Mercredi 13 février 2008, par Nadine Pochez

Rosalia Cuevas

Sa carrière de comédienne est déjà impressionante, mais elle avoue son désir de pouvoir interpréter un jour un rôle de tragédie classique, comme Phèdre ou Clytemnestre.

Elle sera Madame Duplay dans Robespierre [1] de Thierry Debroux, du 21 février au 22 mars 2008 au Théâtre Royal du Parc. En attendant, je rencontre cette grande comédienne dans sa loge, en plein essayage costume !

Rosalia Cuevas, qui êtes-vous ?

Rosalia Cuevas signifie « petite rose des grottes » Je suis espagnole mais je suis arrivée en Belgique à l’âge de 1 mois donc la culture espagnole m’a été transmise essentiellement par mes parents. J’ai commencé ma carrière de comédienne professionnelle par le Conservatoire Royal de Bruxelles dans la classe d’André Debaar. J’y suis sortie en 1978. J’ai directement été engagée au Théâtre des Galeries. J’y ai joué pendant dix ans. Au départ, j’étais « les soubrettes », puis, au fur et à mesure j’ai eu des rôles plus importants. J’y ai rencontré les monstres du
théâtre de l’époque : Christiane Lenain, Jean-Pierre Loriot et Serge Michel. C’étaient vraiment des comédiens magnifiques et j’ai eu une chance folle de pouvoir apprendre à leurs côtés. Ensuite, j’ai joué au Théâtre du Parc pendant quelques années. Puis, mon parcours est devenu plus free-lance : j’ai travaillé dans presque tous les théâtres de Belgique.

Tout récement, on vous a applaudi un peu partout en
Belgique avec Un Grand Cri d’Amour
de Josiane Balasko. Préférez-vous jouer les comédies ?

J’ai beaucoup joué la comédie. J’ai adoré ça. J’ai vraiment appris mon métier avec les comédies des Galeries. Mais c’est vrai, qu’au bout d’un moment, j’avais envie de diversité, de jouer un autre registre ; et je l’ai fait !

Vous êtes également directrice de plateau ?

Directrice plateau de doublage. J’entrevois ce métier de manière différente. Certes, il faut également être comédien pour pouvoir l’exercer : il faut savoir jouer et il faut également disposer d’une certaine technique propre au doublage (parler en place, gérer la respiration…). Le doublage me passionne : à la fois être la voix de quelqu’un au micro, et, diriger le comédien. Celui-ci doit être mis en situation rapidement car, lui, à la différence du directeur plateau, n’a pas vu le film. Il ne connait pas l’histoire ni la voix qu’il lui donnera.


Le Cinéma ?

Du cinéma : oui, j’en ai fait ; mais, j’avoue, sans honte que j’y suis rarement engagée ! Mon expérience dans le cinéma est donc très pauvre. Il m’attire moins que le théâtre parce que le comédien doit incarner directement le personnage. Le théâtre permet de faire une recherche plus longue sur le personnage. J’aime les répétitions ; ce qu’il n’y a pas au cinéma.
(n.d.l.r. :Son dernier rôle était celui d’une PDG pour Septième Ciel Belgique 2ème saison [2])

La mise en scène ?

Jamais je ne m’autoriserais la mise en scène et l’enseignement. Je crois qu’il faut être sûre de soi. Je m’en sens complètement incapable. J’aurais trop peur de me tromper tout le temps. Mon angoisse de comédienne me suffit !

Pourtant vous dirigez des comédiens pour le doublage.

Avec le doublage, j’ai l’impression que la prise de risque est moins grande car le film est déjà terminé. Il s’agit de ressentir les émotions des personnages et ensuite de demander aux comédiens de les interpréter vocalement.

Vous jouez très bientôt au Parc Mme Duplay dans Robespierre - la dernière création de Thierry Debroux.

La pièce est une description très bien faîte d’une période que l’on appelait La Terreur. Elle raconte les derniers jours de Robespierre avant sa décapitation. Il habite chez un couple : Monsieur et Madame Duplay. Cette dernière a beaucoup plus de caractère que son mari qui est … un nounours ! Ils ont une fille qui est amoureuse de Robespierre. Ils vont chercher à la marier avec lui. D’autre part, Mme Duplay et Robespierre nourrissent l’un pour l’autre une grande tendresse.
La distribution est excellente et le texte est vraiment superbe !

Quelle est la pièce que vous avez préféré jouer ?

C’est une question difficile car l’on se souvient plus volontiers des pièces récentes.
Je pense que Mathilde de Véronique Olmi, avec Patrick Descamps, mis en scène par Michel Kacenelenbogen est une des pièces que j’ai préféré jouer. C’était au Public en 2006. C’est l’histoire d’un couple bourgeois. Elle sort de prison parce qu’elle a eu une aventure sexuelle avec un mineur … elle rentre chez elle et assume complètement ce qu’elle a fait. Elle n’a aucun regret et ne compte pas faire sa vie avec ce jeune homme. Elle a juste vécu un moment extraordinaire dans sa vie. Son mari ne comprend pas du tout la situation.

Un rôle que vous rêveriez de jouer ?

Phèdre ou Clytemnestre. Mon seul regret est de n’avoir jamais pu jouer de tragédie. Mais ma carrière n’est pas terminée !

Écrivez- vous ?

Non

Qu’aimez-vous dans votre métier ?

J’ai toujours voulu faire ce métier et je serais bien incapable de faire autre chose !
Ce qui m’intéresse c’est d’être un personnage que je ne suis pas. J’aime les répétitions : chercher, se tromper, être vrai, sentir l’étincelle dans l’œil du partenaire au point d’en oublier les spectateurs…

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?

Que ma fille réussisse ses examens ! Ça c’est très important pour moi !

On croise les doigts pour elle, mais permettez-nous de vous souhaiter en plus un franc succès avec ce nouveau rôle de Madame Duplay

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Propos recueillis par France Pinson le 8 février 2008

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À l’affiche au Théâtre Royal du Parc 21 février - 22 mars 2008 : Robespierre écrit et mis en scène pat Thierry Debroux - création

Crédits : Photo N/B Mathilde : Cassandre Sturbois – Photos Un grand cri d’Amour : Luc Tourlouse Affiche Robespierre : Serge Daems

Documents joints

Notes

[1Paru chez Lansman N°621

[2La RTBF vient de sortir ce 2d DVD