Mardi 30 novembre 2010, par Samuël Bury

Qui a tué Sebastian ?

Tennessee Williams avait signé, avec "Soudain l’été dernier", une œuvre forte en ce qu’elle dénonçait des sentiments encore honteux sur l’homosexualité, un rapport plus qu’ambigu avec l’autre qu’est l’étranger et une certaine idée de la folie. Des thèmes lourds qui interrogent toujours. Du pain béni pour les planches. Jouer ce texte, un bon plan a priori.

Alors, oui, le travail de Michel Kacenelenbogen est bien fait. Une structure scénique solide et parfaitement séquencée, un somptueux décor de serre tropicale plus vrai que nature, une belle garde-robe d’époque (grande bourgeoisie des années 50) et une distribution subtilement choisie. Bref, une composition maîtrisée d’éléments consistants qui offre un bon moment de théâtre.

Mais une réussite un peu facile aussi. Car on peut lui reprocher d’avoir joué la carte de la recette classique qui marche toujours. Et aussi de s’être enfermé dans des codes un peu trop rigides (le décor d’un réalisme brut, le verbe emprunt de tragique perturbateur, les mouvements posés avec une tendance au sur-jeu).
Rien à blâmer au fond, mais on quitte la salle sans grande surprise, après avoir assisté à une adaptation un poil trop conformiste. Les sujets sont forts mais la forme ne les soutient pas suffisamment.
De cette pièce globalement agréable sort aussi une figure. Celle de Magali Pinglaut qui jette une prestation puissante. C’est même à travers elle que l’on trouvera la substance de ce texte torturé.

Samuël Bury