Sans m’en apercevoir

Bruxelles | Théâtre | Les Riches-Claires

Dates
Du 22 février au 10 mars 2018
Horaires
Tableau des horaires
Les Riches-Claires
Rue des Riches Claires, 24 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lesrichesclaires.be
accueil@lesrichesclaires.be
+32 2 548 25 80

Moyenne des spectateurs

starstarstarstar-halfstar-off

Nombre de votes: 3

Sans m’en apercevoir

Lundi-théâtre (6€) : le 26 février à 20h30

"Les scènes partent de situations courantes gonflées par l’absurde, irriguées par le non-dit, musclées par l’énergie théâtrale des comédiens. L’inventivité poétique des deux compères fera adroitement éclater ces situations banales, comme bulles de savon, les unes après les autres, ils vont tirer sur tous les dysfonctionnements du monde et feront mouche… " (Art et Lettres)

Chez Ribes, les personnages sont mus par une logique qui leur donne parfois l’envie de chanter… sans s’en apercevoir. Et parfois aussi l’envie de hurler. Mais avec Ribes, même la tragédie tourne au comique. Mieux vaut être un pessimiste drôle qu’un optimiste tout à fait sérieux !

Dans une scénographie simple et ludique, deux comédiens se vêtent et se dévêtent au sens propre comme au figuré. Ils passent tour à tour le costume de comédiens, d’un coiffeur et de son client, d’un couple d’amis au Musée, etc. On sourit à leurs facéties, on est pris d’un rire libérateur quand le duo secoue les idées reçues et quand il décape, grâce à la plume acérée de Ribes, la normalité trop normale. Par-dessus tout cela, le spectacle est saupoudré de bulles musicales vintage. Des chansons des 70’s qui nous émeuvent par leur naïveté et que le duo s’amuse à interpréter avec humour mais sans sourciller…

Distribution

De Jean-Michel Ribes - Avec Marc De Roy et Valéry Benjilali - D’après Change, Ça fait peur non ?, Egalité-Fraternité, Tragédie, Le Goéland, Sans m’en apercevoir, Multilogues, Théâtre Sans Animaux, Musée haut Musée bas - Mise en scène : Pascale Vander Zypen - Lumières : Jean-Loup Vanagt. Une production de la Superbe Asbl.

Laissez nous un avis !

4 Messages

  • Sans m’en apercevoir

    Le 24 février 2018 à 15:24 par gwagaloo

    Début intrigant ! Mais au fur et à mesure que le jeux se fait entre les 2 acteurs ,et que nous entrons dans la pièces ; rires et émotions apparaissent et nous entraînes dans leurs humours chantant et même fredonnant. Ce fut une surprise très agréable, je la conseil !

    Répondre à ce message
  • Sans m’en apercevoir

    Le 26 février 2018 à 16:58 par paul

    A voir absolument ,
    connaissance de certaine veille chanson des années 80 nécessaire,
    commentaire sur l’ art très intéressant !
    etc
    bonne soirée d’humour.
    ps : ajouter des ttttttttt.

    Répondre à ce message

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
    Se connecter
Votre message

Mardi 27 février 2018, par Jean Campion

Le Plaisir du sursaut

Alors que sur scène Valéry Bendjilali écoute sa guitare, Marc De Roy fait irruption dans la salle, remercie différents spectateurs de leur présence et rejoint son compère. En s’habillant, les comédiens, inspirés par le tube de Nicoletta, entonnent "Il est mort le théâtre". Le mot théâtre ne fait plus rêver. Pour le rendre attractif, il faut lui ajouter au moins deux "t". Ce soir, ils nous emmènent au... ThéTâTreT. Plus précisément dans le monde de Jean-Michel Ribes, où l’humour flirte constamment avec l’absurde. Puisant dans plusieurs recueils ( Théâtre sans animaux ; Musée haut, musée bas ; Sans m’en apercevoir, etc.), ils nous entraînent dans une farandole de scènes décalées, loufoques et... pertinentes.

Ribes aime beaucoup "les étincelles des courts-circuits, les immeubles qui tombent, les gens qui glissent ou qui s’envolent, bref les sursauts." Il aime que la situation dérape. Comme dans cet affrontement fraternel. Depuis l’âge de cinq ans, Jacques rêve de devenir plus intelligent qu’André, son frère aîné. Il crève d’envie de dépasser l’écrivain réputé, reçu sur les plateaux de télévision. Eh bien, ça y est ! En apprenant la "grande" nouvelle, André ne sourcille pas. Il laisse s’exprimer ce frère qu’en famille, à l’école, au catéchisme, on appelait "concon". Un surnom que Jacques justifie pleinement, en voulant prouver que "l’intelligence, c’est pas la mer à boire". La subtilité avec laquelle André manipule son cadet rend la scène jubilatoire.

L’auteur a l’art de faire progresser une situation extravagante, avec une logique désarmante. A la Comédie-Française, Jean-Claude et Louis, un couple homo, ont assisté à la première de "Phèdre". Rôle tenu par la soeur de Louis. Exaspéré par trois heures de supplice, Jean-Claude refuse d’aller féliciter "cette grosse vache", qui avait déjà gâché leur mariage. Louis tente de l’apaiser, fait des concessions : bravo peut se réduire à "o" et même à "vo". Peine perdue. Jean-Claude rejette les convenances et déclenche une nouvelle... tragédie.

Les personnages imaginés par Ribes nous ressemblent par leur faiblesse, leur lâcheté et leur humanité. Prisonniers de leurs préjugés, de leurs peurs et de leurs désirs, ils font voler en éclats la normalité, en cherchant à fuir leur réalité. Un homme, qui veut changer d’opinion sur son beau-frère, est aux anges, quand on salit sa réputation, en dévoilant toutes ses turpitudes. Les visiteurs, qui déambulent dans le musée, nous amusent par leurs obsessions, leur platitude, leur naïveté ou leur prétention. Ils sont manifestement incapables d’entrer en contact avec les oeuvres d’art. Convaincu qu’il faut absolument échapper à l’enlisement dans une existence médiocre, un client pousse son coiffeur à s’interroger : a-t-il été conçu pour passer la tondeuse ou vaporiser de la laque ? Il l’incite à lutter contre l’attraction universelle et à prendre son envol. Malgré l’emprunt à rembourser, le coiffeur est prêt à "faire le goéland".

"Sans m’en apercevoir" est un spectacle à l’allure décontractée. Changements de costume à vue et chansons nous permettent de souffler entre chaque séquence. Mais dès que la situation insolite est plantée, les dialogues alertes de Jean-Michel Ribes nous embarquent irrésistiblement dans son univers absurde. Dirigés avec précision par Pascale Vander Zypen, Marc De Roy et Valéry Bendjilali changent de rythme efficacement et provoquent un rire libérateur. Ils alternent les rôles de dominant et de dominé, conjuguent leurs efforts, pour susciter un climat angoissant dans "Ca fait peur, non ?" et se défoulent, en chantant des tubes de Gérard Lenorman, Mike Brant et Marie Myriam. Un duo talentueux, qui ne se prend pas plus au sérieux que l’auteur. Emporté par son imagination, celui-ci secoue les idées reçues, mais ne prétend pas donner de leçons. Il se contente d’utiliser l’humour comme "un bouclier contre la connerie universelle".

Jean Campion

Les Riches-Claires