Récits de juin

Théâtre | Théâtre Les Tanneurs

Dates
Du 18 au 19 décembre 2012
Horaires
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Récits de juin

Le dispositif est simple. C’est résolument du théâtre à l’état pur, et c’est même le théâtre de la vie d’un homme – Pippo Delbono. Avec Récits de juin, l’acteur, auteur et metteur en scène à la drôle de troupe, lève le voile sur les origines de sa vie et sur son parcours. Plus confidence que conférence sur le thème de l’amour, cette parole s’émancipe de ses premiers carcans – la religion, le poids de la tradition en Italie, les non-dits – et nous invite à faire une pause, et à pointer les éléments les plus importants de ce parcours résolument hors norme. Ce chef de file du théâtre italien interroge dans une dimension intime les douleurs qu’il a traversé et qui l’ont constitué : partager l’idée que ce qui ne tue pas rend fort, que ce qui ne tue pas libère. Car l’enjeu de Pippo Delbono reste avant tout celui de faire œuvre toute sa vie de liberté, au théâtre et ailleurs, et surtout de la vivre dans le partage. A mi-chemin d’une vie sur les routes, il nous offre un moment aussi grand d’intensité que de fragilité, dans une impudeur douce, qui entremêle et lie le récit des histoires vécues avec ses compagnons de fortune et d’infortune à ses œuvres théâtrales.

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Jeudi 20 décembre 2012, par Karolina Svobodova

Le théâtre pour survivre

On ne peut pas connaître le théâtre de Pippo Delbono sans connaître un peu l’histoire de la vie de ce chef de file du théâtre italien. L’un et l’autre sont intrinsèquement liés ce que les programmateurs ne manquent jamais de nous rappeler. Mais entre connaître quelques étapes, voire même une bonne partie de la biographie et l’entendre raconter par l’homme lui-même il y a un grand pas que je suis contente d’avoir franchi hier soir, au théâtre des Tanneurs.

Seul sur scène, assis sur une chaise, le micro collé au coin des lèvres, Pippo Delbono se livre aux oreilles avides et, pour la plupart d’entre elles, conquises d’avance des spectateurs. Un public complice réuni pour entendre parler cet homme qu’il connait et qu’il aime, pour l’entendre se confier, tantôt avec douceur, tantôt par des cris. Le français et l’italien se mélangent lors de cette conférence/représentation, les anecdotes drôles et les réflexions graves se succèdent pendant une heure et demie. C’est long, on ne comprend pas toujours tout, on perd parfois le fil : il y a tellement de choses qui sont dites dans ce français souvent écorché, tellement de choses dites très vite que l’on a du mal à suivre.

Est-ce grave, voire même dérangeant ? Ce serait se formaliser pour peu. Parce que l’essentiel c’est le corps de cet homme face à nous, ce corps qui danse, encore une fois, la chorégraphie conçue lorsque l’artiste n’arrivait presque plus à marcher. C’est ce regard doux qui se fait violent, cette voix affirmée qui se met à trembler un peu.

Pour parler de sa vie, Pippo Delbono convoque les textes de Sarah Kane, Shakespeare, Pasolini, ces artistes qui l’ont accompagné tout au long de son existence, ces mots qui l’ont soutenu aux moments où tout semblait s’écrouler. On comprend que pour cet homme le théâtre est une bouée, de l’air frais, de la nourriture... Que sans le théâtre, il ne serait peut-être plus là.

Le spectacle se finit sous un tonnerre d’applaudissements. Certes, le public applaudit la performance mais très vite, c’est surtout son soutient et son amour qu’il communique ainsi à l’artiste. Un moment émouvant pour clôturer ce spectacle pour âmes sensibles.

Svobodova Karolina.

Théâtre Les Tanneurs