Lundi 27 avril 2015, par Catherine Sokolowski

Qui mord dîne

Après un joyeux mariage, Anna (Sophie Arnulf) et Nathan (Mathieu Besnard) convient Clo (Séverine Porzio) et Raphaël (Gabriel Da Costa) à un dîner. Les retrouvailles de la fratrie se présentent sous les meilleurs auspices, belle table, rôti au four. Mais la situation évolue et les dialogues s’enveniment. « L’enfant colère » réunit un brillant quatuor sous l’égide de Sophie Maillard, jeune metteur en scène qui a su tirer le meilleur parti du travail des comédiens. Entre rires et larmes, un huis clos effervescent.

La table est prête, accueillante, chacun semble bien disposé. Et pourtant Anna ouvre rapidement les hostilités en reprochant à Clo d’abîmer le mobilier. La tension va crescendo. Les échanges sont anodins mais drôles, les répliques acerbes, d’abord discrètes se multiplient. Raphaël va participer à un concours international de statues vivantes, Clo a enfin trouvé du travail, Anna donne sa version du film « Titanic ». Quant au rôti, il n’en sera bientôt plus question. Le rappel d’un évènement ouvre la boîte de Pandore, Clo explose, Nathan subit les foudres de sa soeur. Un lourd passé plane en effet sur les convives. Entre rires et pleurs, Raphaël se confie et la scène vire au drame.

L’enfermement et la cellule familiale sont deux thèmes chers à Sophie Maillard qui a écrit ce spectacle progressivement, multipliant les allers-retours entre l’écriture et la mise en scène, elle-même nourrie par l’improvisation des comédiens. Une belle cohérence se dégage du résultat dans lequel le langage corporel tient une place de choix. Les corps distants finissent d’ailleurs par s’entremêler.

Entre drame et comédie, le spectacle explore les relations familiales et suggère quelques pistes, parfois un peu nébuleuses, par des références à Prométhée, Pandore ou Newton.
A un autre niveau, on se réjouit de découvrir une création originale et drôle et on ne peut qu’inciter Sophie Maillard à poursuivre après cette première mise en scène. Rires et sourires sont au rendez-vous, pourquoi s’en priver ?