Lundi 29 février 2016, par Céline Verlant

Quand un couple perd ses « elles » dans le dédale des « ils » de l’amour, c’est la chute

A aime B. B aime A. Enfin, ça c’était avant. Avant les chaussettes. Ce cadeau d’anniversaire rayé qui va déballer toute son histoire, à coup de flashbacks, jusqu’à rayer de la carte du cœur le territoire de l’autre… et accueillir de l’autre côté de la frontière des sentiments, les étrangers C et D. Recevront-ils un CDD ou un C4 ?

Le premier chapitre de cet abécédaire mélangé nous plonge dans les eaux troubles d’un couple qui se noie : c’est la rupture. Le second chapitre nous emmène dans les chemins sinueux, tortueux, vertigineux des lendemains des jours heureux. Le dernier chapitre nous propose une partie de scrabble à quatre lettres.

Dans cette aventure, l’amour a rétréci au lavage des années, délavé ses couleurs au fil d’Ariane du temps. Il y a belle lurette que le soleil ne brille plus sur le labyrinthe de leur amour sans issue. Seule une ingénieuse maturité leur permettrait de quitter l’architecture inextricable de leur couple dans l’impasse.

L’écriture fine de Fausto Paravidino va à l’essentiel en peu de mots, agencés dans une construction narrative originale. La mise en scène dynamique de Fabrice Gardin trouve une complémentarité sobre et ludique dans la scénographie de Ronald Beurms, les éclairages de Félicien Van Kriekingen et le décor sonore de Laurent Beumier. Le quatuor A-B-C-D est joué par une sympathique distribution, qui se glisse souplement dans ces « réceptacles à personnages » voulus comme tels par l’auteur. Christel Pedrinelli, Léone François, Jef Rossion et Dominique Rongvaux leur impriment une riche quadrichromie qui se reflète, riante, émouvante, questionnante, dans chaque spectateur. Suivez donc les flèches EXIT du dédale des Galeries pour ressentir les leitmotivs de votre vie au cours d’une soirée excitante.

Céline Verlant