocence de son âge d’alors.

Si le rythme est un peu monotone, le public ne peut qu’applaudir l’audace de cet homme qui n’hésite pas à affronter ses propres émotions et à en livrer un récit dont la sincérité n’a d’égale que la culpabilité que Tinel ressent toujours, culpabilité d’un choix qu’il n’a pas fait, que d’autres ont fait pour lui.

Le spectacle se terminera sur une note musicale de Bach, la même que celle qui l’a introduit, faisant résonner une dernière fois les souvenirs de l’Homme.

Emmanuelle Conte

Théâtre Les Tanneurs