Jeudi 8 octobre 2015, par Céline Verlant

Quand tel père n’est pas tel fils

Eric Weiss est un petit gars de Brooklyn qui a grandi dans une famille d’origine juive. Lorsqu’à 45 ans, son premier roman autobiograhique connaît le succès, sa quête d’identité s’entremêle avec les liens du passé. Lui qui a fréquenté l’université, est devenu athée, s’est mariée à une femme non-juive, a bien du mal à communiquer avec son père, vendeur de chaussures, bourru et malade. Les non-dits, les malentendus, la nostalgie hantent aussi sa relation avec sa femme et son ami d’enfance.

Auteur dramatique américain connu pour sa célèbre pièce Dîner entre amis (Prix Pulitzer en 2000), Donald Margulies, né en 1954, a écrit une quinzaine de pièces de théâtre qui ont fait l’objet d’une adaptation française, et enseigne également la littérature anglaise et l’art dramatique. Créée voici une dizaine d’années, cette pièce, la plus personnelle de Margulies, parle de la transmission familiale, de l’expression des émotions et du vivre ensemble.

Elle est portée sur scène pour la première fois en Belgique par une belle distribution. Freddy Sicx est impeccable dans son incarnation de l’ami d’enfance, riche de mille et une sensibilités. La productrice (Rosalia Cuevas), l’épouse (Catherine Conet), la star (Julien Lemonnier) et la fan (Deborah Amsens) ont un jeu juste, dynamique, qui nourrit subtilement le terreau de l’écriture. Ces comédiens chevronnés offrent une équipe de talent à Richard Ruben, qui joue le fils. Plus habitué aux one-man-show humoristiques qu’au travail en troupe théâtrale, c’est lui-même qui a proposé de jouer la pièce pour laquelle il a eu un coup de cœur. Il se lance ici dans un exercice de style bien différent, et donc risqué (d’autant plus que son personnage est présent sur scène du début à la fin). Le défi est assumé, notamment dans la relation difficile avec le père, Armand Delcampe, qui signe une mise en scène sans fioritures.

Céline Verlant